Les écrits de Lyndon LaRouche

Comment sortir de l’impasse

mercredi 11 septembre 2002, par Lyndon LaRouche

Webcast de Lyndon LaRouche le 11 septembre 2002

Le jour anniversaire de la commémoration du 11 septembre 2001, Lyndon LaRouche a tenu un webcast international, en direct, sur la nécessité d’empêcher une nouvelle guerre contre l’Irak et de proposer une alternative. En voici quelques extraits (le texte en anglais, dans sa version intégrale écrite et/ou vidéo, peut être consulté sur www.larouchein2004.com) :

Je voudrais parler de deux choses : la guerre et l’économie. De plus en plus de personnes haut placées aux Etats-Unis savent, au moins en partie, ce que je vais dire. Mais ils ne le disent pas. (...)

Il existe un problème qui est celui de la « petitesse » - non de la taille physique, mais de l’esprit et de la morale. Les Américains ont perdu une bonne partie de la capacité de penser et de l’aptitude morale qu’ils avaient autrefois. Et il manque de dirigeants pour les éveiller en eux. Nos dirigeants sont incompétents.

Or, que fait le citoyen moyen ? Ceci est valable pour tout un chacun, qu’il soit haut placé ou en bas de l’échelle sociale. Chacun pense qu’il n’y a, dans la société, que des « tendances » sur lesquelles il n’a aucune influence. On reste les bras croisés en attendant l’évolution des tendances, en ne disant que ce qui n’est pas dangereux à dire — mais certainement pas la vérité. (...)

Quand on demande à un politicien ce qu’il pense, il répond : « Je n’ai pas encore lu les journaux aujourd’hui. » Il attend qu’une autorité lui dise ce qu’il doit penser ou dire. Et très bientôt, il n’osera même plus penser du tout. Ce sont des couards. La couardise est présente dans presque toutes les institutions. (...)

Guerre et crise économique

La guerre (qui se prépare contre l’irak, ndlr) est comme un homme assis dans un appartement, une lueur de folie dans le regard, qui retient une famille en otage avec un fusil à canon scié. La réalité ne dicte pas ce qu’il va faire. Il a un plan en tête et il est déterminé à le mettre en oeuvre, sans la moindre considération pour la réalité du monde extérieur. Voilà ce qu’est notre gouvernement. Un homme armé d’un fusil, tenant la nation et le monde en otage.

Nous avons un gouvernement déterminé à partir en guerre dès maintenant, dans le seul but de faire la guerre ! Non pas parce qu’il y aurait un casus belli avec l’Irak. Non pas parce qu’il y aurait un casus belli au Proche-Orient. Mais parce qu’il est déterminé à partir en guerre, quoi qu’il arrive.

« Pour quel motif faites-vous la guerre ? » « Cela n’a pas d’importance, répond Rumsfeld. Nous allons faire la guerre ! Et ce n’est pas vous qui nous en empêcherez ! » « Sur quelle base choisissez-vous cet ennemi ? » « Eh bien, nous estimons... » « Quelles sont vos preuves ? » « On ne peut pas vous le dire. »

Puis ils ressortent ce qu’ils appellent des éléments de preuve et des mensonges réchauffés, parfois vieux de deux ans, voire plus.

Ils sont déterminés à partir en guerre, bien que toutes les nations européennes y soient opposées (y compris les Anglais, avec certaines réserves). La Russie est contre la guerre. l’Asie est contre la guerre. La plupart des gens aux Etats-Unis sont aussi contre la guerre, mais les médias en parlent peu. Le monde entier est contre la guerre. Il n’y a qu’une poignée de cinglés, en Israël et aux Etats-Unis, qui soit pour. Personne d’autre. (...) Pourquoi ferions-nous la guerre ? Si l’on part en guerre, ça doit être dans le but de faire la paix. (...) Si le but d’une guerre n’est pas d’établir la paix, il ne faut pas l’entreprendre.

Nous avons déjà eu une guerre longue, interminable, au Vietnam, en Indochine. Une guerre qui a failli détruire les Etats-Unis pour l’avoir menée. C’était une guerre perpétuelle, sans objectif, faite pour orchestrer des événements mondiaux, mais non dans un but positif.

