Editoriaux de Jacques Cheminade

Civilisation

lundi 31 mars 2008, par Jacques Cheminade

par Jacques Cheminade

Nous vivons une crise de civilisation et nos responsables ne veulent pas le savoir. Nous sommes déjà rentrés dans une logique de guerre – le camp transatlantique contre la Russie, la Chine et l’Inde – et nos responsables ne veulent pas le voir. Cette affirmation ne peut paraître exagérée qu’à ceux qui se bouchent les yeux et les oreilles. Car la vérité est là : la crise financière et monétaire s’aggravant, l’oligarchie s’efforce de détruire de plus en plus rapidement toute force en mesure de résister. Déjà la Chine se trouve visée, les pays d’Asie du sud-ouest éclatent, en Europe la Belgique se désintègre, l’Afrique est menacée de famine et de génocide. La hausse du prix des produits agricoles et des matières premières, résultat d’une spéculation effrénée, sape le niveau de vie des peuples et les fondements de l’industrie.

C’est tout cela qui est sous-jacent à l’adoption du Traité simplifié de Lisbonne, au retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN et à la visite de Nicolas Sarkozy à Londres. Celle-ci, en elle-même, peut être vue comme une clownerie ou une pantalonnade. Dans la réalité de l’histoire, ici et maintenant, il s’agit de la soumission volontaire d’un pays, le nôtre, qui devrait être au contraire un lieu de résistance.

Nicolas Sarkozy, peut-être sans s’en apercevoir, a ainsi trahi cinquante ans de politique étrangère gaulliste et l’idée hugolienne de République universelle, au profit d’un empire britannique reconstitué de part et d’autre de l’Atlantique.

Si vous doutez du jugement de M. LaRouche et du mien, prenez connaissance des neuf prévisions économiques qu’il a faites depuis 1956 et rappelez-vous ce que je disais lors de ma campagne présidentielle de 1995 : « Un cancer financier menace le monde, dont les métastases économiques, sociales et militaires s’étendront de plus en plus vite si rien n’est fait pour l’arrêter. » Et j’ajoutais que tout dirigeant politique ne traitant pas cette question fondamentale ne serait pas à la hauteur des circonstances. Nous avons eu Jacques Chirac, nous avons maintenant Nicolas Sarkozy.

Le drame est que l’opposition ne fait pas davantage face à la réalité. Ségolène Royal s’englue dans des références existentialistes – Hannah Arendt, Foucault, Camus –, s’enferme dans une stratégie d’européisme à la Delors et s’entoure de financiers sociaux-libéraux de Harvard ou de la New York University. Ses adversaires, Martine Aubry, Bertrand Delanoë et les reconstructeurs, se délectent de combinaisons politiciennes, cherchant le pouvoir pour le pouvoir, tandis que les jeunes du MJS, comme Razzy Hammadi, recréent en bons apparatchiks « la gauche la plus bête du monde » qu’ils entendaient naguère dénoncer. Olivier Besancenot, fier de sa gloire neuve, se pavane de son côté sous l’œil des médias qui l’ont engendré.

Que faire dans cette pétaudière (comme Mitterrand qualifiait Vichy) ? Dire la vérité, dissiper ainsi les mots qui envoûtent le débat politique et se battre sur le front de la guerre – contre l’empire atlantique, la nouvelle Sainte-Alliance, pour sauver la civilisation humaine.