Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Renouveau

lundi 14 mai 2007

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org, et consitutent le principal regard du candidat à la présidentielle de 2007 sur l’actualité française et internationale.

L’espérance se dessine toujours au coeur des tourmentes. Si l’élection de Nicolas Sarkozy est une tragédie pour la France et pour le monde, l’inéluctable rejet de sa politique créera demain les conditions d’un renouveau. Le défi consiste à préparer dès maintenant cette relève.

Encore faut-il d’abord prendre la mesure du phénomène. Nicolas Sarkozy n’est pas le produit d’une logique politique française, mais la résultante des forces financières internationales qui promeuvent la mondialisation. Il représente la fin de l’exception française forgée dans la lutte contre le nazisme et qu’ont incarnée le programme du Conseil national de la Résistance et le Préambule de la Constitution de 1946. Thierry Wolton, dans Le Figaro du 7 mai, a raison de dire que « la France amorce un tournant néo-conservateur de même nature que celui qu’ont connu en leur temps la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher, l’Amérique de Ronald Reagan, l’Espagne de José-Maria Aznar ou encore l’Italie de Silvio Berlusconi ». Moins d’Etat, moins de dépenses pour les pauvres et moins d’impôts pour les riches, l’ordre pour l’ordre : rien d’original, si ce n’est un autoritarisme bonapartiste conjugué à l’ultra-libéralisme économique.

M. Sarkozy a pour parrains Antoine Bernheim, de Lazard Frères, qui entretient avec lui un lien quasi-filial, Bernard Arnault et Martin Bouygues, qui ont été les témoins de son mariage, Henri de Castries (Axa) et Arnaud Lagardère. Derrière eux se situe sans complexes l’oligarchie financière multinationale, qui a crié « vive Sarkozy » dans le Financial Times et l’Economist de Londres, ainsi que dans le Washington Post, le Washington Times et Newsweek outre-Atlantique. La Paloma et le Fouquet’s ne sont que la face exhibitionniste de celui qui se réclame du général de Gaulle mais fréquente le roi des casinos, ses complices du CAC-40 et les vedettes du show-biz.

Cependant, il y a face à lui une France qui a soutenu le mouvement de grèves de 1995, défendu les services publics, dit non à l’Europe libérale et infligé une cinglante défaite à la droite financière aux élections européennes et régionales. Nous avons de la ressource. L’avenir nous appartient : les moins de 50 ans ont voté majoritairement contre M. Sarkozy.

Il nous faut, pour mobiliser cette ressource contre un candidat mondialisé, mener le combat au niveau international. En défendant une économie physique productive, qui offre un avenir aux jeunes et aux autres le maintien de leur pouvoir d’achat. Pont terrestre eurasiatique, nouveau Bretton Woods, culture de la création humaine, investissement dans les grands chantiers, l’hôpital, l’école, l’université et le laboratoire : c’est dans un projet de développement mutuel, national et international, que se trouve la clef de nos succès futurs. Non dans un « positionnement » vers le centre ou vers la gauche, mais dans l’adhésion à un horizon meilleur. A un monde rendu ingouvernable par la soumission aux prédateurs financiers, nous devons substituer un projet servant les générations à naître. Voilà la leçon de cette élection présidentielle, le moyen - le seul moyen - de catalyser les forces du renouveau. Des deux côtés de l’Atlantique, jusqu’à la mer de Chine.