Certains officiers supérieurs, qu’ils soient à la retraite ou d’active, se souviennent encore de cette époque et rejettent cette répugnante idée de faire la guerre. Ils ont servi comme jeunes officiers en Indochine. Ayant étudié la guerre plus sérieusement, d’après leur expérience personnelle, ils disent aujourd’hui : « Ce que vous proposez n’a pas de sens. C’est de la folie. » Aucun officier compétent ne conseillera au Président des Etats-Unis de se lancer dans cette guerre.

Mais qui donc pousse le Président à faire la guerre ? Une bande d’anciens réfractaires, des poules mouillées qui n’ont jamais fait leur service militaire. Aujourd’hui, ils brûlent de commencer une guerre, tandis que les militaires compétents disent, « Ne faites-pas ça ! » Enfin, il y a le Président, dont on ne sait pas ce qu’il pense vraiment. (...)

Parlons du deuxième problème : la crise économique. Le système monétaire et financier international actuel vit ses dernières semaines ou, tout au plus, ses derniers mois. L’économie du monde entier, y compris l’économie américaine, se désintègre. Personne ne peut l’arrêter. Si vous en connaissez les facteurs, vous savez que rien ne permettra d’éviter une dépression pire que celle de 1929-33, à moins de changer de système.

L’histoire des « utopistes »

Retournons en 1944, en juin-juillet de cette année-là. Les Etats-Unis et leurs alliés ont débarqué avec succès en Normandie. Ils combattent pour réussir la percée. A ce moment-là, avec la campagne de MacArthur dans le Pacifique, la victoire était si assurée que même le maréchal Montgomery n’aurait pu faire en sorte qu’elle nous échappe. Il réussit néanmoins à la retarder de six à neuf mois.

L’issue de la guerre était déjà décidée. A ce moment, le Parti démocrate allait tenir sa Convention pour choisir un candidat à la présidence et à la vice-présidence. Henry Wallace devait être le candidat à la vice-présidence, afin d’assurer un nouveau mandat avec Franklin Roosevelt. Mais certains ne le voulaient pas. Leur raisonnement était le suivant : « Le Président va être élu pour un quatrième mandat. Il a sorti les Etats-Unis de la dépression, nous a engagés dans cette guerre et d’autres périls, et fait en sorte que les Etats-Unis se retrouvent, après la guerre, non comme la plus grande puissance, mais comme « la seule puissance mondiale ». Mais nous n’aimons pas ce Président. Maintenant que la guerre est gagnée, nous n’avons plus besoin de lui. C’est un homme malade et nous ne voulons pas d’un successeur [le vice-Président] qui réalise ses plans pour l’après-guerre. » On a exercé beaucoup de pression pour écarter Wallace et le remplacer par un idiot nommé Harry Truman. (...)

Au printemps et à l’été 1945, les Etats-Unis avaient gagné la guerre en Europe et étaient sur le point de vaincre le Japon. Nous attendions la paix, car le Japon était déjà battu. La politique du général MacArthur consistait à ne pas attaquer une nation vaincue, il n’y avait plus qu’à attendre la paix.

Mais certains aux Etats-Unis, à l’incitation de cercles autour de Bertrand Russell - l’une des créatures les plus fascistes et vicieuses qui ait jamais vu le jour - poussaient pour qu’on largue deux bombes atomiques sur la population civile japonaise - sans aucune raison militaire. (...)

Cela veut dire que depuis un certain temps déjà, une force centrée en Grande-Bretagne, qui avait toujours été hostile aux Etats-Unis et le reste aujourd’hui, avait l’intention d’éliminer les Etats-Unis et d’autres nations qui essayeraient de les imiter, en mettant en place un gouvernement mondial — pas d’un seul coup, mais progressivement. Ce plan avait été esquissé en 1928 par H.G. Wells, un collaborateur de Russell, dans son livre The Open Conspiracy, où il proposait une « utopie ». Dès 1913, dans la préface d’un autre livre, Wells préconisait l’utilisation d’armes atomiques comme instrument de terreur. Leurs effets seraient si terribles que, plutôt que de se lancer dans des guerres, les gouvernements préféreraient se soumettre à un gouvernement mondial. Tel était le but des « utopistes » (...)

