Les écrits de Lyndon LaRouche

Terreur sur la scène mondiale : le 1er avril du Président Bush

samedi 3 avril 2004, par Lyndon LaRouche

Le vendredi 2 avril, le Bureau américain des statistiques du travail (Bureau of Labor Statistics) a annoncé la création d’un nombre spectaculaire d’emplois pour le mois de mars aux Etats-Unis. A y regarder de près cependant, il s’agit d’un chiffre frauduleux, destiné uniquement à doper les chances de réélection de George W. Bush. Ces 308 000 « nouveaux » emplois incluent la réintégration dans leur poste de 10 à 20 000 grévistes, l’embauche de 71 000 saisonniers dans le bâtiment et 153 000 emplois « attribués », sans confirmation aucune, à des entreprises nouvellement créées ! Dans la déclaration ci-dessous, Lyndon LaRouche, candidat à l’investiture présidentielle du Parti démocrate, dénonce cette fraude et avertit qu’elle pourrait provoquer l’explosion du système monétaire international. Car l’annonce d’une croissance qui « crée des emplois » prépare les marchés financiers à une augmentation des taux d’intérêt par la Réserve fédérale cet automne. Les marchés obligataires l’ont bien compris et ont connu un plongeon record dès l’annonce de cette statistique alors que, par ailleurs, les indices boursiers, eux, affichaient de fortes hausses. Toute augmentation des taux d’intérêt dans un système dont l’endettement public et celui des ménages, notamment en matière de crédits hypothécaires consacrés au logement, a atteint un taux record, risque de provoquer à tout moment une explosion du système.

Cette année, le premier avril avait un jour de retard.

Vendredi 2 avril. En concoctant, avec le président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, un rapport frauduleux destiné à convaincre les plus crédules qu’il y a actuellement une amorce de reprise dans une économie américaine trébuchante, chancelante et délabrée, les arsouilles et les parasites qui constituent l’équipe des stratèges électoraux du président George W. Bush, Jr. ont réussi l’un des coups de pub le plus idiots de l’histoire moderne.

Depuis quelques jours, l’exécuteur des basses œuvres s’était absenté, mais le voilà de nouveau sur la scène. Il se peut que le système financier mondial n’explose pas dès lundi, mais ce pauvre idiot de Bush a enclenché le détonateur ; le champ de mine financier mondial pourrait exploser dans le courant de la semaine, comme il peut ne pas le faire, mais il peut désormais sauter n’importe quelle semaine, ou n’importe quel jour. L’illusion que l’explosion du système monétaire et financier mondial pourrait être reportée au-delà des élections présidentielles américaines de novembre a déserté le ministère de l’économie pour s’installer au ministère de psychopathologie clinique.

A noter, la pathétique réaction du prétendant à la nomination présidentielle du Parti démocrate, le sénateur John Kerry. Que cette sotte déclaration du sénateur Kerry vienne de sa propre initiative ou résulte des fortes pressions exercées par les cercles du DNC* n’est pas une question tranchée. Néanmoins, le fait de prononcer une telle déclaration nous avertit qu’il n’est pas encore à la hauteur du défi de la prochaine présidence des Etats-Unis. A moins qu’il me soit permis de prendre la direction de la campagne des démocrates de 2004, Kerry, avec ses conseillers actuels, s’avérera assurément un désastre.

Ce n’est pas seulement Kerry, mais aussi tout le groupe des dirigeants démocrates menant la campagne de 2004 qui se sont totalement plantés. Le président Bush est de toute évidence un cas désespéré, mais la direction actuelle du Parti démocrate ne vaut guère mieux. La question déterminante reste cependant : le jugement des électeurs est-il, lui, vraiment meilleur ?

1923 et maintenant

Ceux qui ne connaissent rien ou presque à l’économie (comme le baby-boomer typique qu’on trouve aujourd’hui parmi les officiels du gouvernement, les professeurs d’économie des universités, les PDG ou les journalistes en général) me mettent au défi : « Comment osez-vous prétendre pouvoir prédire un crash ? Vous êtes quoi, une sorte de cinglé des théories conspirationnistes ? Montrez-moi votre palmarès à Wall Street, comme preuve de vos prédictions. »

Premièrement, je ne prédis jamais : je laisse les prédictions aux imbéciles qui refusent de reconnaître que l’histoire est celle des choix politiques volontaires. Je prévois en tenant compte du facteur volontaire de l’économie. Laissons ces geignards plaintifs expliquer comment et pourquoi j’ai été, preuves en main, le prévisionniste économique à long terme le plus efficace durant les quatre décennies passées. Je me fonde en priorité sur les tendances à long terme de l’économie physique, plutôt que sur les seules tendances monétaires et financières.

Deuxièmement, les développements que je prévois sont de deux sortes : d’abord, l’entrée de l’économie dans un domaine de son histoire appelé « condition limite » ; ensuite, je décris cette condition limite dans les termes des principaux choix de politique, entre lesquels la société se prononce en se rapprochant de cette condition limite.

