Editoriaux de Jacques Cheminade

Tragédie

samedi 16 février 2008, par Jacques Cheminade

Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.


par Jacques Cheminade

Si nous ne réagissons pas, le fascisme financier que ma campagne présidentielle a eu pour but de combattre détruira l’Europe et les Etats-Unis.

L’effondrement du système monétaire international s’accélère. Au scandale des bénéfices réalisés par Goldman Sachs contre ses propres clients succède celui de la Société générale, puis l’immense fraude fiscale en Allemagne. La Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine sauvent à court terme ceux qui ont spéculé au delà de toute raison en leur fournissant des liquidités contre la garantie de leurs « titres toxiques ». C’est comme si un drogué obtenait plus d’argent pour se droguer en apportant sa drogue en caution. A cette désintégration financière correspond une désintégration sociale et un exhibitionnisme de la cupidité possédante sans précédent depuis les années trente.

Une telle société n’est plus capable d’assurer un vouloir vivre en commun, un avenir à sa jeunesse et une vie digne à ses vieux. Aussi, ceux qui veulent maintenir à tout prix son ordre injuste se donnent pour objectif de faire élire un Président à leur botte aux Etats-Unis et en Europe. Là-bas un Bloomberg ou un McCain, ici un Tony Blair ou un autre avatar de leur volonté de puissance.

Les signes ? Les appels à faire de Paris une place financière internationale, avec le New York Stock Exchange, à proximité d’un « pôle d’activités à fiscalité optimisée où puissent se regrouper des fonds de gestion alternatifs français et étrangers ». Le projet de loi encourageant le développement des partenariats public-privé (PPP), premier pas vers ce que proposent aux Etats-Unis MM. Bloomberg, Rohatyn et leur ami, l’actuel gouverneur de Pennsylvanie. Dans cette démarche corporatiste, les opérateurs privés prennent en charge le financement et la construction des infrastructures publiques et se font rémunérer soit en exploitant directement ces ouvrages, soit en récupérant une partie des recettes perçues par la collectivité.

Le Traité européen simplifié impose, lui, la tyrannie de la BCE et la soumission des services publics à la concurrence. Son objet même est contraire aux principes du Préambule de notre Constitution. L’objectif poursuivi par les Denis Kessler et autres Alain Minc - détruire le système économique, politique et social de 1945 - est sur le point d’être atteint.

L’espace oligarchique « européen » ainsi constitué sera protégé par des dispositifs policiers et militaires. A l’intérieur, une société de quadrillage, avec fichiers et caméras de surveillance. A l’extérieur, la Commission prévoit de renforcer le contrôle aux frontières : équipement des postes frontières avec des lecteurs de données biométriques, obligation pour les citoyens des pays tiers de faire enregistrer leur entrées et sorties sur ces bases de données, surveillance par des satellites et des avions sans pilote, patrouilles de contrôle en mer !

En bref, le dispositif est là. Il est encore temps de dire « non » en menant une campagne européenne contre cet outrage fait aux valeurs véritables de nos Etats-nations européens. Autrement, c’est l’idée même de France et d’Europe qui sera anéantie, dans un monde livré à la loi de la jungle.