Les écrits de Lyndon LaRouche

Ce que Colin Powell n’a pas dit : Lyndon LaRouche soutient la proposition française

lundi 10 mars 2003, par Lyndon LaRouche

Dans un mémorandum daté du 8 mars, Lyndon LaRouche affirme que les décisions prises ce mois-ci risquent d’être aussi déterminantes, à leur manière, que la « crise des missiles de Cuba en 1962 ». Dans cette optique, il a approuvé la proposition française, faite le 7 mars par Dominique de Villepin, appelant à un sommet d’urgence des chefs d’Etat des pays membres du Conseil de sécurité.

« L’origine de cette crise, écrit-il, est une tension existentielle classique au sein des institutions du gouvernement américain. Le point essentiel, comme le représentant français l’a dit implicitement, est le suivant : dans cette question de guerre ou de paix, il ne s’agit pas de Saddam Hussein ni de l’Irak, mais de deux facteurs, distincts mais convergents, à l’oeuvre dans l’administration Bush. Le premier, c’est l’influence des disciples impérialistes du professeur Leo Strauss, un idéologue fasciste qui a créé le noyau des va-t-en guerre que l’on appelle les « faucons mouillés » ou les « néo-conservateurs ». Quant au second, il s’agit de la convergence entre les néo-conservateurs pro-impérialistes au sein du gouvernement américain et l’unilatéralisme grossier, irréfléchi, entêté, exprimé par le président George W. Bush lui-même . »

Le problème est aggravé par le fait que les « cinglés néo-conservateurs, proches de Cheney et de Wolfowitz » sont soutenus par les dirigeants démocrates pro-impérialistes que l’on retrouve dans le Democratic Leadership Council, organisation promouvant une « troisième voie », et qui sont amis intimes du sénateur Joseph Lieberman, un idéologue de droite totalement pro-guerre.

En exploitant la terreur provoquée par les événements du 11 septembre 2001, cette force bipartisane pro-impérialiste, combinée à l’unilatéralisme de Bush, a créé une situation politique dans laquelle les Etats-Unis s’opposent, effectivement, « aux intérêts les plus vitaux de tous les autres Etats-nations souverains de cette planète ».

Comme LaRouche et son épouse l’ont déjà fait remarquer, « la politique irakienne actuelle de l’administration Bush est une caricature de la folie orgueilleuse qui entraîna l’antique Athènes dans les tragiques guerres du Péloponnèse. Malheureusement, le président Bush n’est pas très fort en histoire.

« Que les Etats-Unis se déclarent sur le point de lancer une guerre unilatérale et impériale, alors qu’ils n’ont aucune raison objective de le faire - d’autant plus que si cette guerre était nécessaire, nous disposerions de tout le pouvoir et le soutien requis - représente déjà, en soi, une immense folie, comme l’atteste le cas des guerres du Péloponnèse. En outre, lancer une telle guerre sous des prétextes aussi fallacieux - notamment sur la base de rapports frauduleux d’origine israélienne et autres, ayant transité par des canaux britanniques pour se retrouver dans un discours du secrétaire d’Etat Colin Powell au Conseil de sécurité - est aussi un crime contre l’humanité, suivant la jurisprudence établie depuis les Traités de Westphalie de 1648. Cette jurisprudence fut à nouveau reconnue en 1945-1946, à travers les leçons tirées de l’expérience des deux Guerres mondiales . »

Selon LaRouche, la guerre unilatérale que les Anglo-Américains menacent de déclencher « n’a pas été provoquée par une quelconque action de l’Irak en tant que telle. Au contraire, des accusations totalement exagérées sur la menace que pourrait constituer l’Irak sont invoquées comme prétexte pour lancer un choc des civilisations, une guerre non seulement contre l’ensemble du monde arabe, ou les populations musulmanes, mais aussi contre la Chine et d’autres encore. Ceci menace de déclencher, dès ce mois-ci, la troisième guerre mondiale géopolitique, lancée par une puissance maritime (et aérienne) impériale contre l’ensemble de l’Eurasie continentale . »

Ainsi, les événements du 11 septembre ont été invoqués à tort pour justifier la politique de « guerre nucléaire préventive » que Bertrand Russell et ses co-penseurs utopistes proposèrent dès le milieu des années 40 et que le ministre de la Défense de l’époque, Dick Cheney, ainsi que la droite israélienne, prônaient dans la période 1991-96.

