Brèves

Déclaration de Jacques Cheminade : « Demain, le sursaut »

mercredi 20 juin 2007, par Jacques Cheminade

Alors que Sarkozy « entend relancer sa dynamique avant même d’avoir décollé », le Parti Socialiste, plongé dans ses déchirements internes « est à prendre ». Cheminade invoque les 18 juin courageux de de Gaulle et de Mendès qui redonnèrent « une âme à la France », ils sont « nos références dans les heures grises que nous vivons, en attendant l’occasion d’un sursaut que nous préparons et qu’il ne faudra pas laisser passer demain. »

Déclaration de Jacques Cheminade au lendemain des élections législatives françaises

Le second tour des élections législatives s’est d’abord caractérisé, comme le premier, par une très forte abstention des électeurs : de 39,58 % au premier tour, le taux d’abstention est passé à 40,01 % au second. Rappelons que les taux d’abstention lors des premier et second tour des élections présidentielles ont été, respectivement, de 16,2 % et de 16 %.

Pour le reste, la « vague bleue » prévue par les sondages s’est évaporée. En fait, au premier tour, les électeurs ont voté pour rejeter le désordre et l’absence de projet de la gauche, et au second pour exprimer leur refus du sarkozysme version libérale. Qu’entre les deux tours, MM. Sarkozy et Fillon aient remisé M. Guaino et ses envolées dans un bureau de l’Elysée et mis en oeuvre des propositions « de droite » ne cadrant pas avec les accents sociaux et nationalistes de la fin de leur campagne présidentielle, a sans doute conduit de nombreux électeurs de ce bord-là à s’abstenir, alors que dans un chassé-croisé révélateur, de nombreux électeurs ségolénistes qui s’étaient abstenus au premier tour ont voté au second.

La défaite de M. Juppé à Bordeaux, la victoire bien plus étroite que prévue de M. Perben à Lyon et, finalement, le succès de la garde rapprochée ségoléniste (à l’exception de Vincent Peillon) a donc été le prix à payer pour les premières mesures de la « rupture » libérale et anti-sociale de M. Sarkozy.

Le résultat en lui-même ne l’entravera pas - l’UMP et apparentés disposera d’une majorité absolue de 323 députés - mais ce qu’il révèle l’empêchera de procéder comme il le voudrait dans l’opinion. D’où l’impression de flottement et d’amateurisme que donne ce gouvernement - il entend relancer sa dynamique avant même d’avoir décollé - quelques jours après que son hégémonisme ait été proclamé urbi et orbi.

Quant au Parti socialiste, il est à prendre. Nous ne prendrons pas parti dans la foire d’empoigne et la multiplication des positionnements qui la caractérisent, mais nous nous définirons comme fournisseurs d’idées, au sein d’un projet cohérent pour l’opposition. Là est notre rôle, en définissant une politique internationale de la France - nouveau Bretton Woods, Pont terrestre eurasiatique, attaque contre l’oligarchie financière en saisissant le scandale de la BAE - permettant de faire sauter le verrou financier pour pouvoir mener une politique européenne et intérieure de développement économique mutuel et de justice sociale.

Les partis politiques établis, trop sûrs d’eux-mêmes et de leur contrôle de la bicyclette française, pédalent le nez dans le guidon, sans s’apercevoir qu’ils roulent sur la piste du monde ! Notre tâche est de le leur rappeler, en les poussant à relever la tête.

Autrement, la nouvelle Assemblée se caractérise toujours par l’absence des femmes - seules 18,5 % ont été élues, ce qui nous classe en Europe derrière la Lettonie - et d’élues de la « diversité », dont il n’y aura qu’une en métropole, George Pau-Langevin, dans le XXème arrondissement de Paris.

Bref, le résultat aurait pu être pire, mais cela ne veut pas dire qu’il soit bon. Tout le travail reste à faire pour redonner à la France une politique et une âme à l’image de cette « certaine idée » qui l’a engendrée, évoquée en un temps qui semble lointain par le général de Gaulle et, à gauche, portée lors du second 18 juin - le 18 juin 1954 - par Pierre Mendès-France. Ce sont nos références dans les heures grises que nous vivons, en attendant l’occasion d’un sursaut que nous préparons et qu’il ne faudra pas laisser passer demain.