Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Régression et relève

mardi 20 juillet 2004

Face à la désintégration du système économique, financier et social dans lequel nous vivons, face au triage de la production et au démantèlement des retraites, de l’hôpital public, de la sécurité sociale et du code du travail, aucune résistance officielle organisée ne se manifeste, chez nous ou ailleurs. Aucun projet mobilisateur n’est proposé pour renverser la vapeur. Face à l’annonce par le secrétaire à la Sécurité intérieure américain, Tom Ridge, qu’une attaque terroriste va se produire aux Etats-Unis avant l’élection présidentielle de novembre 2004, et face à la mise en condition de la population américaine et européenne pour la juguler une fois que l’événement aura lieu, bien peu se lèvent pour protester. Le refus de la réalité règne.

L’Europe institutionnelle propose une Constitution qui n’est qu’un manteau d’Arlequin, sans principes et sans préambule. La vérité est qu’on laisse se mettre en place une société anti-travail et anti-technologie, une nouvelle Rome dans laquelle les peuples sont devenus les voyeurs de turpitudes mises en scène par leurs bourreaux.

Beaucoup de Français se gargarisent du film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11, et espèrent en la candidature de Kerry. Moore s’en prend certes au système Bush et à sa kleptomanie texane, mais sans dénoncer le projet fasciste des néo-conservateurs. Quant à Kerry, contrôlé par des intérêts financiers semblables à ceux qui ont soutenu les fascismes du XXème siècle, autant croire en Nicolas Sarkozy ou Dominique Strauss-Kahn !

Ce qui se passe en France ou en Allemagne est, aujourd’hui, de même nature que ce que font chez eux les néo-conservateurs américains. Ici, les salariés de Bosch ont accepté, sous la menace d’une délocalisation de leur usine en République tchèque, de travailler six jours de plus chaque année sans contrepartie salariale. En Allemagne, IG Metall vient de passer un accord avec Siemens prévoyant un retour aux 40 heures et Schröder envisage de faire passer de 38,5 à 40 heures ses 300 000 fonctionnaires avant octobre. Le plan Hartz IV est un plan de casse sociale. Ceux qui ont pris les Etats-Unis en otage nous imposent leur diktat : loi Perben II, à l’image des lois Patriot de John Ashcroft, acceptation que Western Union filtre l’envoi de fonds déposés en France vers le monde arabe, communication aux autorités américaines de tous les renseignements dont nous disposons sur les voyageurs.

La convention démocrate a lieu là-bas du 26 au 29 juillet : les jeunes partisans de Lyndon LaRouche y exigeront le retour aux politiques pro-travail, pro-développement et anti-financières de l’administration Roosevelt. Nous devons les soutenir totalement, car cela nous concerne plus que les querelles vulgaires et subalternes de nos partis politiques, comme nous devons soutenir la campagne de notre mouvement frère allemand, le BüSo, en Saxe. En France, si vous nous lisez, vous devez vous préparer à prendre bientôt la relève. Sans quoi, vous n’aurez rien compris à la tragédie que nous vivons.