Face à cela, « la majorité des gouvernements du monde, les plus sensés et les moins corruptibles, disent au gouvernement américain : "De vrais amis n’encouragent pas un allié entêté à poursuivre une aventure aussi folle que la position stratégique actuelle des Etats-Unis. C’est pour votre bien que nous nous opposons à votre folie. Vous avez besoin de nos conseils, plus que nous n’avons besoin des vôtres" ».

L’effondrement économique

Dans la deuxième partie de son mémorandum, Lyndon LaRouche aborde l’effondrement du système financier et monétaire depuis 2000, avec ses conséquences sur l’économie.

« Comme je l’ai souvent dit, Rome commença à construire son empire alors qu’elle était relativement au faîte de sa puissance. Au contraire, le gouvernement du président Bush a lancé le même type d’effort précisément au moment où l’économie américaine se désintègre à un rythme accéléré . »

Vu la politique économique adoptée par Washington, si la guerre est lancée, les Etats-Unis n’auront jamais les moyens d’assurer ensuite les conditions d’une paix durable. LaRouche rappelle, dans ce sens, la situation en Afghanistan où, faute de reconstruction et de perspective, la menace est aujourd’hui plus grande qu’avant le lancement de la guerre.

Au sujet de la paix au Moyen-Orient, l’on doit tirer les leçons du conflit israélo-palestinien. « Au cours des deux dernières décennies, des cercles associés à Ariel Sharon ont mené des actions militaires au Liban, en Syrie, etc., en vue de voler l’eau des nappes phréatiques, comme celles du Litani et du Mont du Golan, en plus du pillage du Jourdain. Ceci s’insérait dans la politique de « grand Israël », consistant à expulser les Palestiniens de leurs habitats traditionnels, afin de laisser la place aux immigrés attirés en Israël par des spéculateurs immobiliers rapaces, associés entre autres à Sharon. En réalité, il n’y a aucun espoir d’établir et de maintenir la paix dans toute cette région comme ailleurs, sans lancer une politique énergique pour développer de nouvelles sources d’approvisionnement en eau potable, suffisantes pour subvenir aux besoins de toutes les populations actuelles et futures de la région . »

En effet, c’est l’absence de cette infrastructure économique de base au Moyen-Orient qui devient, en soi, source de conflits pour les populations locales, même si elles veulent les éviter. C’est ainsi que la politique économique suivie par les Etats-Unis depuis 1971 est cause non seulement de la grave crise économique mondiale actuelle, mais aussi de conflits qui risquent de poser de sérieuses menaces à la sécurité des Etats-Unis. « Dans de telles circonstances, gaspiller les rares ressources économiques pour des dépenses de guerre inutiles et sans fin, n’est pas la voie que choisirait un gouvernement sain d’esprit . »

L’alternative

Dans ces conditions d’effondrement du système monétaire et financier, des blocs de coopération commencent à se former en Eurasie continentale. En Europe, l’opposition à une guerre au Moyen-Orient, articulée autour de la France, de l’Allemagne et de la Russie, représente aussi, implicitement, un important partenaire technologique pour les pays eurasiatiques. La Russie, la Chine et l’Inde forment déjà un « triangle stratégique », auquel pourraient se joindre la Corée et un Japon industrialisé. De même, la nouvelle phase de développement du Mékong rapproche les pays membres de l’ASEAN.

Pour LaRouche, l’Europe continentale « a tout intérêt à voir aboutir ces systèmes de coopération en vue d’assurer la sécurité et le développement mutuels. Les habitants informés et sains d’esprit des Iles britanniques s’opposent à la fièvre belliqueuse du Premier ministre Blair, en partie parce qu’ils savent que le futur que le futur économique de ces îles dépend de leur intégration dans le développement économique de l’Europe continentale. De même, la Turquie compte sur son intégration dans l’Union européenne.

« Nous, aux Etats-Unis, devons coopérer au succès de ces nouveaux axes de coopération. Nous devrions appliquer les mêmes principes de progrès en vue de relancer l’économie des pays d’Amérique centrale et du Sud, que nos politiques économiques, monétaires et financières appliquées depuis 1971 ont tant ruinés. »

Pour conclure, LaRouche conseille : « Il est temps de faire marche arrière, car nous frôlons la démence totale. Nous devons accepter de bonne foi la proposition française. Mieux vaut se régaler avec le fromage français que d’avaler le sable du désert en pleine saison chaude ».