Ce que nous changeons

France-Libye, la France face au choix fondamental : nucléaire ou financier

lundi 6 août 2007

Par Jacques Cheminade

Les voyages de Cécilia puis de Nicolas Sarkozy en Libye ont rencontré un réel succès : non seulement les infirmières bulgares ont pu être libérées, mais la France s’implante en Libye avec son atout stratégique le plus important, l’énergie nucléaire. Qui plus est, un concept nouveau s’y trouve développé, celui du dessalement couplé à l’atome. Depuis longtemps, Lyndon LaRouche et Jacques Cheminade ont défendu ce concept, avec l’idée d’obtenir assez d’eau pour éviter d’épuiser les nappes phréatiques et surtout fossiles, qui jusqu’à présent ont été trop exploitées par Tripoli.

Rien ne sert, comme le font les les socialistes français, de remettre en cause l’opportunisme de la démarche. Ceux-ci savent pourtant, en raison de leur passage aux affaires, que l’opportunisme, du moins dans notre moment de l’histoire, ne peut être évité, et que ce qui importe est le résultat obtenu.

Plus important encore, remettant pour une fois en cause les thèses de Zbigniew Brzezinski et des néo-conservateurs américains, le Président de la République a déclaré -selon l’agence Reuters dans une dépêche du 26 juillet- qu’une politique qui part du principe que le monde arabe n’est pas assez intelligent pour recourir au nucléaire menacerait, à long terme, de provoquer « une guerre des civilisations ».

De plus, Areva a financé la vente de deux réacteurs nucléaires EPR à la Chine. Au Niger, grâce à son accord avec Niamey, Areva pourra continuer à exploiter l’un des gisements d’uranium parmi les plus importants au monde.
Toujours dans le domaine de l’énergie, Total a obtenu une part de 25 % dans l’exploitation du gisement gazier de Chtokman (Mer des Barents), en Russie, lui aussi l’un des plus importants au monde. Au Soudan, Total a eu gain de cause pour exploiter le Bloc B au détriment de l’anglais White Nile.

Les positions françaises sont donc solides dans ce domaine fondamental et il faut s’en féliciter, non seulement dans l’intérêt de la France mais dans celui du développement économique mondial.

Cependant, il reste un problème fondamental. Qui dit sources d énergie nouvelles implique développement économique, et qui dit développement économique implique grands travaux d’équipement et stratégie industrielle. Pour les mettre en œuvre, il faut émettre des crédits massifs, à long terme et à faible taux d’intérêt. Or le système financier et monétaire international interdit le recours à ce type de crédits, et la hausse des taux d’intérêt prévue par la Banque centrale européenne pour le 6 septembre n’est pas de nature à étayer cette tendance, bien au contraire. Surtout, la désintégration actuelle du système financier et monétaire international remet en cause toute perspective de croissance de l’économie réelle.

C’est pourquoi si nous nous félicitons des efforts français dans le domaine énergétique, nous ne pouvons par ailleurs que constater que l’intendance financière ne suit pas, faute de projet politique global et en raison de la pression des groups financiers européens et mondiaux qui ont porté Nicolas Sarkozy au pouvoir. La politique intérieure de notre gouvernement est diamétralement opposée à celle que mena Harry Hopkins dès les premières semaines de l »Administration Roosevelt, et qui permit alors un essor de l’emploi, et tout particulièrement de l’emploi productif autour de ce projet global qu’était le New Deal.

Ne faudrait-il pas dire à M. Sarkozy de trouver là son inspiration, tout comme dans les plans de Louis Armand et Pierre Massé, plutôt que dans la soumission à la rente financière et à la logique des hedge funds ? Le nucléaire, en effet, ne se réduit pas à la construction de centrales de la troisième génération, mais implique une mise en place de celles de la quatrième (réacteurs à haute température) et de la fusion thermonucléaire contrôlée, ainsi que la transformation physique et humaine de tout l’environnement économique autour des centrales.

Cela exige un mode nouveau de financement, celui que nous proposons d’étudier dans le cadre de notre projet d’un nouvel ordre économique et monétaire international, Nouveau Bretton Woods et Global New Deal. C’est ce pourquoi ici nous nous battons.