Communiqués

L’austérité, c’est la guerre !
Sauvons la paix, l’emploi et le service public !

jeudi 15 mai 2003

1933-2003 : 70 ans après, nous faisons face à un même défi. Aujourd’hui comme alors, le choix est clair : austérité et impérialisme d’un côté, justice sociale et développement au service de l’homme. Alors, le 28 février 1933, l’incendie du Reichstag servit de prétexte à Hitler pour établir la dictature nazie. Soutenu par la City de Londres et Wall Street, il empêcha l’application du plan Lautenbach-Woytinsky.

Aujourd’hui, le 11 septembre 2001 a permis aux faucons américains de prendre le pouvoir, de mettre en oeuvre une politique impériale et de provoquer un choc des civilisations. Tous leurs efforts visent maintenant à contrôler la production mondiale, purger l’administration américaine et enterrer toute tentative de retour aux politiques de Roosevelt, un « New Deal » semblable à celui que Lautenbach et Woytinsky voulaient mettre en place en Allemagne et Léon Blum en France. Faute de cette politique, ce fut ensuite la guerre - une guerre d’agression et de pillage. Faute de cette politique, la même chose se répètera au cours des années à venir. Pourquoi commençons-nous par ce rappel brutal des circonstances, alors que la casse du service public, du système de retraites, de l’éducation nationale, des Postes, de la Banque de France et de notre système de santé semblent des préoccupations bien plus immédiates, bien plus « vécues » ?

Parce qu’aujourd’hui comme alors, une solution franco-française est impossible. Nous sommes plongés dans une crise généralisée du système financier et monétaire international qui crée les conditions d’une nouvelle forme de « fascisme universel », comme le dit sans se gêner Michael Ledeen, conseiller de l’administration Bush.

Casse du service public

Le gouvernement Raffarin applique un thatchérisme faux-cul, faute de traiter les vrais problèmes. La rigueur qu’il commence à mettre en place deviendra, inéluctablement, chaque fois pire s’il ne se révolte pas, parce qu’elle lui est imposée par le système dans lequel il opère, par les faucons américains, l’oligarchie financière et ses relais à Bruxelles.

Pour sauver à tout prix la bulle financière et immobilière, depuis Wall Street et la City de Londres jusqu’à l’échelle du monde, le mot d’ordre est le même : pillage des ressources et remboursement à tout prix des dettes injustifiées. La politique de Raffarin n’est pas originale, elle va être simplement pire parce que les circonstances sont pires, mais la logique est la même que celle suivie par les gouvernements de gauche comme de droite depuis plus de 30 ans !

Aujourd’hui, c’est la casse du service public et de la fonction publique qui est au menu mondial obligatoire. Sous la pression de l’Union européenne et de l’organisation mondiale du commerce, tout est soumis à une logique de privatisation et de concurrence, comme si l’homme n’était qu’un loup pour l’homme et les Etats des conglomérats exerçant leur volonté de puissance au détriment des autres.

Dans cette logique, la Banque de France pratique un « déménagement du territoire », la Poste augmente le prix du timbre au détriment des petits budgets, offre des « services financiers attractifs » aux gros et liquide progressivement le statut de facteur titulaire fonctionnaire, la Caisse des dépôts et consignations renonce à être un instrument de politique industrielle et se prépare à privatiser toutes ses activités qui rapportent ! La sécurité sociale se trouve, elle, réduite à traiter les soins plus lourds, non rentables, les pathologies plus légères, plus rentables, étant livrées aux assureurs privés. Le déremboursement d’environ 650 médicaments utiles suit cette même logique : les riches peuvent payer, les pauvres peuvent souffrir. Jean-François Mattéi, le ministre, se prépare à isoler les dépenses dues au vieillissement et à la dépendance, rompant avec le principe d’unité pour préparer un triage plus ou moins en douceur.

Le démantèlement du service public de l’éducation nationale a commencé par la suppression d’emplois et la décentralisation, tandis que la recherche fondamentale se trouve à l’abandon et que nos jeunes chercheurs s’exilent pour travailler dans des laboratoires étrangers. Hold-up sur les retraites, triage des fonctionnaires Conséquence ultime de cette logique de démantèlement, on prépare la réduction du nombre de fonctionnaires (non remplacement d’un départ à la retraite sur deux) et on massacre leurs retraites.

