Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Europe

mardi 11 mai 2004

Nous présentons une liste aux élections européennes, en Ile-de-France, portant le nom de notre journal, Nouvelle Solidarité. Pourquoi ? Pour montrer la voie par laquelle la France et l’Europe doivent reprendre vie.

L’Europe s’effondrera en même temps que le système financier et monétaire international si elle ne relève pas le double défi auquel tous nous faisons face : la prise en otage des Etats-Unis par un nouveau fascisme « néo-conservateur » et l’incapacité du système international actuel à engendrer les ressources nécessaires à l’avenir du monde.

Pour relever ces deux défis conjugués, les pays européens doivent se doter d’une politique étrangère et d’une politique économique qui forment l’alternative : une société de création partagée se substituant à la volonté de puissance infligée.

Or, face aux tortures des mercenaires de l’armée américaine en Irak, notre cri de protestation a été bien faible. Le gouvernement actuel ne propose aucune solution, l’opposition socialiste, guère davantage. Au contraire, Nouvelle Solidarité le fait.

Pire encore, Nicolas Sarkozy théâtralise le drame de l’antisémitisme, alors qu’ancien ministre de l’Intérieur, il n’a pas su créer les conditions qui auraient évité les profanations du cimetière d’Herrlisheim, de la synagogue de Valenciennes et du mémorial juif de Verdun. En même temps, les mosquées de Strasbourg et de Haguenau ont été souillées.

Comment, à l’intérieur même de notre pays et sur la scène du monde, en Asie du Sud-Ouest comme entre Palestiniens et Israéliens, ramener l’espérance ? Certainement pas par la répression, qui ne fait qu’augmenter les violences policières (plus 9% de bavures en 2003) ou militaires. Au contraire, nous devons jeter les bases d’un développement et d’une croissance partagés - cette « croissance » dont Jean-Paul Fitoussi a raison de dire qu’elle « semble n’intéresser personne ». Cela signifie rejeter ce que Nicolas Sarkozy a promu dans son guignol médiatique : le respect du pacte de stabilité européen et l’adoption d’un pacte de stabilité interne. Cela signifie ne pas faire nommer un Rodrigo Rato à la tête du FMI, cet ultra-libéral partisan du « système anglo-saxon » promu par... Nicolas Sarkozy. Au contraire, il faut un nouveau Bretton Woods auquel l’Europe doit attacher son nom, en intégrant la Turquie pour étendre le développement à l’Asie du Sud-Ouest et en jetant un pont vers l’Asie tout entière.

L’avenir de l’Europe est en Eurasie. L’avenir de l’Europe n’est pas dans des formules creuses. L’Europe ne peut être une macro-bureaucratie remplaçant les mini bureaucraties des Etats traditionnels ; elle ne peut être qu’en devenant une projection originale dans l’avenir, plus grande que la somme de ses composantes.

L’envie de France et le désir d’Europe ne peuvent renaître qu’en relevant le défi d’un ordre international inique et destructeur. Aidez-nous à le faire, car c’est aussi votre cause.