Communiqués

Il est plus urgent que jamais de résister à la guerre contre l’Irak.
Nous avons besoin d’une véritable politique de paix !

jeudi 14 novembre 2002

La pire erreur que l’on puisse commettre en Europe serait de se décourager et de cesser de mobiliser tous azimuts contre le danger d’une guerre avec l’Irak. Car la guerre n’est pas fatale. Tout n’est pas joué aux Etats-Unis et le parti des faucons n’a pas encore les mains libres. Bien sûr, on peut regretter que tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU aient voté la résolution anglo-américaine. Mais cela ne veut pas dire que la guerre s’ensuivra automatiquement.

  1. S’il est vrai, d’un côté, que la nouvelle résolution comporte toute une série de dispositions conçues comme autant de pièges pour Saddam Hussein, en vue de créer un « prétexte » à la guerre, de l’autre côté, les Etats-Unis se sont quand même engagés dans le processus de l’ONU, comme le voulaient en premier lieu la France et la Russie, et en fin de compte l’ensemble de la communauté internationale.
  2. L’accusation selon laquelle il existe des liens entre Saddam Hussein et le réseau terroriste Al-Qaïda n’est pas crédible - et personne n’y croit. Cette ligne est propagée pour créer un autre prétexte de guerre au cas où Saddam Hussein échapperait aux pièges posés par ailleurs. Le chef du service de renseignement extérieur allemand (BND), August Hanning a souligné qu’il n’a jamais vu de preuve de l’existence du lien allégué par les Américains. A Moscou, le ministre de la Défense Ivanov a noté que les services secrets russes ont étudié de près l’implication de différents pays dans le terrorisme, mais que rien ne peut être retenu contre l’Irak.
  3. La ligne propagée par certains médias européens, selon laquelle les élections de mi-mandat donnent à Bush un « mandat pour la guerre » est absurde. Les républicains n’ont pas réellement gagné les élections, ce sont plutôt les démocrates dans l’entourage de Joe Lieberman et d’Al Gore qui les ont perdues. Ceux qui, dans les rangs démocrates, soutenaient la guerre, ont été désavoués par les électeurs. Face à leur discrédit, le véritable gagnant est Lyndon LaRouche, dont l’autorité se trouve massivement renforcée dans la population américaine.
  4. Les élections aux Etats-Unis et la dynamique de campagne irréelle l’accompagnant sont maintenant finies. Les réserves vis-à-vis de la guerre, exprimées par beaucoup de républicains et de militaires traditionnels, vont se faire entendre à nouveau, encore plus fort. Et à la tête du Parti démocrate apparaît une grande chance de changement, pourvu que nous nous battions pour l’alternative réelle.
  5. La crise systémique globale va devenir le thème dominant. La baisse de 0,5 % des taux directeurs de la Réserve fédérale, décidée quelques heures seulement après la fermeture des bureaux de vote, trahit la gravité de la situation et la panique du directeur de la Fed, Alan Greenspan. Compte tenu du taux d’inflation, les Etats-Unis, tout comme le Japon, ont adopté de fait une politique de taux zéro. L’effondrement financier va s’aggraver dramatiquement, menant à la désintégration accélérée de l’économie américaine. Peut-être que l’effondrement définitif de ce système injuste et irrationnel sera cette année notre cadeau de Noël !

Aujourd’hui, comme en 1932-1933, la combinaison de la dépression économique et de la crise financière mondiale est à l’origine de la dynamique de guerre. Le fascisme et la guerre menacent à nouveau et le pire serait d’en taire les causes profondes, à savoir l’effondrement financier. Si nous voulons vraiment empêcher la guerre, nous devons changer l’agenda de la politique mondiale.

A Phnom Penh, un premier pas dans ce sens a été franchi lors du sommet des chefs d’Etat de l’ASEAN, de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud et de l’Inde. Là, ils ont envisagé la réalisation de la ligne ferroviaire transsibérienne reliant Pusan, en Corée du Sud, à la Russie et au-delà à l’Europe, autrement dit le pont terrestre eurasiatique comme stratégie consciente pour éviter la guerre. L’idée est d’unir l’Eurasie de l’Atlantique à la mer de Chine, en traçant des corridors de développement pour désenclaver les régions les plus démunies et créer un vouloir-vivre en commun, s’étendant vers l’Afrique et le reste du monde. Ils ont également discuté de la nécessité d’une coopération économique étroite entre l’Asie et l’Europe afin de surmonter la crise économique mondiale.

Il faut tout faire pour empêcher la guerre contre l’Irak, menée comme une véritable « guerre des civilisations », menaçant dans leur fondement même l’existence de quelque 150 pays multiethniques et risquant d’entraîner l’effondrement de l’ordre mondial, comme l’a souligné à juste titre l’ancien Premier ministre russe, Primakov. Mais le danger de guerre ne doit en aucun cas détourner notre attention de la nécessité de faire absolument tout pour vaincre la crise économique, véritable cause de la guerre.

L’Europe, et en particulier la France, avec l’Allemagne, s’est mobilisée pour entraver le chemin vers la guerre. Il nous reste à élaborer et à défendre une stratégie pour la paix, extirpant les racines mêmes de la guerre que sont l’injustice sociale et le pillage organisés par l’oligarchie militaro-financière.

Par conséquent, battons-nous partout dans le monde pour un nouveau système financier mondial - un nouveau Bretton Woods, réorientant l’argent vers la production, le travail et les infrastructures - et pour la mise en place du pont terrestre eurasiatique.

Il est encore temps, plus que jamais temps !

Hega Zepp-LaRouche