Communiqués

Arrêtons immédiatement cette guerre !
Chassons Rumsfeld, Cheney & Cie !

mardi 8 avril 2003

Déclaration commune du Büeso (Allemagne) et de Solidarité & Progrès (France)

Comme nous publions ce texte, la bataille de Bagdad a commencé. Les blessures que laissera la guerre contre l’Irak seront terribles. Rien ne pourra arrêter l’extension de la loi du plus fort à l’échelle du monde et la dépression économique, si les conditions financières, monétaires, sociales et culturelles de la paix ne sont pas rétablies. Les autorités de notre pays le savent, l’opposition aussi. Il ne leur reste qu’à lutter, comme nous, pour un nouvel ordre international qui puisse engendrer la paix, ou à se soumettre à la logique de guerre d’un libéralisme financier prédateur.

Il faut immédiatement arrêter la guerre d’agression menée contre l’Irak. D’ores et déjà, il se pourrait très bien qu’il n’y ait pas « d’après guerre contre l’Irak » car celle-ci menace de se transformer en conflit généralisé, au cours duquel les Etats-Unis mettraient en œuvre leur doctrine de recours « préventif » à l’arme nucléaire. Donald Rumsfeld et Colin Powell ont déjà mentionné que la Syrie et l’Iran « subiraient les conséquences » de leurs choix politiques. La guerre contre l’Irak a déjà entraîné une aggravation de la situation dans la péninsule nord-coréenne ; selon le directeur de l’agence de défense japonaise, Ishiba, si la Corée du Nord en venait à lancer un missile contre le Japon, celui-ci « ne resterait pas passif en attendant de succomber ». Evoquant une frappe préventive, il affirme « en confier les moyens aux Etats-Unis ». Si nous voulons empêcher une catastrophe à l’échelle mondiale, il faut donc arrêter immédiatement cette guerre.

Ce n’est possible que si le parti de la guerre, ces « faucons mouillés » que sont les Rumsfeld, Cheney, Wolfowitz, Feith, Perle, Shulsky et Cie, est chassé sans délai de l’administration Bush. Il n’est pas impossible d’y parvenir, pour les raisons suivantes :

  1. La guerre n’est pas cette « marche triomphale » qu’avait promise Rumsfeld, mais pourrait plutôt se transformer en un nouveau Vietnam. Le blitzkrieg à moindres frais, avec le recours à des bombardements aériens ciblés et le déploiement d’un nombre relativement imité de troupes au sol, apparaît comme un fantasme de civils utopistes, fanatiques de la guerre en chambre. On sait maintenant que Rumsfeld a rejeté le plan de guerre des professionnels du Pentagone (TPFD : time phased forces deployment) et avec lui, toute planification militaire centralisée, aussi bien que les conseils de militaires « traditionalistes ». Vu ce qui s’est passé, l’incompétence militaire de Rumsfeld est désormais évidente.
  2. Toute cette guerre repose sur un tissu de mensonges. Le département de renseignement du Pentagone, mis en place par Wolfowitz et confié à Abram Shulsky, a fait circuler une constante désinformation afin de provoquer la guerre. Il en a été ainsi des faits prétendument avérés concernant la possession par l’Irak d’armes de destruction massive, rapportés dans les documents de référence (White Papers) publiés en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis en septembre 2002. Il en a été ainsi des faux fabriqués pour « prouver » que l’Irak avait essayé d’importer de l’uranium en provenance du Niger. Il en a été ainsi de la soi-disant preuve de lien entre l’Irak et Al-Qaida. Tous ces mensonges ont servi de base au discours prononcé par Colin Powell le 5 février 2003 aux Nations unies ! De même, la « propagande noire » menée par les médias américains contre la France est née dans ces officines liées aux Rumsfeld, Cheney, Wolfowitz et Feith.
  3. Il est apparu que parmi les membres du parti de la guerre, beaucoup sont non seulement des disciples des philosophes fascistes Leo Strauss et Allan Bloom, mais se remplissent volontiers les poches grâce au conflit ou espèrent bien le faire. Richard Perle, ennemi déclaré de la France et de l’Allemagne, a déjà dû démissionner de la présidence du Conseil de défense du Pentagone, et le congressiste américain Conyers a fait ouvrir une enquête sur le conflit d’intérêt dont Perle s’est rendu coupable. Avec sa société Trireme, il a en effet proposé à des princes saoudiens, moyennant le versement de 100 millions de dollars, d’arrêter la campagne accusant leur pays de fomenter le terrorisme - une campagne qu’il avait lui-même lancée ! Perle est également impliqué dans un scandale concernant la vente de Global Crossing, ayant là aussi utilisé son poste dans l’administration pour se livrer à un chantage financier.