Fillon annonce un alignement des années de cotisation pour le public et le privé (40 ans en 2008, 42 ans en 2020 et 45 ans réclamés par Guillaume Sarkozy, numéro 2 du Medef), avec des décotes systématiques pour tous ceux qui ont cotisé moins que la durée légale. Résultat : une perte du pouvoir d’achat des retraites qui sera compris entre 20 et 30 % !

Stupidité et injustice

La gabegie destructrice tient au système financier et monétaire international et national, et Raffarin ne fait rien pour le contrôler. Il coupe simplement un bras et une jambe au pays, en espérant qu’il survivra en sauvant la Bourse et les banques. Mais c’est au contraire de médecine qu’il faut changer ! Sinon ces mêmes banques qui, aujourd’hui, prêtent à tout va à l’immobilier comme elles le faisaient hier à la nouvelle économie, vont bientôt provoquer le krach final.

Quant aux retraites, pour qu’il n’y ait pas de problème, il faut que tous les gens travaillent, soient productifs et bien payés pour soutenir les retraités. Cela signifie des salaires élevés et une politique d’investissement productif, le contraire de ce qu’impose Bruxelles et de ce que fait le gouvernement.

Un horizon et une coordination des luttes Face à une crise mondiale, l’horizon ne peut qu’être mondial. Oui, il faut partout mener le combat contre l’austérité, chez nous comme ailleurs, un combat qui ne soit pas éparpillé par branche ou par site, mais en lui donnant sens par un objectif international commun et en coordonnant les luttes dans cette perspective. Il s’agit d’un combat mondial contre un « fascisme universel », non d’un combat local, régional ou même national. Pour qu’il n’y ait plus aucun recul social, nos exigences doivent porter au coeur du système :

  1. Un nouveau Bretton Woods, un nouvel ordre financier et monétaire international, fondé sur de grands projets de développement financés par de crédits publics à long terme et faible taux d’intérêt. Les agents financiers spéculateurs, et non les Etats, doivent être mis en faillite et des marchés organisés remplacer la loi de la jungle actuelle. C’est la seule manière de changer la « règle du jeu », en redonnant priorité au travail, à la production, à l’épargne populaire, à la santé publique, à l’éducation et à la recherche.
  2. Le camp de la paix (France, Allemagne, Russie, Chine) qui s’est opposé sans succès à la guerre contre l’Irak, ne doit pas se soumettre ni se compromettre. Il doit se donner les moyens de gagner la paix, en établissant un système productif et organisé d’échanges de biens et de services, s’opposant à la loi de la jungle anglo-américaine. Ce « pont terrestre eurasiatique » doit être le premier pas vers le nouveau Bretton Woods.
  3. Pour le construire, il faut éliminer les obstacles : abroger le pacte de stabilité européen, dissoudre la Banque centrale européenne et redonner une autre base à l’euro, celle des grands travaux à entreprendre. Il faut un retour des Etats, pour organiser la production dans l’intérêt de tous, contre la logique de concurrence et de pillage, des Etats avec leur banque nationale, sous contrôle de citoyens et non de banquiers ou de financiers.
  4. Soutenir, aux Etats-Unis mêmes, ceux qui luttent contre les faucons américains. Dans les années trente, nous n’avons pas su soutenir les opposants au nazisme en Allemagne ; nous n’avons pas le droit de commettre aujourd’hui la même erreur aux Etats-Unis.

    Là-bas, la campagne présidentielle de Lyndon LaRouche pour 2004, qui est celle ayant pour l’instant recueilli le plus grand nombre de contributions financières au sein du Parti démocrate, se situe dans la tradition de Roosevelt et de Martin-Luther King, elle est l’envers de celle de Bush et correspond aux intérêts de nous autres Français. Ne pas vouloir en tenir compte en France et en Europe serait aujourd’hui pire qu’un crime, une erreur.

  5. Chaque lutte, chaque combat doit avoir pour horizon cette perspective. Dire non à l’austérité, se battre partout contre elle, exige, pour réussir, d’avoir en tête l’alternative, un grand projet mobilisateur et unificateur contre l’ordre impérial des va-t-en guerre. La paix et la justice sont au prix de cet effort. Toutes les deux semaines, dans Nouvelle Solidarité, nous faisons le point sur le développement mondial des luttes. Ecrivez-nous si vous désirez en recevoir trois numéros gratuits.