Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Notre nécessaire candidature

mercredi 28 avril 2004

Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine, vient d’annoncer que les taux d’intérêt aux Etats-Unis pourraient remonter « dans les prochains mois ». Cette fermeture prochaine de la pompe à finances annonce une mutation brutale. Non seulement un nouveau krach boursier menace mais, surtout, un krach de l’immobilier devient imminent et sera plus grave dans ses effets, puisque le logement est le premier instrument d’épargne des ménages, bien avant la Bourse.

Stratégiquement, l’enlisement irakien provoque « une haine des Américains jamais égalée dans la région », comme l’estime le président égyptien Hosni Moubarak, dont la modération et la dépendance financière vis-à-vis de Washington sont pourtant proverbiales. George W. Bush et Ariel Sharon jouent avec le feu, sans mesurer les conséquences de ce jeu pour leurs propres peuples.

Ainsi, économiquement et stratégiquement, nous sommes entrés dans un changement de phase, similaire dans ses effets au franchissement du mur du son par un avion. Pour le faire continuer à voler, il faut alors changer la conception et la configuration de l’appareil.

C’est la même chose en politique. Or notre gouvernement ne propose aucune innovation et l’opposition de gauche pas davantage. Ce n’est pas mieux ailleurs en Europe.

Nicolas Sarkozy entend « gérer les affaires de l’Etat en bon père de famille » et affirme que « pour se renforcer, la croissance a besoin d’être allégée du poids trop lourd de dépenses publiques », demandant aux ministres de geler 7 milliards d’euros. C’est stupide en soi - un Etat-nation n’est pas une famille - et encore plus stupide en période de crise, comme si on proposait une saignée au patient pour le guérir. « Il s’agit d’un traitement inadapté aux maux de la France », s’écrie Didier Migaud, socialiste, et Jean-Louis Debré, président UMP de l’Assemblée nationale, renchérit : « Ne laissons pas les intégristes du libéralisme orienter la politique de notre pays. » ; Cependant, ni l’un ni l’autre n’envisagent la moindre alternative cohérente. L’on s’apprête à brader les bijoux de famille de notre économie et une partie de l’or de la Banque de France, l’on s’émeut des 12 milliards d’euros de déficit de l’assurance-maladie cette année, alors qu’avec 1,5 millions de chômeurs en moins et une croissance de 3%, il y aurait 12 milliards de plus, c’est-à-dire l’équivalent, dans les caisses de l’Etat !

Bref, c’est une relance qu’il nous faut, remettant en cause les fondements mêmes de l’ordre financier et monétaire international qui ont provoqué la crise. Comme personne n’a le courage d’entreprendre cette remise en cause, nous présenterons une candidature aux élections européennes en Ile-de-France. Malgré les conditions illégitimes du financement de la vie politique, nous serons présents pour être référence et horizon, en accord avec notre action aux Etats-Unis et en Allemagne. Aidez-nous aujourd’hui, car c’est votre chance. Lorsque la crise éclatera demain dans toute sa gravité, il sera trop tard.