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Moscou : un débat sur LaRouche pour résoudre la crise financière

mardi 23 septembre 2008

23 septembre 2008 (LPAC) — A Moscou, les réunions d’urgence se sont succédé dans la semaine du 15 au 19 septembre, afin de traiter « la crise sur les marchés financiers mondiaux [qui] s’est avérée pire que prévu, même dans les prévisions les plus pessimistes », comme le Président Medvedev l’a reconnu le 18 septembre. L’illusion selon laquelle la Russie échapperait à l’orage s’est dissipée.

Bien que Moscou soit aujourd’hui mieux positionnée que lors des attaques spéculatives ayant provoqué sa cessation de paiements, en août 1998, la crise est incomparablement plus grave, et plus compliquée. Néanmoins, différentes personnalités, dont Vladimir Poutine, ont laissé entrevoir la possibilité que la Russie prenne l’initiative, en coopération avec les Etats-Unis, pour instaurer un nouveau système global.

Le journal officiel Rossiskaia Gazeta en donne un signal dans son supplément économique du 16 septembre. Reprenant de longues citations de Lyndon LaRouche, expliquant les problèmes du système de taux de change flottants instauré en 1971, Alexeï Tchitchkine et Ievgeni Vasiltchouk y traitent de la nécessité, en particulier pour les pays exportateurs de matières premières, d’un nouveau système monétaire protégeant la souveraineté économique de chaque pays. La spéculation sur le dollar et les matières premières, notent-ils, a joué un rôle important dans le krach du système économique et financier de l’URSS à la fin des années 1980.

Vu la menace pour les économies nationales, écrivent les deux journalistes, « certains experts appellent, par exemple, à indexer les monnaies nationales sur le prix mondial moyen de l’or ou du platine. Voici la vision élaborée par l’économiste américain renommé Lyndon LaRouche à ce sujet ». S’ensuit alors un extrait du discours de LaRouche aux étudiants de l’Académie des finances et du droit de Moscou, le 15 avril 2004, sur la manière dont le système de taux de change flottants a permis aux « intérêts financiers anglo-américains » d’établir « une sorte de dictature impériale sur les finances du monde », notamment à travers « le marché de Londres, qui est le centre de la spéculation mondiale ».

Outre l’économiste Serguei Glaziev, cité ci-dessous, l’académicien Andrei Kokochine a déclaré le 16 septembre à RBC.ru que les banques ont « perdu le contrôle » et qu’il est temps que la Russie cesse de « leur rendre hommage », pour chercher à résoudre la crise, par exemple en consultant ses partenaires asiatiques. Député du parti Russie unie, Kokochine est également un spécialiste des Etats-Unis qui, en février 2006, il avait qualifié Franklin Roosevelt de « l’un des plus grands hommes d’Etat, non seulement des Etats-Unis, mais de l’histoire mondiale » et de « symbole de coopération véritablement égale et mutuellement bénéfique entre les Etats-Unis et notre pays ».

En fait, la perspective de coopération russo-américaine, dans le contexte d’une crise de cette ampleur, devient possible. Vladimir Poutine lui-même l’a souligné dans une interview au Figaro du 15 septembre, Interrogé sur ce qu’il attend du nouveau gouvernement américain, il a répondu : « J’attends que les relations s’améliorent, mais c’est aux Américains de faire l’effort car la situation s’est dégradée de leur seul fait. Du temps du président Lincoln, un secrétaire d’État américain avait dit que les États-Unis voulaient des relations privilégiées avec la Russie, car la Russie veut toujours du bien à l’Amérique. Depuis cette époque, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Nos relations, selon les moments, ont eu des caractéristiques différentes. Mais toujours, à l’occasion des situations extrêmes, les États-Unis et la Russie se sont retrouvées côte à côte. Cela a été le cas au cours des deux guerres mondiales, la Russie ne l’oubliera jamais et je souhaite que nos partenaires américains fassent de même. »

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