Lyndon LaRouche sur la participation du peuple au processus constitutionnel

lundi 28 juillet 2008, par Lyndon LaRouche

28 juillet 2008 (Nouvelle Solidarité) — Au cours du séminaire international tenu à Wiesbaden (Allemagne) le samedi 26 juillet 2008, Lyndon LaRouche répondit à une question sur la participation du peuple au processus constitutionnel en période de crise.

Question d’un participant français opposé à la procédure anti-démocratique imposée pour l’adoption du Traité de Lisbonne : Les citoyens de nos pays ne sont pas mis en état de contrôler l’activité de leurs élus. Cette impuissance est programmée dans les textes constitutionnels qui ne permettent pas aux citoyens d’exercer un véritable contrôle de leurs élus. Que pensez-vous de la solution adoptée par les athéniens ? Ils ont introduit le tirage au sort, en particulier pour choisir les citoyens chargés de rédiger leur Constitution.

Réponse : Examinons la situation actuelle aux Etats-Unis. Ce qui arrive est la chose suivante : depuis la guerre du Vietnam, depuis même l’assassinat de Kennedy, les plus dépourvus des citoyens, ceux qui sont parmi les 80% les moins riches, se sont de plus en plus éloignés du pouvoir. Dans les élections, ils sélectionnent une question secondaire ou tertiaire autour de laquelle ils rassemblent leurs suffrages, exigeant ceci ou cela. Ils ne remettent pas directement en cause la composition et le comportement de la classe dirigeante. Ceci est devenu endémique depuis 1968. Les soixante-huitards ont tout changé, tout changé pour le pire en Europe, tout changé pour le pire aux Etats-Unis, et presque partout ailleurs dans le monde. L’élimination politique de Charles de Gaulle en France, la manière dont on lui a craché dessus en 1968, caractérise le changement de caractère moral dans la vie publique de cette époque.

Voici venu maintenant un temps où c’est une fourchette comprise entre 1% à 3% des plus riches qui exerce le plus grand pouvoir et se déshonore plus que les autres. L’effondrement du système bancaire, la faillite spectaculaire de gros prédateurs financiers, de prédateurs globaux, crée une situation dans laquelle une collision entre forces sociales se dessine, un mouvement qui s’étend au sein du peuple.

On a pu le constater lors des primaires en vue de l’élection présidentielle, et le phénomène est en train de devenir de plus en plus intense aux Etats-Unis. Il s’agit d’une croissante revendication de pouvoir politique de la part des ménages appartenant à la fourchette des revenus parmi les 80% plus faibles, au moins dans de nombreux cas. En même temps, les pouvoirs financiers dominants d’hier, qui contrôlent encore de haut en bas les gouvernements en Europe comme aux Etats-Unis, deviennent de plus en plus haïs, discrédités et méprisés.

Nous arrivons donc à un embranchement économique et social, qui sera atteint je pense en septembre, si une guerre n’a pas auparavant éclaté au Moyen Orient. Et c’est à cet embranchement, à ce carrefour stratégique que les citoyens américains pourront intervenir pour prendre le contrôle du processus électoral, grâce à leur influence et à leur poids.

Cette évolution trouvera un écho, à ce moment-là, tout particulièrement en France, par exemple, et aussi probablement en Italie. Ces deux états ont en effet un potentiel de résistance, de résistance populaire, contre ce que représente le courant actuellement dominant. Dans ces conditions, je pense que nous pouvons nous attendre à l’émergence d’un nouveau leadership, de dirigeants nouveaux qui répondront aux désirs et aux sentiments des 80% les moins favorisés, généralement nationalistes de conviction, en ce sens que leur caractère est patriote. Et je crois que c’est ce à quoi nous devons nous attendre. Je suis optimiste.

Dans ces conditions, nous serons en mesure de faire ce qui auparavant a pu être fait chez nous. C’est très rarement que nous procédons à des changements fondamentaux de notre mode de gouverner. Nous changeons les gouvernements par de légères manipulations de leur caractère. Nous avons désormais atteint un point à partir duquel peut être inversé ce qui est arrivé depuis 1968 et cela exige seulement un léger accroissement du contrôle du gouvernement par les 80% des ménages les moins favorisés. En faisant pression sur la situation, ils peuvent changer tout le sens du processus, le faisant aller vers ce que l’on pourrait qualifier de mini Renaissance. Et je pense que ce changement est à notre portée.

Non seulement il se trouve à notre portée, mais c’est la seule chose qu’il vaille la peine de faire. Si nous pouvons parvenir à mobiliser une partie significative des 80% les plus défavorisés pour exercer une réelle influence sur un groupe dirigeant aujourd’hui totalement discrédité, je pense que nous parviendrons à obtenir les résultats que nous voulons.

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