Brèves

Peut-on attendre un sursaut de la Maison Blanche dans cette crise ?

vendredi 17 octobre 2008, par Lyndon LaRouche

17 octobre 2008 (Nouvelle Solidarité) - On réduit souvent la présidence des Etats-Unis à la figure pitoyable de George W. Bush, et on l’identifie toujours aux politiques désastreuse qu’elle a entreprise ou permise depuis la fin des années 1960. Lors de la conférence internet de Lyndon LaRouche le 1er octobre dernier, une personne a, d’une certaine manière, soulevé cette question en demandant à LaRouche quel est la marge de manœuvre dont dispose la présidence américaine dans cette crise financière et économique mondiale, étant donné que ni le président, ni les prétendants, qui sont tous deux hors-jeu sur cette question pourtant cruciale, ne semblent en mesure de pouvoir prendre les décisions radicales qui s’imposent.

Voici la réponse de LaRouche :

« Si vous pensez à l’histoire de l’Amérique et à sa présidence, c’est un concept bien différent de ce que l’on connaît en Europe. Ici, la présidence est, en fait, le gouvernement. Au fil des années, j’ai eu des relations, parfois très bonnes, avec différentes institutions gouvernementales. Mes fonctions font, essentiellement, partie du gouvernement. Ce n’est peut-être pas évident pour certains, mais j’y suis impliqué depuis longtemps, en coulisse. Et je bouscule les choses au sein de ce processus, avec plus ou moins de succès. Mais je comprends ce gouvernement mieux que tout candidat présidentiel en lice, ou potentiellement en lice.

« L’institution de la présidence n’est pas assimilable à un individu mortel. Elle a une fonction sacrée. Elle est le pivot central de notre Etat et de notre société. Si vous avez un bon à rien en guise de Président, cela ne veut pas dire que c’est lui qui dirige le pays. Il existe des processus dans la société qui s’articulent autour de la présidence, plutôt que de la personnalité de tel ou tel Président. Dans l’histoire des Etats-Unis, il est arrivé parfois, quoique relativement rarement, que le Président soit vraiment un digne représentant de la présidence.

« Un Président arrive, puis il s’en va. Mais autour de lui, il y a toutes sortes d’institutions qui, elles, restent. Elles sont là pour deux ou trois générations. Toutes ces personnes sont nécessaires pour que la présidence puisse fonctionner. Certaines ne font plus partie du gouvernement, mais seulement de la présidence, où s’exerce leur influence.

« Par exemple, lorsqu’un Président ou une présidence veulent formuler une politique, ils font aussi appel à des personnes extérieures au gouvernement, qui sont considérées comme faisant partie de l’esprit de formulation d’une politique.

« Il existe donc une continuité, sur plusieurs générations, du concept de la présidence, qui est caractéristique du gouvernement américain, et aussi d’autres institutions comme le Sénat et la Chambre des représentants, qui sont des auxiliaires de la présidence.

« Nous avons un système présidentiel, pas un système parlementaire. Et ce système est au-dessus du Président. Nous fonctionnons en termes de la présidence, pas du Président. Cela comprend tous ceux qui font partie du processus de délibération, dont le Président, la Chambre (qui exerce un certain contrôle sur la présidence tout en en faisant partie), de même que le Sénat.

« Nous n’avons pas une conception cartésienne des différentes parties de notre gouvernement, mais une conception riemannienne et leibnizienne. Notre concept de gouvernement repose sur Leibniz, il fonctionne de manière dynamique. Toutes les parties fonctionnent ensemble, ce ne sont pas des parties qui sont en friction, ou qui se heurtent et se repoussent.

« C’est là l’essentiel. Les morts sont toujours vivants parmi nous dans l’institution de la présidence. John Quincy Adams a apporté des contributions à la présidence qui sont encore vivaces aujourd’hui, intégrées dans le processus délibératif. Abraham Lincoln est toujours en vie. Idem pour George Washington et [Alexander] Hamilton. Roosevelt est encore vivant, bien que certains s’efforcent toujours de le tuer, comme George Soros et compagnie. C’est ce qu’il faut comprendre.

« Nous sommes immortels. Il y a un concept en théologie (chrétienne, notamment) qui est tout à fait en rapport avec cette discussion : la simultanéité de l’éternité. En tant qu’êtres mortels, notre corps meurt, mais nous continuons à vivre, d’une manière différente. Notre influence continue à rayonner. On voit cela dans sa forme la plus simple avec l’affection que peuvent porter les enfants au souvenir du dévouement de leurs grands-parents, ou au souvenir d’un héros dans la famille ou dans le quartier.

« Le processus de formation des idées se reflètent de différentes manières dans les générations suivantes. Et la présidence des Etats-Unis est conçue pour fonctionner ainsi. C’est un dépositaire de cette simultanéité de l’éternité, ayant un rôle à jouer dans l’univers pour toute l’humanité.

« Nous n’existons pas seulement pour nous-mêmes, pour protéger nos êtres ou nos biens. Nous existons pour tenter d’améliorer notre planète pour nos semblables, pour offrir un avenir meilleur à toute l’humanité. Nos institutions devraient vivre dans la simultanéité de l’éternité, afin que nous apportions notre contribution aux prochains et répondions à la responsabilité que nous a léguée le passé. Ainsi, les morts vivent en nous, et nous vivons dans les générations à naître. Voilà ce qu’est la présidence, pour qui le comprend véritablement. Pour qui comprend Lincoln, John Quincy Adams ou Benjamin Franklin.

« La présidence ne doit donc pas être considérée comme celle d’un individu, tel que ce pauvre mec qui l’occupe actuellement. Elle doit être vue comme une institution qui ne meurt pas, s’inscrivant dans la simultanéité de l’éternité, et dotée d’une mission envers l’humanité dans son ensemble. Elle n’est pas là seulement pour gérer nos propres affaires, mais pour contribuer au développement de chaque citoyen, ce qui participe au bien de toute l’humanité. Cette conception est essentielle.

« Je pense que peu de gens dans la génération des baby-boomers comprennent cette idée. Lorsque j’étais plus jeune, cette idée avait encore un sens pour les gens. Aujourd’hui, elle n’en a quasiment plus. Nous devons saisir ce sens de la simultanéité de l’éternité et considérer la présidence des Etats-Unis de ce point de vue. »

Voir la vidéo de la conférence du 1er octobre