Les analyses de Jacques Cheminade

29 mai 2005-2008

samedi 31 mai 2008, par Jacques Cheminade

Trois ans après le « non » du peuple français au « Traité constitutionnel européen », nous devons nous mobiliser bien plus qu’avant. Depuis, la même marchandise frelatée nous a été vendue sous le nom de « Traité européen simplifié », et nous voilà livrés par une pseudo-Europe au mondialisme libéral.

L’on doit blâmer et combattre les auteurs de cette forfaiture et nous considérer non tenus par une procédure qui a violé les principes mêmes du droit français, du droit des gens et de la souveraineté des Etats-nations. Ce que le peuple avait rejeté, le Parlement l’a adopté : cela même est scandaleux. Plus encore, le Parlement l’a adopté sans droit d’initiative ni d’amendement. Consulté dans ces conditions, il s’est lui-même abaissé. Le Président de la République, défenseur de notre indépendance nationale et garant de notre Constitution, a organisé l’affaire. Le gouvernement de notre pays et ceux des autres pays membres de l’Union européenne se sont ainsi mis des menottes face aux défis de l’époque. Car en interdisant à la Banque centrale européenne de faire des avances financières aux institutions de l’Union européenne ou des Etats membres, elle les contraint à ne pouvoir entreprendre les grands projets nécessaires à la relance de l’économie mondiale. Elle les livre ou bien à un endettement incessant auprès des investisseurs institutionnels, banques ou compagnies d’assurance, ou bien à l’impuissance. Elle les condamne à dévoyer leur mission ou à ne pas la remplir.

Cependant, les auteurs étant ce qu’ils sont, l’on ne pouvait en attendre qu’ils sortent des clous plantés par la City de Londres, Wall Street et les réseaux financiers qui ont permis ou parrainé leur carrière.

Il faut donc surtout déplorer que ceux qui ont alors combattu pour le « non » aient été incapables de définir l’alternative et se soient noyés dans des querelles vulgaires et subalternes. L’horizon était là, le combat évident et ils ont préféré rester chacun dans leur vestiaire plutôt que de combattre en équipe et sur le terrain contre l’ennemi commun.

Ainsi, le moment est venu d’agir, pour nous autres les peuples d’Europe, afin de faire sauter les menottes du Traité de Lisbonne et de bâtir une Europe des patries et des projets, participant à un nouvel ordre économique mondial. Une Europe capable, avec de grands projets, à son échelle et à celle de l’Eurasie, de contribuer à remplacer le règne de l’émission de capital financier fictif par un système mondial de production physique réelle, qui a été le fondement de notre existence en tant que nations avant que nous ne le trahissions. Une Europe capable de contribuer à doubler la production agricole mondiale et à remplacer une économie du pétrole par une économie de l’hydrogène et du nucléaire, une Europe libre pour aider les opprimés de la faim et de l’exclusion.

La possibilité d’un changement aux Etats-Unis dans la dynamique de leur élection présidentielle et la réaction de la Russie, de l’Inde et de la Chine contre l’hégémonie britannique, nous offrent, à nous autres Européens, une espérance. Nos peuples doivent enfin faire sauter les menottes que leur ont mis leurs dirigeants.

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