Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Cheneygate

mardi 25 mai 2004

Les tortures infligées par des soldats américains ne sont pas les bavures ou les dérapages de quelques hommes égarés. Il s’agit d’un crime d’Etat, organisé par le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, avec la complicité active de son ami, le vice-président Dick Cheney.

La chaîne des responsabilités a été reconnue par les intéressés eux-mêmes. Le secrétaire à la Défense a autorisé l’extension d’un programme secret, conçu pour la traque d’Al-Qaida, aux interrogatoires des prisonniers en Irak. Stephen Cambone, homme de confiance de Donald Rumsfeld, disciple de Leo Strauss et sous-secrétaire à la Défense chargé du Renseignement, a rédigé la directive affirmant : « Attrapez ceux qu’il faut et faites-en ce que vous voulez ».

Dick Cheney a mis en garde les sénateurs républicains qui harcèleraient son ami : « M. Rumsfeld est le meilleur secrétaire à la Défense que les Etats-Unis aient jamais eu. » Le surlendemain, George Bush a surenchéri : la nation doit « sa gratitude » au secrétaire à la Défense, qui a accompli un « travail remarquable » contre le terrorisme. Auparavant, le conseiller juridique du président, Alberto Gonzalez, avait, en janvier 2002, déclaré « obsolète » l’application stricte de la convention de Genève aux prisonniers et jugé ses clauses « désuètes ».

Selon le Washington Post et Time Magazine, les départements américains de la Défense et de la Justice (on doit ajouter John Ashcroft à la liste des responsables) avaient approuvé, en avril 2003, une liste tenue secrète d’environ vingt techniques d’interrogation pour « pressurer » les prisonniers.

Ainsi se trouve exposée, cartes sur table, la stratégie de Cheney, de Rumsfeld, d’Ashcroft et de leur entourage néo-conservateur et pseudo-évangéliste. Nous sommes au cœur du dispositif synarchique que nous avons depuis longtemps dénoncé dans ces colonnes, avec ses « bêtes humaines » faisant en Irak leur galop d’essai : le recours délibéré à la terreur pour obtenir la soumission des populations visées.

Nous avons eu raison. Lyndon LaRouche a été le premier, comme le reconnaît rageusement l’organe des néo-conservateurs, la National Review, à oser défier un Dick Cheney, hier tout puissant. Aujourd’hui, l’ami et complice de Cheney et Rumsfeld, l’Irakien Ahmed Chalabi, propagateur stipendié des fausses informations ayant « justifié » la guerre, se trouve mis en cause. Le directeur de cabinet de Dick Cheney, Lewis Libby, s’est en effet fondé sur les allégations de Chalabi pour écrire le malheureux discours de Colin Powell aux Nations unies.

Tout cela est bien pire que le Watergate de Richard Nixon. Car le mensonge d’Etat, les tortures et les crimes de guerre concernent cette fois toute la communauté internationale. Rumsfeld, Cheney et leurs protégés doivent partir. Nous ferons campagne pour que la France dise son fait à George Bush, publiquement et sans complaisance, lorsqu’il viendra sur les plages de Normandie, le 6 juin 2004 - soixante ans après. Au nom des Américains qui sont morts pour notre liberté.