Déclarations de Jacques Cheminade

La France doit relever le défi de la paix

samedi 4 octobre 2008, par Jacques Cheminade


Déclaration de Jacques Cheminade


Nous sommes en guerre. François Fillon l’a pratiquement admis à Antibes, en déclarant : « nous sommes dans un monde au bord du gouffre par la faute d’un système irresponsable ». Depuis l’adoption du plan Paulson aux Etats-Unis, non seulement les contribuables et les plus démunis des américains se trouvent dépouillés en faveur des spéculateurs qui les ont ruinés, mais les conditions d’une hyperinflation à l’échelle mondiale sont réunies.

Cela signifie deux choses.

La première est que, face à ses élus, le peuple américain va se trouver en état croissant de révolte. Les moyens d’une répression violente ont déjà été réunis : la première brigade de combat de la troisième division d’infanterie se trouve affectée à l’intérieur même des Etats-Unis depuis le 1er octobre. Il s’agit d’une force mise sous le commandement du NorthCom (QG Nord) afin de faire face à toute situation d’urgence. Le 30 septembre, Stars and Stripes, une publication de l’armée américaine, a indiqué qu’une telle force pourrait être utilisée « pour intervenir en cas d’agitation civile et contrôler les foules ».

La seconde est que, dans le contexte de la crise sociale et morale que le plan Paulson aggravera, des préparations sont actuellement faites pour une intervention armée directe ou indirecte contre l’Iran.

Il n’est pas fatal que ces évènements se produisent. Cependant, comme l’a rappelé Lyndon LaRouche dans son intervention du 1er octobre sur Internet, le vice-président Cheney entretient depuis longtemps ce projet de frappe chirurgicale contre l’Iran avec des milieux israéliens et saoudiens, et il ne faut pas oublier que le grand père du président Bush, John Prescott Bush, a joué un rôle essentiel dans le renflouement du parti nazi en Allemagne par des banques anglaises et américaines. Il y a donc là un milieu propice aux pires aventures, dans le contexte d’une élection présidentielle dans laquelle les deux candidats dépendent du soutien de l’oligarchie financière.

Voici donc l’environnement international dans lequel se tient aujourd’hui à l’Elysée le sommet des quatre pays européens membres du G8. Il paraît bien que le résultat ne sera pas ni à la hauteur des ambitions de certains, ni des circonstances.

L’erreur de jugement la plus grave est de voir dans cette « crise » les seuls éléments monétaires et financiers, et de tenter en conséquence d’y apporter des solutions techniques. On parle de garantie européenne des dépôts bancaires, de mieux encadrer les agences de notation, de refonte du système comptable, de réfléchir sur les fonds propres des banques et les activités de titrisation (transformation de créances en titres financiers), de contrôler les paradis fiscaux et les hedge funds. Toutes choses utiles, mais qui ne traitent pas du fond du problème. De plus, comme l’a remarqué un diplomate français « il faudra six mois pour que la tuyauterie de la Commission accouche d’un texte ».

Alors il faut constater que les critères de Maastricht se sont effondrés, à un moment où déjà les systèmes financiers grecs et irlandais se désintègrent. Il faut donc prendre des mesures nationales d’urgence, si possible coordonnées, pour sauver les peuples et les économies sans plus attendre.

La France doit à cette fin proclamer que les articles 103 et 104 du Traité de Maastricht, et 123 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne ne peuvent plus être valables, et que l’émission de crédit productif public pour de grands travaux d’équipement de l’homme et de la nature doivent être lancés.

Du même élan, la France doit devenir un catalyseur du Nouveau Bretton Woods, enjeu de civilisation. Elle doit bien montrer qu’à l’échelle internationale, la voie pour un changement de système doit être dégagée par la mise en banqueroute organisée de ceux qui sont responsables de la situation actuelle et non par leur renflouement.

Il y va de la paix mondiale. La condition en est le développement mutuel. Tout ce qui l’empêche doit être sans tarder rejeté.