Brèves

John Maynard Keynes, un colonialiste anti-rooseveltien

mardi 18 mars 2008, par Lyndon LaRouche

Lors d’une conférence internet diffusée au niveau international depuis Washington le 12 mars dernier (voir ici), Lyndon LaRouche a répondu à la question suivante :

« Félix Rohatyn se présente comme un héritier de John Maynard Keynes. Récemment, il a même tenté de cacher son hostilité première à Franklin Delano Roosevelt (FDR) en disant qu’il fut un supporter du New deal (voir ici). Cependant, des questions restent en suspens. On ne peut pas prétendre défendre et Keynes et le New deal à la fois. Beaucoup de gens sont mal informés ou même dans certains cas des autorités mentent en ce qui concerne FDR et son système de Bretton Woods. Ils les qualifient de Keynésiens. Qu’en pensez-vous ? »

Lyndon LaRouche :

« C’est parce que les gens ne connaissent pas leur histoire. Il y a des gens en Europe, qui ont atteint l’âge adulte après la seconde guerre mondiale, qui ne connaissent pas leur histoire sur ce sujet là. Même certaines personnes que je respecte malgré cela comme économistes.

Ce qui s’est passé, c’est que Roosevelt convoqua la session de Bretton Woods sous son autorité en 1944. John Maynard Keynes et d’autres économistes britanniques importants participèrent aux débats. Keynes avait soutenu le fascisme en 1938, dans une partie de la première édition de son livreLa théorie générale. Et Keynes fit des propositions. Roosevelt, cependant, n’avait pas l’intention de suivre ce dernier. Roosevelt n’a pas soutenu Keynes. Roosevelt était explicite : « Quand la guerre sera finie, Winston » (en parlant à Churchill) « il faudra mettre un terme à l’Empire britannique. »

« Le système keynésien est basé sur l’Empire britannique. Keynes était un fasciste. C’est son affiliation naturelle comme il le dit dans l’édition allemande, la première édition de sa théorie générale publiée en 1938 à Berlin. Il disait qu’il préférait avoir son livre publié en Allemagne nazie car il serait mieux reçu et plus facilement mis en application que dans un pays démocratique. Et en cela, il avait raison.

« Bien, voici ce qui arriva. Lorsque Roosevelt mourut, Truman vint au pouvoir et Truman était un sagouin. La question principale était celle-ci : la politique de Roosevelt était : « Winston quand cette guerre finira, nous n’allons pas continuer à avoir un Empire britannique. Nous allons libérer ces gens et les aider à se développer et à avoir leurs propres gouvernements indépendants. » Et Roosevelt, sur cette question avait déjà des propositions spécifiques, comme il le montra au Maroc. Tout au long de la guerre cette question fut sur la table.

« Personnellement, je fais parti de cette tradition, de par différents réseaux de la période pré-rooseveltienne, qui comme le Général Donovan, chef de l’OSS, et d’autres, étaient dévoués aux intentions de Roosevelt pour la période d’après-guerre. Et alors que Roosevelt était sur le point de mourir, au début de son quatrième mandat, Donovan vint le rencontrer dans son bureau et lorsqu’il sortit, son visage était décomposé, il dit à un de mes amis qui était alors à ses côtés : « C’est fini. C’est fini. » Ce qui voulait dire que le programme de Roosevelt pour l’après guerre qui avait été le principal moteur de tous les vrais patriotes américains était condamné. Ils comprenaient que ce serait maintenant les britanniques qui prendraient le dessus.

« Ce qui arriva, c’est que Truman adopta la politique britannique de ne pas encourager la libération des colonies, mais bien plutôt de rétablir le colonialisme. C’est exactement ce que Truman fit. Et sous ces conditions, l’intention de former les Nations Unies et le système de Bretton Wood fut trahie, car l’intention de départ était celle de libérer les nations colonisées, grâce à de grands projets d’infrastructure et d’autres choses qui auraient permis le développement de ces nations. L’idée était de les protéger lors du passage de leur statut de pays colonisé à celui d’Etat Nation souverain. Une fois que ceci serait fait, souvenez-vous, l’intention de Roosevelt était de faire une politique de conversion de ce qui avait été la plus grande machine économique de guerre jamais développée, et ainsi de lancer de grands projets d’infrastructure et des programmes de développement pour libérer les nations et les peuples colonisés et leur permettre d’atteindre une véritable indépendance. Mais dans le nouveau contexte de la présidence Truman, le but du système de Bretton Woods fut trahi. Il n’était plus question de liberté. Si vous vous souvenez de cette période, ou tout du moins si vous l’étudiez, car la plupart d’entre vous ne l’ont pas vécue, vous vous rappellerez de toutes les guerres pro-coloniales auxquelles les Etats-Unis ont apporté leur soutien, comme en Indochine, en Indonésie, à d’autres endroits… En Afrique, où ils menèrent une politique abjecte qui continue aujourd’hui. La politique américaine vis-à-vis de l’Afrique est inacceptable. Elle est meurtrière, délibérément ! Sous Nixon, la situation empira. Ce fut du colonialisme pur et simple. Ainsi, le système de Bretton Woods tel que conçu par Roosevelt, ne fut pas mené à bien.

« Ainsi dans l’après-guerre, les anglais exerçant un contrôle de plus en plus grand sur la stratégie anglo-américaine, les politiques menées s’approchèrent de plus en plus de celles du discours de Keynes de 1944. Encore une fois, l’intention de Roosevelt n’était pas keynésienne. Par contre, celles des britanniques et de Truman l’étaient. Et c’est ce dont nous avons hérité.

Avons-nous fait quoi que ce soit d’autre que du néo-colonialisme, pour éliminer le colonialisme ? Quelle est notre politique pour l’Afrique ? Quelle est la politique américaine, vis-à-vis du comportement des anglais au Zimbabwe ou dans d’autres pays ? Quelle est la position américaine sur le Sommet UE-Afrique de Lisbonne ? Les Etats-Unis sont les ennemis de l’Afrique Noire. Les Etats-Unis sont les ennemis de l’anticolonialisme, parce que nous croyons dans le libre-échange et le système de libre marché, libre pour voler et libre pour échanger les gens. Libre pour échanger les gouvernements. Quel est le modèle de gouvernement que nous encourageons ? « Nous n’approuvons pas le votre car les anglais ne vous aiment pas. Nous n’approuvons pas votre gouvernement car il ne soutient pas nos politiques. » C’est là notre problème.

« Voici ce qui est réellement en jeu avec la question de Keynes. Les politiques de Keynes étaient basées sur une banque centrale, dont il parle généralement dans tous ces travaux. Il n’y a pas de mystère. C’est un banquier central, dans un système de banque centrale, système intrinsèquement opposé à ce que le système de la Réserve fédérale devait être conformément à la Constitution américaine et à sa conception des politiques économiques. Voilà l’enjeu. »