Les analyses de Jacques Cheminade

Nicolas Sarkozy face à la torture

mercredi 7 novembre 2007, par Jacques Cheminade

Communiqué de presse de Jacques Cheminade, Président de Solidarité et Progrés

Paris, le 7 novembre 2007 - Nicolas Sarkozy se trouve actuellement aux Etats-Unis. Or il ressort des débats entre divers sénateurs américains et Michael Mukasey, le ministre de la Justice désigné par George Bush, que le supplice de la baignoire (waterboarding) a été pratiqué et se pratique encore dans ce pays. Le principal candidat républicain aux élections présidentielles de novembre 2008, Rudolph Giuliani, volant au secours de l’administration Bush, a indiqué qu’il souhaite des « interrogatoires agressifs » pour les personnes suspectées de terrorisme, « à l’aide de méthodes un peu plus coriaces ». L’on sait aussi que des avions affrétés ou appartenant à la CIA ont transporté des prisonniers, avec le soutien des autorités états-uniennes, vers des pays tiers aux fins d’interrogatoires encore plus poussés.

Etant donné que le terme américain « d’enhanced interrogations » (interrogatoires agressifs) correspond exactement au « verschaerfte vernehmung » utilisé par la Gestapo pour décrire ce type de pratiques ;

Etant donné que le « supplice de la baignoire » a été pratiqué contre les résistants Français à l’occupation nazie ;

Etant donné que définir la torture par ce qui laisse des marques durables ou entraîne la mort, en excluant les autres atteintes à la dignité humaine (suffocation, hypothermie, bruits et lumières insoutenables, privation de sommeil...) est absolument inacceptable pour un Etat de droit et contraire aux principes des Constitutions américaine et française elles-mêmes ;

Etant donné que Nicolas Sarkozy, lorsqu’il était ministre en exercice de la République, s’était ému lors de l’émission télévisée « 100 minutes » des propos tenu par Tariq Ramadan sur la lapidation des femmes, alors que celui-ci envisageait un moratoire de cette pratique infamante dans certains pays musulmans, et que le Ministre d’alors s’indignait que son interlocuteur ne condamne pas cette pratique publiquement et totalement ;

Etant donné que M. Sarkozy affirme être l’ami du peuple américain et que l’honneur de ce peuple se trouve mis en cause par les pratiques de ses dirigeants actuels, auxquelles d’ailleurs une majorité du pays s’oppose.

Nous espérons qu’au nom de la morale la plus élémentaire, des droits de l’homme et du citoyen et du devoir de dire la vérité à des amis, le Président de la République se prononcera publiquement contre toutes les formes de torture, y compris le supplice de la baignoire au cours de son voyage ;

S’il ne le fait pas, nous devrons constater que face à une question mettant en cause ce que l’homme porte en lui de plus humain, notre Président de la République pratique un double langage, ce qui est absolument intolérable. Politiquement, nous sommes convaincus que la France devrait mettre en cause la source de cette politique inacceptable, le vice-président Richard Cheney.