Communiqués

Appel d’Helga Zepp-LaRouche :
Où cela s’arrêtera-t-il ?

lundi 15 avril 2002

Voici de larges extraits d’un texte d’Helga Zepp-LaRouche, présidente du Mouvement des droits civiques-Solidarité (BüSo), diffusé en Allemagne sous forme de tract.

Le jour même où le Conseil de sécurité de l’ONU votait à l’unanimité (donc avec les Etats-Unis) une résolution demandant qu’Israël se retire immédiatement de Ramallah et des territoires palestiniens (ré-)occupés, le président Bush prenait clairement parti pour la politique de guerre d’Ariel Sharon. Cette contradiction absurde, qui ridiculise le droit international, est caractéristique de la situation à Washington. Le dernier discours de Bush n’a rien changé à sa position, il a pratiquement justifié l’agression israélienne contre Arafat. A Washington, on n’hésite plus à dire ouvertement que les Etats-Unis sont désormais à la tête d’un empire mondial anglophone. Cette illusion impériale de l’establishment américain va de pair avec un aveuglement total vis-à-vis de la réalité.

La violence déclenchée par la provocation de Sharon sur l’esplanade des mosquées, en automne 2000, s’intensifie de jour en jour. Sans parler de la véritable « infrastructure de terreur » que sont les implantations israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. L’armée israélienne entend forcer le président Arafat à s’exiler, tout en chassant avec une brutalité délibérée les Palestiniens de tous les territoires, pour intégrer ces zones dans un « Grand Israël ».

Si l’on veut aujourd’hui juger la politique du gouvernement israélien, on doit le faire du point de vue oecuménique du dialogue des cultures, défendu par Moses Mendelssohn, le « Socrate du XVIIIème siècle », et par son ami Lessing, notamment dans Nathan le Sage *. De ce point de vue, on peut dire que Sharon et l’armée israélienne poursuivent une politique diamétralement opposée.

Qu’est-ce que cela veut dire, lorsque la presse israélienne rapporte que l’état-major étudie les méthodes utilisées par les nazis dans le ghetto de Varsovie comme modèle pour ses opérations militaires contre les Palestiniens ? D’où vient l’idée de mettre des numéros aux bras des Palestiniens dans les camps de réfugiés ? Et quel spectre Sharon espère-t-il conjurer en parlant de « guerre totale » ?

Le 9 mars, le Los Angeles Times a publié un rapport « secret » sur des plans du Pentagone concernant une éventuelle première utilisation de l’arme nucléaire contre l’Irak, l’Iran, la Syrie, la Libye, la Corée du Nord, ainsi que la Russie et la Chine. Cette « fuite » fait partie d’une stratégie d’intimidation calculée, destinée à effrayer ennemis comme alliés des USA et à jeter les bases psychologiques d’une attaque contre l’Irak. Car, de toute évidence, la décision d’attaquer militairement ce pays a déjà été prise, il ne reste plus qu’à déterminer quand et comment.

Or, en cas de guerre contre l’Irak, il est probable que tous les gouvernements modérés de la région - Jordanie, Egypte, Arabie séoudite - seront balayés. Peut-être même le seront-ils plus tôt, à en juger par les manifestations de masse contre les atrocités israéliennes. Que se passera-t-il si une attaque contre l’Irak s’enlise et que la guerre se prolonge ? (...) Utilisera-t-on des armes nucléaires ? Du Proche-Orient à l’Asie du Sud-Est, partout la conflagration menace.

Tirer les leçons de l’histoire

La véritable dynamique qui sous-tend cette crise stratégique est la désintégration du système financier international. Malheureusement, à Washington, le courant des « faucons » néo-impériaux, ceux qui pensent qu’une « guerre des civilisations » et un réarmement massif permettraient de sortir de la crise économique, s’est imposé. Ce qui doit nous amener à nous demander qui est véritablement responsable des événements du 11 septembre.

Ces gens n’ont-ils rien appris de l’histoire ? La crise économique ne sera jamais résolue par la guerre, pas plus qu’une guerre impériale contre d’autres cultures n’apportera la victoire rapide escomptée. On a vraiment l’impression que le président Bush ne saisit plus la complexité de ce qu’il a déclenché. En tout cas, on entend parler d’options qui auraient été impensables récemment encore. C’est ainsi que l’on évoque, aux Etats-Unis, une occupation des champs pétroliers séoudiens ou une frappe « chirurgicale » avec de « petites armes nucléaires ».

Face à la tragédie se déroulant à Ramallah, Bethléem et Naplouse et face au danger d’une grande guerre, les gouvernements européens font preuve d’une impuissance accablante. Les partis qui soutiennent ces gouvernements sont de toute évidence incapables de changer leurs mauvaises habitudes, comme celle consistant à se préoccuper de son confort au lieu d’éteindre l’incendie qui fait rage chez le voisin. « Que puis-je donc faire pour empêcher la dépression et la guerre ? Je ne peux pas parler de cela dans mon parti politique. Je dois d’abord assurer ma victoire dans ma circonscription », se disent, en résumé, nos politiciens.

La responsabilité personnelle

Que pouvons-nous faire en Europe face à ce terrible danger ? En réalité, les Etats-Unis sont la seule puissance capable d’obliger Israël à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et à se retirer des territoires occupés et réoccupés. Par conséquent, nous devons dire très clairement au président Bush qu’il lui incombe personnellement d’arrêter Israël et de stopper l’escalade de la violence au Proche-Orient, qui risque de mener à une troisième guerre mondiale !

« Monsieur le président Bush, vous êtes personnellement redevable de cela devant l’histoire ! »

Au-delà, pour mettre fin aux violences, on doit appliquer les principes de la paix de Westphalie qui, en 1648, mit fin à la guerre de Trente ans en Europe. Cela pourrait se traduire par un grand plan de développement aidant Israël à sortir de sa propre crise économique, tout en assurant l’existence, sous garanties internationales, d’un Etat palestinien grâce à un vaste programme de reconstruction économique. La communauté internationale devrait, en fait, financer la mise en oeuvre du « plan Oasis » pour le Proche-Orient, proposé dès 1975 par Lyndon LaRouche et comprenant, entre autres, la construction de systèmes d’irrigation et de dessalement permettant de faire verdir le désert.

Tous ceux qui ne sont pas aveuglés par une idéologie, savent que la poursuite de la politique actuelle ne peut que mener à la catastrophe, c’est-à-dire la guerre, la dépression et le chaos. Il est temps de changer l’agenda international avant qu’il ne soit trop tard !

Nous avons besoin d’une véritable perspective de paix qui permette de garantir la survie des peuples et des Etats. C’est pourquoi il faut remplacer le système financier actuel - irrémédiablement insolvable - par un nouveau système, plus juste. La proposition de Lyndon LaRouche pour un nouveau Bretton Woods est sur la table depuis longtemps et a déjà reçu le soutien d’importantes forces politiques dans le monde. Un tel système pourrait étayer le financement du pont terrestre eurasiatique, c’est-à-dire l’intégration infrastructurelle et économique de l’Eurasie et, au delà, de l’Afrique via l’Egypte, et jusqu’aux Amériques. Seule la vision d’un nouvel ordre économique mondial juste peut garantir la paix !

* Même si peu de gens le savent, depuis l’époque de la coopération entre Mendelssohn et Lessing, les juifs allemands ont apporté une contribution décisive à la culture classique et à la culture allemande, contribution si fondamentale que même les horreurs de l’époque hitlérienne n’ont pu l’effacer.