Brèves

Helga Zepp-LaRouche : le jour de la honte pour le Bundestag

mardi 29 avril 2008

Helga Zepp-LaRouche, Présidente du parti politique allemand, Bueso, parti frère de Solidarité et Progrès, réagit à la ratification du Traité de Lisbonne par le Parlement de son pays.

Ce 24 avril 2008 restera dans l’histoire comme le jour où 514 députés allemands ont accepté, pour diverses raisons et de manière anticonstitutionnelle, de ratifier un Traité qui revient à abolir notre Constitution et à ouvrir la voie à une dictature oligarchique en Europe. Le plus scandaleux, c’est que la majorité des députés n’ont même pas pris la peine de lire le Traité.

Ceci est conforme au calcul des chefs de gouvernement européens qui, en concluant le Traité de Lisbonne le 13 décembre dernier, ont aussi décidé de le faire ratifier par les parlements sans débat public. Il s’agit en fait d’un coup d’Etat, à la faveur duquel les quelques miettes de pouvoirs législatifs dont disposait encore le Bundestag seront remises à la dictature des institutions européennes à Bruxelles.

Mais il y aura des suites, et pas seulement en Allemagne. Des plaintes seront bientôt déposées à la Cour constitutionnelle allemande, à la Cour de Justice européenne et dans d’autres juridictions, où il sera question de violations des constitutions nationales que le Traité de Lisbonne rendra de fait inopérantes.

La Loi fondamentale allemande [Constitution] précise que « tout pouvoir émane du peuple », représenté par les députés élus. En vertu de décisions antérieures de la Cour constitutionnelle allemande, ces représentants du peuple peuvent déléguer une partie de ce pouvoir, par exemple à l’UE, mais 100% ? Avec le Traité de Lisbonne, les citoyens seront pratiquement privés de leurs droits, la démocratie parlementaire sera invalidée et la formulation de la politique confiée au Président de l’UE élu pour deux ans et demi, au Conseil des ministres et à la Commission européenne.

Cela implique une modification effective de la Loi fondamentale, ce qui, à son tour, nécessite qu’elle soit adoptée en toute liberté par le peuple. Même si les chefs de gouvernement ont rebaptisé « traité » la Constitution européenne que Français et Néerlandais avaient rejetée par voie de référendum en 2005, le Traité de l’UE constitue une modification de la Constitution.

Il est parfaitement scandaleux que la vaste majorité des députés aient voté ce texte, il est vrai illisible, sans l’avoir lu. Ce faisant, ils ont méprisé, dans leur ignorance et leur indifférence, leur responsabilité de représentants du peuple et ils doivent en rendre compte. Chaque élu ayant voté ce Traité devrait perdre son siège immédiatement !

S’il fallait une preuve de plus pour démontrer que les médias en Europe, et plus particulièrement en Allemagne, sont totalement contrôlés, considérez le fait qu’entre le jour où les chefs d’Etat ont signé le Traité de Lisbonne, le 13 décembre 2007, et la ratification de ce texte par le Parlement allemand, le 24 avril, aucun grand média allemand n’a publié d’article ni de rapport analysant, commentant ou présentant le pour ou le contre de ce document qui modifie aussi profondément notre ordre social.

Et pour enfoncer le clou, le jour suivant la ratification, le tabloïd Bild publiait un article intitulé « Traité de l’UE : Bild révèle ce qui est écrit en petits caractères », citant quelques exemples de perte de souveraineté, comme pour dire : « Eh oui ! l’Europe est déjà une dictature. Vous n’avez qu’à vous y habituer. »

Cette complicité des médias pose à nouveau la question de savoir qui les contrôle. Pour le moins, l’absence de couverture adéquate du Traité de l’UE devrait amener tous les citoyens qui réfléchissent à accueillir avec scepticisme d’autres « affirmations évidentes » présentées par les médias. A titre d’exemple : les images présentées dans les médias comme celles de soldats chinois tabassant des manifestants au Tibet, montraient en réalité des soldats en uniforme indien ou népalais, mais aucun journal ni chaîne de télévision les ayant diffusées n’a jugé utile de publier une rectification. Les exemples de telles manipulations par les médias sont innombrables.

Un des principaux arguments des partisans du TCE consiste à dire que tous les adversaires du Traité européen sont contre l’Europe. Un autre prétend que le Traité de Lisbonne assurera la paix en Europe, alléguant que les guerres mondiales du XXe siècle résultaient de conflits entre nations. Donc, si on dissout les nations, les guerres disparaîtront.

Mais si on étudie la genèse de ces guerres mondiales, on voit bien qu’elles n’étaient aucunement le fait de nations, mais bien d’empires. Pour ce qui est de la Première Guerre mondiale, ce sont les empires britannique, austro-hongrois, allemand, celui du tsar, etc. qui ont provoqué la guerre. Autre argument fallacieux, l’Europe doit se renforcer face à l’unilatéralisme des Etats-Unis et leur opposer un « monde multipolaire ».

Multipolaire, certes, mais si cela signifie une Amérique impérialiste, une Europe impériale et un Empire britannique sous forme d’un Commonwealth élargi, lancés tous trois à l’assaut de la Russie, de la Chine et de l’Inde pour les empêcher de devenir des puissances mondiales, nous aurions là tous les ingrédients pour la première Guerre Mondiale du XXIe siècle. Si nous voulons une Europe forte, qu’elle soit celle que le général de Gaulle avait imaginée : une Europe des patries, de républiques souveraines désireuses de collaborer ensemble sur une base bilatérale et multilatérale et de s’engager de manière positive envers le reste du monde.

En revanche, une dictature de l’UE, qui tente de supprimer la démocratie en Europe en trompant les peuples, doit cesser de prêcher hypocritement la démocratie et les droits de l’homme dans le monde en les utilisant comme prétexte pour des « solutions préventives aux conflits ».

Mais les jeux ne sont pas encore faits. La résistance au Traité s’accroît en Europe, comme en témoignent les manifestations qui s’organisent tous les mercredis dans une trentaine de villes européennes – en France, en Allemagne, en Italie, au Danemark, en Suède, en Autriche...

En République tchèque, la majorité au Sénat a exigé de la Cour constitutionnelle qu’elle examine non seulement la validité de la procédure, mais aussi le contenu du Traité, avant de prendre une quelconque décision sur sa ratification. Des efforts semblables se mettent en place en Autriche, France, Allemagne, Italie et Grande-Bretagne. Le 12 juin, un référendum se tiendra en Irlande, où les agriculteurs pourraient faire la différence.

Il est encore temps de lancer un grand débat dans toute l’Europe sur ce Traité infâme. D’autant plus que le krach financier mondial va réduire à néant tous les projets élaborés par les politiciens.