Les écrits de Lyndon LaRouche

Les empereurs Bush et Néron

mardi 2 avril 2002, par Lyndon LaRouche

Parfois, je dois abandonner mon rôle principal - celui d’acteur sur la scène où l’histoire se déroule réellement - pour sortir momentanément de l’action afin d’adresser aux spectateurs un monologue sur les problèmes fondamentaux posés par les événements auxquels ils assistent sur la scène.

Considérez les méthodes brutales de suppression des informations en provenance de zones de guerre comme l’Afghanistan et le Proche-Orient, ainsi que l’absence virtuelle de tout véritable travail de journalisme dans les grands médias américains ou autres. Lorsque le citoyen est privé d’informations factuelles sur les grands événements de l’actualité, il est non seulement ridicule mais aussi immoral de lui demander de juger la situation à partir des « faits mis à sa disposition ». Quelqu’un doit s’avancer sur le devant de la scène, comme Shakespeare le prescrivait parfois, pour faire le point sur l’évolution du drame en cours. Le courant actuellement dominant dans les deux grands partis politiques américains, représenté par le président Bush et par les sénateurs McCain et Lieberman, poursuit des politiques visant à instaurer un « empire mondial éternel », dans une parodie de la Rome ancienne. Pour cette raison, entre autres, il est tout à fait opportun de comparer la farce tragique qui se déroule actuellement sur la scène du gouvernement américain au processus de dégénérescence précipitée de Rome, du temps des successeurs d’Auguste et de Tibère, notamment sous Caligula et Néron.

Bien entendu, vous ne trouverez pas, dans la Rome de 37 à 68 ap-J.C., de modèle exact de ce que représentent nos deux « empereurs » Bush [George Senior et George Junior]. Cependant, le principe tragique est similaire dans les deux cas et le profil politique actuel des Bush, Rumsfeld, Cheney, Wolfowitz, etc., présente de plus en plus de ressemblances funestes - les orgies sexuelles en moins - avec les caractéristiques « géométriques » du règne de Néron. Si vous lisez les récits de Tacite ou d’autres, datant de cette époque, vous serez horrifié par les similitudes entre le modèle tel qu’il se développa alors et celui qui menace de se développer aujourd’hui.

On peut distinguer deux différences majeures entre la situation des principaux acteurs de l’administration actuelle et la Rome de 37-68. D’abord, il y a l’héritage culturel de la Révolution américaine, qui a été si noblement défendu par les présidents Abraham Lincoln et Franklin Roosevelt. Deuxièmement, si l’idée du règne mondial d’un fascisme universel, du type prôné par Zbigniew Brzezinski, Samuel Huntington et Henry Kissinger, gagne du terrain, elle n’a pas encore triomphé. En effet, l’administration Bush va vraisemblablement se désintégrer en raison de son attachement à la dégénérescence économique et culturelle qui va en s’aggravant depuis plus de trente-cinq ans, atteignant aujourd’hui un stade très avancé. Ma responsabilité, et la vôtre, consiste à prendre ces deux facteurs exceptionnels comme prémisse stratégique sur laquelle nous mobiliser pour sauver cette nation, ainsi que le monde.

La situation actuelle sur scène

Les réactions exprimées par le président Bush, Donald Rumsfeld et Dick Cheney sur les situations en Afghanistan et au Proche-Orient et la désintégration accélérée du système monétaire et financier international actuel, traduisent une nation dont le dirigeant n’est pas dans l’univers réel, une nation obsédée par les mensonges délibérés destinés à perpétuer l’illusion selon laquelle une reprise économique est effectivement en cours. Comparez le contexte de l’incendie de Rome, du temps de Néron, aux développements survenus depuis le 11 septembre. Un règne nourri d’illusion marche triomphalement, comme un défilé de morts-vivants, rythmant sa cadence sur les roulements de tambour de ses propres illusions de plus en plus désespérées et hystériques. Le Président crie rituellement, comme la Reine dans le rêve d’Alice [aux pays des merveilles] : « coupez-leur la tête ! » Ainsi les cartes tomberont. Mais les roulements de tambours d’Afghanistan et du Proche-Orient annoncent le destin tragique des politiques économiques et stratégiques américaines actuelles.

C’est leur destin, mais probablement aussi le nôtre, de la même façon que Néron, dans sa fureur, ouvrit les veines et trancha la tête de tant de dirigeants et d’autres personnes dans la Rome de jadis.

Le but de cet aparté est de vous amener à comparer l’état mental évident de l’administration Bush à celui de Rome sous Néron. N’essayez pas d’établir un parallèle exact entre le règne de Néron et l’administration Bush. Mais appréciez les similitudes ironiques, les caractéristiques communes de ces deux circonstances spécifiques, par ailleurs si différentes. Pour distinguer les similitudes et les différences, la clé de voûte consiste à reconnaître que la politique américaine sous l’administration Bush s’oriente avant tout vers l’établissement d’une forme fasciste universelle d’empire mondial anglophone, qui est une tentative de parodier l’ancien empire de la Rome païenne.

Vous reconnaîtrez sans doute, dans l’opinion populaire de notre capitale, la même attitude insensée, dégoûtante, qui caractérisait l’opinion populaire du temps de Néron. Comparez les illusions de Néron et de son entourage à celles des milieux hégémoniques du gouvernement, du Congrès et des tribunaux fédéraux aujourd’hui. Vous verrez clairement la fatalité tragique qu’entraînent pour les Etats-Unis les implications des folies américaines en Afghanistan et du plein soutien au régime fasciste d’Ariel Sharon en Israël. Une opinion populaire soutenant de telles politiques est la marque d’une puissance mondiale auto-condamnée.

Saisissez l’immense folie de nombre d’entre vous qui croyez encore en une reprise qui n’existe pas. Reconnaissez comment votre crédulité creuse le trou qui menace de devenir une catastrophe nationale.

Ceci étant dit, je retourne à mon rôle dans la tragédie mondiale qui se déroule devant vous.