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LaRouche interviewé sur Mai 68

jeudi 29 mai 2008, par Lyndon LaRouche

26 mai 2008 (EIRNS) — Le magazine russe Russky Zhurnal (Le Journal Russe) a publié le lundi 26 mai une interview de Lyndon LaRouche par Nikita Kurkin à l’occasion du 40ème anniversaire des événements de mai 68 à Paris, qui ouvrirent une période de déstabilisation des nations européennes, et des événements similaires ayant eu lieu aux Etats-Unis. Dans sa réponse, publiée in extenso, LaRouche diagnostique la pathologie des Baby-boomer, la génération actuellement au pouvoir. Elle prend racine dans l’après-guerre, lorsque Harry Truman et d’autres pions de l’Empire Britannique ont rompu avec l’engagement de Franklin D. Roosevelt à libérer le monde de l’oligarchie anglo-hollandaise.

Sous le titre « 68 fut un spectacle orchestré par les services de renseignement », Russky Zhurnal présente Lyndon LaRouche comme « aujourd’hui l’un des personnages publique les plus originaux et truculents des Etats-Unis. Vous pourrez vous en rendre compte en lisant ses réponses aux questions des rédacteurs de Russky Zhurnal à propos des événements de 68 à Paris et de leurs conséquences politiques et culturelles ».

Lyndon LaRouche : il est impossible de répondre correctement à votre question sans quelques commentaires sur le contexte historique de ces événements. Ces éléments sont essentiels pour comprendre la menace directe, provenant de Grande-Bretagne et de ses agents américains, qui pèse sur l’existence du gouvernement constitutionnel des Etats-Unis et le danger de guerre mondiale, voulue par Londres, avec pour principales cibles la Russie, la Chine et l’Inde.

Jusqu’à la mort du Président Franklin Roosevelt, le projet politique des Etats-Unis pour le monde d’après-guerre était d’éliminer toute forme de colonialisme, et particulièrement sous sa forme libérale anglo-hollandaise, à l’aide de sa puissance économique, en convertissant les énormes capacités économiques développées dans la guerre contre le nazisme en puissance économique pour le développement des nations et les libérer de l’asservissement impérial. Nous savions, comme le savait très bien Franklin Roosevelt, que Mussolini et Hitler étaient des créations de Londres, et que Londres était le principal ennemi des Etats-Unis et du monde.

Dès l’été 1944, les Etats-Unis et les cercles de la Société Fabienne de Londres ont amorcé un virage brutal à droite, caractérisé par l’ancien officier SS, le Prince Bernhard des Pays-Bas, et les cercles aujourd’hui représentés par le Prince Philippe. La percée des forces alliées en Normandie, qui rendait la défaite d’Hitler inévitable, fut le signal de ce changement pour cette communauté financière transatlantique et les cercles fabiens qui avaient eux-mêmes créé et installé Benito Mussolini et Hitler. Par exemple, le grand-père de l’actuel Président des Etats-Unis qui, en tant qu’agent de la maison Harriman, a débloqué les crédits nécessaires à l’accession d’Hitler à la chancellerie allemande. Le basculement à droite des cercles financiers aux Etats-Unis vint en écho à ces réseaux. Pour assurer sa réélection en 1944, Roosevelt fut obligé d’accepter Truman, un faire-valoir de Churchill, comme vice-Président. Roosevelt pensait vivre suffisamment longtemps pour se débarrasser du problème que représentait un tel vice-Président.

Nous avons donc eu ce virage à droite dans la deuxième moitié de 1944 et en 1945. Alors que Franklin Roosevelt était anticolonialiste, Truman défendait, parfois dans une forme altérée, le colonialisme britannique et hollandais. C’est sous Truman que fut lancé la doctrine d’ « attaque nucléaire préventive » sur l’Union Soviétique, conçue par Bertrand Russell, ainsi que le déclenchement d’une guerre culturelle avec la promotion active de l’existentialisme et du Congrès pour la Liberté de la Culture (CLC).

Le plus remarquable dans le conditionnement des populations américaines et européennes dans la période d’après-guerre fut l’utilisation du prétexte d’une guerre nucléaire potentielle contre l’Union Soviétique pour construire un vaste appareil de « sécurité intérieure ». Ainsi on utilisa, entre autre, les mesures de sécurité pour réguler la vie économique des familles de « cols blancs » au-delà des limites imposées de stricte surveillance et de régulation.

Ces circonstances nouvelles de l’après 1943 créèrent le ferment culturel et mental des cadres d’Amérique et d’Europe qui donnèrent naissance à la nouvelle génération de « cols blancs, » entre 1945 et 1958.

Je fus le premier à diagnostiquer le segment de la génération des Baby-boomer revendiquant une « nouvelle violence » comme étant essentiellement « fasciste » dans ses penchants sociaux. Je me basais sur mes études minutieuses des évènements du printemps et de l’été 1968 à la Columbia University (à New York - ndt) et d’autres endroits similaires. J’ai publié un rapport en juin-juillet 1968, « La Nouvelle Gauche, le contrôle social et le fascisme. » Je comparais alors les éléments anarchistes impliqués dans le second mouvement de grève de l’Université de Columbia avec la façon dont le Parti Communiste allemand et le Parti Nazi avaient, à plusieurs reprises, échangé de large pans de leurs adhérents durant la célèbre grève générale des tramways à Berlin.

Russky Zhurnal : Qu’est-ce qui lie ces deux choses : l’événement historique de 1968 et le mythe de 1968 ?

Lyndon LaRouche : L’apparition de la génération de la « Nouvelle Gauche » en Amérique et en Europe ne fut pas une éruption sociale « spontanée », elle fut orchestrée sous le contrôle bien tempéré des principaux services de sécurité. Les principales force politique dans les deux grands partis américains sont les individus issus de ce mouvement social, les Baby-boomers/soixante-huitards. Les fabiens britanniques et l’ancien vice-Président des Etats-Unis, Al Gore, en sont de véritables spécimens. Nous avons affaire à un malthusianisme radical dont le rôle fut de détruire l’économie et la culture des strates les plus influentes des Etats-Unis, les enfants de « cols blancs » nés entre 1945 et les profondeurs de la récession économique de 1957-58. Aujourd’hui, les 80 % les plus pauvres des Etats-Unis sont réduits à choisir entre des objets de consommations, mentaux ou physiques, qui leurs sont proposés par la classe prétendument dominante, composée d’un noyau dur de soixante-huitards occupant les positions de pouvoir et d’influence.

Russky Zhurnal : Comment évaluez-vous les conséquences politique et culturelle des événements de 1968 à l’Ouest, et particulièrement aux Etats-Unis.

LaRouche : Si nous identifions correctement « l’Empire Britannique » comme étant le domaine contrôlé par un réseau d’éléments financiers similaire à la « Ligue Lombarde » de Venise au XIVème siècle, aujourd’hui la seule menace politique réelle contre la civilisation est cet « Empire Britannique. » Il s’agit d’une nouvelle forme d’expression de ce qui était appelé le règne du « fascisme universel », comme dans le cas des « Allgemeine SS » nazis.

Russky Zhurnal : quelle importance politique ont les événements de 1968 pour aujourd’hui ?

LaRouche : Il est impossible de saisir précisément l’histoire du monde si l’on ne comprend pas la nature et le sens du phénomène des « soixante-huitards » aujourd’hui.