Pour résoudre le genre d’effondrement international que l’imbécile administration Bush a mis en branle vendredi, il nous faut reconnaître comment les décisions prises au cours d’octobre et de novembre 1998 revinrent à dresser « un mur d’argent » face à la menace d’un effondrement général des marchés mondiaux des produits dérivés. Depuis cette époque, le taux de création de nouveaux volumes de monnaie nécessaires pour soutenir les marchés financiers en les inondant, a généré une spirale accélérée d’inflation mondiale. Cette situation peut être comparée à celle de l’Allemagne de 1923, lorsque la tentative du gouvernement allemand de soutenir l’économie en faisant tourner la planche à billets déclencha, entre juin et novembre 1923, l’hyperinflation qui dévasta le système financier de Weimar.

Dans une économie soumise après 1987 aux politiques du système de la Réserve fédérale d’Alan Greenspan, l’inflation ne peut être contrôlée, principalement, que par le pillage de la richesse physique des populations américaine et des pays étrangers. Alors que ce pillage approche une limite asymptotique, le taux d’hyperinflation nécessaire pour éviter un effondrement systémique tend à prendre une direction de plus en plus verticale, comme ce fut le cas dans l’Allemagne de 1923. L’accroissement de cette courbe d’hyperinflation s’approche de ce que les physiciens appellent une « condition limite ». A ce point-là, une désintégration générale du système monétaire et financier existant devient inévitable, comme aujourd’hui dans le cas des Amériques, du Japon et de l’Europe occidentale et centrale.

Lorsque l’on entre dans cet état limite, de légères perturbations suffisent pour déclencher le genre d’implosion implicite dans toute spirale hyperinflationniste, comme la spirale de « John Law ». Une gestion prudente peut retarder l’explosion, dans une certaine mesure ; des mouvements intempestifs auront un effet comparable à ce qui arrive lorsque l’on marche sur le détonateur d’une mine. Le 2 avril 2004, sans idée aucune de ce qu’il faisait, ce pauvre idiot de président Bush a enclenché un détonateur qui n’attendait que lui. Belle façon de fêter le premier avril, même avec un jour de retard !

Ce que nous devons faire

Pour faire face à un système inflationniste qui atteint son seuil critique, aucun rafistolage obéissant aux règles de ce système ne permettra d’écarter la menace d’un effondrement physique généralisé de l’économie. Seul un changement soudain et radical des règles du jeu peut prévenir le genre de catastrophe, autrement inévitable, qui menace dès maintenant les Etats-Unis et sa population, alors qu’un sénateur Kerry, bien intentionné mais ignorant en économie, s’égare et trébuche sur les défis que posent les événements de vendredi après-midi.

Les changements qui sont requis aujourd’hui font écho à la solution que le président Franklin Roosevelt apporta à la dépression créée par ses prédécesseurs de droite que furent Coolidge, Mellon et Hoover. Le précédent de Roosevelt doit être notre choix pour trois raisons qui se recoupent.

Tout d’abord, il représente un précédent couronné de succès dans des circonstances qui ressemblent fort à la crise finale qui nous frappe aujourd’hui.

Ensuite, bien que, sur le papier, des variantes puissent fonctionner aussi bien, voire mieux, que les mesures introduites par Franklin Delano Roosevelt, il nous faut éviter toute action drastique et soudaine qui ne s’appuie pas sur le crédit passé, prouvé, d’un précédent ayant relativement réussi, de préférence tiré de l’expérience de la même nation. C’est la raison pour laquelle aucun candidat présidentiel ne pourrait être véritablement qualifié pour le genre de crise auquel nous sommes immédiatement confrontés, aujourd’hui, à moins qu’il ou elle ne soit un inébranlable représentant de l’excellente tradition de la démocratie de Franklin Roosevelt. Une compréhension critique des précédents pertinents est le principe premier d’une bonne pratique de la politique.

Enfin, l’obstacle le plus immédiat à toute tentative de reprise réussie vient de la même oligarchie financière internationale que celle des banquiers qui, associés à Montagu Norman en Angleterre et Hjalmar Schacht en Allemagne, mirent au pouvoir les alliés de Hitler dans les régimes fascistes d’Europe continentale entre 1922 et 1945. Le spectacle obscène des efforts déployés pour tenter de recouvrer la dette argentine est un exemple de la mentalité et des méthodes de cette même oligarchie financière, aujourd’hui comme alors.

Un Parti démocrate en quête d’argent pour sa campagne tend ainsi à rechercher un soutien financier là où il est apparemment disponible, c’est-à-dire auprès du même type d’oligarchie financière qui a précédemment donné au monde Mussolini, Hitler, Franco, etc., entre 1922 et 1945. C’est la raison pour laquelle le porte-parole du DNC, Terry McAuliffe, se comporte de façon aussi insensée.

Actuellement, aux Etats-Unis, il n’existe qu’une alternative à une dictature des banquiers. Au lieu de courir après l’argent, comme le fait aujourd’hui le DNC, l’on doit se fonder sur une mobilisation du peuple, particulièrement les 80% des familles à plus bas revenus, que le DNC a si lamentablement traitées pendant une trentaine d’années. Je parle au nom de l’intérêt du peuple, de tout notre peuple, comme en attestent les principes de la loi naturelle inscrits dans notre Déclaration d’Indépendance et le Préambule de notre Constitution fédérale.

Peuple, fais ton choix ! Choisis ton candidat, sinon les banquiers, qui possèdent virtuellement les machines des partis, le feront à ta place, comme ils l’ont fait en Allemagne, en janvier et février 1933.


Note : * DNC : Démocratic National Committee, ou Comité National du Parti Démocrate.