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Cheminade : le crédit public productif pour résoudre le problème de la dette publique

mardi 20 février 2007

La querelle du chiffrage des coûts des programmes électoraux des principaux candidats aura révélé à quel point les puissances financières tentent d’exercer leur influence sur leurs programmes, et sur l’électorat en général, « coupable » de pousser à la dépense. Objectif : imposer une véritable cure d’austérité à l’Etat et le réduire à la portion congrue afin de laisser libre cours à la finance.

Ségolène Royal n’avait pas encore fini d’égrener son projet le 12 février à Villepinte que déjà les experts du site Débat2007.org, qui veillent sur l’envolée de la dette publique, s’invitaient dans la campagne pour corriger à la hausse - de 35 milliards estimés par le PS à 48,6 milliards - le coût de son programme. Idem pour Nicolas Sarkozy qui a vu ses coûts revus à la hausse des 30 milliards affichés à 49,9.

Mais ce site Débats2007.org n’est pas neutre. Il est dirigé par l’Institut de l’entreprise, présidé depuis 2005 par Michel Pébereau, président du conseil d’administration du groupe BNP-Paribas.

Rappelons que c’est le rapport sur la dette publique, établi en décembre 2005 par ce même Michel Pébereau pour le compte du ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, qui fut à l’origine d’une véritable campagne de propagande médiatique visant à culpabiliser les Français pour avoir trop dépensé depuis 25 ans, et à les convaincre de la nécessité d’une forte cure d’amaigrissement de l’Etat. Le rapport visait aussi la démocratie, avec son « calendrier électoral très chargé », la trop grande « fréquence » des élections qui nuit à la « continuité » des réformes ; la pléthore d’élus - 500 000 - qui empêche « un consensus » de se créer autour des politiques de dégraissage.

Mais c’est l’ombre de l’ancien Premier ministre Raymond Barre qui transparaît derrière cette nouvelle Inquisition financière. Michel Pébereau est aujourd’hui président du conseil d’orientation de l’Institut Aspen France, animé par Raymond Barre à Lyon à partir de 1994. Un Institut Aspen où l’on retrouve aussi le sénateur de Rhône-Alpes, Michel Mercier, collaborateur à l’UDF d’un autre ami de Raymond Barre qui a mis le problème de la dette au cœur de sa campagne présidentielle ces derniers mois : François Bayrou.

Dans une interview au Journal du Dimanche du 4 février, Raymond Barre affiche les mêmes préoccupations. « J’ai opté pour une politique de désinflation globale et progressive », dit-il, évoquant la politique d’austérité qu’il avait adoptée en tant que Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing. « Ce n’était pas très populaire mais en politique, il faut savoir aller à contre-courant. » « Le quinquennat à venir sera de ce point de vue décisif », dit-il, conseillant au vainqueur de la prochaine présidentielle de « procéder à un inventaire complet des aides publiques - notamment sociales - afin de rationaliser les dépenses doublons ou inutiles ». Selon lui, « les Français seront prêts à faire les efforts nécessaires si on joue cartes sur table avec eux ».

Même son de cloche chez un autre banquier synarchiste, Jacques Attali, qui le 20 février déclarait à Métro : « Nous courons au déclin si nous n’enrayons pas la dette publique. Pendant cinq ans encore, la dette ne sera pas trop tragique. Dans cinq ans, elle serait irrattrapable. »

Pour Jacques Cheminade, à 64,6 % la dette ne représente pas un problème grave, à condition que l’Etat puisse chasser la mauvaise dette avec la bonne. Pour cela, l’Etat doit retrouver sa capacité d’émettre du crédit productif public pour les grands projets de recherche et développement et pour l’équipement, investissements créateurs d’emplois qualifiés et de richesse réelle permettant de rembourser la dette.