    Le vice-président Dick Cheney et sa fille, Elizabeth, sont tous deux impliqués dans un autre scandale, celui de la société Halliburton. Cette société, qui continue à verser 1 million de dollars par an au vice-président des Etats-Unis, a obtenu de nombreux contrats officiels pour la « reconstruction de l’Irak » ! James Woolsey, faucon et ancien directeur de la CIA, conseille de son côté la société Booz Allen Hamilton Inc., qui a obtenu pour 688 millions de dollars de contrats auprès du Pentagone. Il est également lié à une société bénéficiant de nombreux contrats auprès d’institutions liberticides associées à la « défense intérieure » (Homeland Defense).

Le danger est que cette guerre, bâtie sur un tissu de mensonges, organisée de manière incompétente et lancée en violation flagrante du droit international, conduise à une escalade meurtrière généralisée.

Il est, en conséquence, urgent que l’Assemblée générale des Nations unies soit convoquée pour décider d’arrêter cette guerre. Un précédent existe. Il s’agit de la Résolution 377, « Unis pour la paix », adoptée en 1950, pendant la guerre de Corée. Cette résolution peut être activée, en cas de blocage du Conseil de sécurité suite au veto d’un ou plusieurs membres, par une simple majorité des Etats membres ou par le vote de sept Etats membres du Conseil de sécurité.

La Ligue arabe, le mouvement des pays non-alignés, la Russie et la Chine ont déjà appelé l’Assemblée générale à se réunir. Cependant, Washington voyant en cette réunion un « acte inamical », plusieurs de ces pays pensent ne pouvoir résister à la pression américaine que si l’Allemagne et la France se joignent à eux. Lorsqu’il est question de guerre ou de paix, lorsqu’il s’agit d’une guerre risquant de s’étendre à l’ensemble du monde et de plonger l’humanité dans un nouvel âge des ténèbres, alors l’opinion publique mondiale, et en particulier l’opinion publique américaine, doit être saisie pour que l’opposition de l’absolue majorité des peuples du monde se manifeste devant elle. Cette Assemblée générale des Nations unies doit avoir lieu au niveau des chefs d’Etat.

En conséquence, la France et l’Allemagne doivent immédiatement soutenir l’appel à une convocation de l’Assemblée générale de l’ONU !

La guerre contre l’Irak révèle également que l’ordre économique international existant, qui en crée les conditions, ne peut plus continuer. Les peuples, dans la plus grande partie du monde, subissent une injustice particulièrement cruelle ; la faim, la pauvreté et la maladie brisent leurs existences. Un ordre financier et économique mondial dans lequel des dizaines de milliers d’enfants meurent de faim chaque jour et un tiers de l’humanité ne mange jamais à sa faim est inacceptable, car il n’est pas fatal. Le système financier international a atteint la phase finale de son effondrement, et c’est là que se trouve la cause réelle du mouvement qui mène la guerre.

Lyndon LaRouche, principal représentant de l’opposition aux Etats-Unis et pré-candidat démocrate aux élections présidentielles de 2004, a défini les orientations d’un nouveau système financier et monétaire international, un nouveau Bretton Woods. Cette proposition doit être mise en œuvre sans délai par les gouvernements des principaux pays eurasiatiques. C’est seulement lorsque la crise du système financier et monétaire international pourra être surmontée que le danger de guerre pourra être définitivement écarté. La construction d’un Pont terrestre eurasiatique, concrétisant l’intégration économique et infrastructurelle de l’Eurasie, est la seule manière de vaincre le chômage et d’amorcer une reprise dans nos pays, par delà ce que le New Deal de Roosevelt et le plan Marshall accomplirent.

La paix, c’est le développement économique mutuel !

Nous nous battons pour elle. Soutenez notre engagement !

Helga Zepp-LaRouche