Pour y parvenir, une certaine faction anglo-américaine eut l’idée de développer une nouvelle branche : l’armée de l’Air. Celle-ci devait supplanter la puissance navale comme moyen de dominer le monde. Au départ, on pensait à une puissance anglo-saxonne regroupant les forces du Royaume-Uni, du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, ainsi que des Etats-Unis. Elle pourrait diriger le monde comme un empire anglophone ou quelque chose de ce genre, en obligeant les Nations unies - ou une autre instance - à faire office de gouvernement mondial, se faisant respecter à l’aide de sa puissance aérienne, maritime et de ses arsenaux nucléaires.

Plus tard, sous la direction d’Allen Dulles, on y ajouta les « unités spéciales », dans le secteur dit « opérations spéciales », qui regroupaient toutes sortes de mercenaires, de soldats professionnels, d’officiers à la retraite et d’autres cinglés. Elles ont été déployées pour la première fois dans les années 60, pendant la présidence de Kennedy.

Ces trois éléments pris ensemble - puissance aérienne, armes nucléaires et forces spéciales (en dehors de l’armée officielle) - devaient constituer le credo de la « faction utopiste ». Le président Eisenhower l’appelait le « complexe militaro-industriel ». Cette idée ne venait pas des militaires eux-mêmes. Il n’était plus question de mener une vraie guerre, mais plutôt d’aller tuer tel ou tel chef d’Etat ou de massacrer des gens. Organiser des « opérations spéciales » pour faire en sorte que deux pays se massacrent mutuellement. (...)

C’est Allen Dulles, en tant que directeur du renseignement, qui a mis ce projet en route. Néanmoins, sous la présidence Eisenhower, il y avait des limitations à ce que pouvait faire cette faction. (...) Mais après le départ d’Eisenhower de la Maison Blanche, il n’y avait plus personne parmi les dirigeants américains qui comprenne la nature du contrôle exercé par ces utopistes sur la défense. John Kennedy avait de bonnes intentions, mais il ne comprenait pas ce problème à l’époque. C’est probablement peu avant son assassinat, à la suite d’une conversation avec le général MacArthur, qu’il commença à cerner le problème. Kennedy voulait que les Etats-Unis reviennent à la tradition de Franklin Roosevelt, mais il ne comprenait pas entièrement la nature de l’ennemi qu’il devait combattre. Et ils l’ont assassiné.

En Italie aussi, ils ont tué Mattei. Ils ont écarté MacMillan du pouvoir à Londres au moyen du scandale Profumo. Ils ont contraint Adenauer à une retraite prématurée en Allemagne. Et après l’assassinat de Kennedy, ils nous ont attirés dans la guerre du Vietnam. C’est alors que le caractère des Etats-Unis a commencé à changer. (...) A partir de la guerre d’Indochine, on a assisté à une série de transformations qui furent consolidées par Nixon — qui n’était qu’une marionnette de Kissinger. Dès lors, d’une société de production, nous nous sommes transformés en société de consommation.

On peut comparer ceci à l’histoire de la Rome ancienne. Après la deuxième guerre punique, Rome vécut un changement social interne, s’éloignant du modèle de Cicéron pour se tourner vers une nouvelle forme de société d’où devaient émerger César, Auguste, Tibère, Néron et Caligula. Au lieu de compter sur ses propres forces productives, Rome s’appuya de plus en plus sur le pillage de pays tributaires. (...)

C’est de cette façon aussi que les Etats-Unis ont évolué depuis cette période de 1971 à 1973. Nous avons mis fin au système monétaire basé sur un taux de change fixe, qui nous avait bien servi dans l’après-guerre, comme à l’Europe et au reste du monde. Nous avons choisi un système de taux de changes flottant, contrôlé par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Nous avons forcé d’autres nations à dévaluer leur monnaie, de façon à pouvoir leur acheter leurs produits à bon marché. Au point où nous nous sommes dits que les travailleurs américains ne pouvaient plus concurrencer les salaires d’esclave dans ces pays. Ainsi, depuis le printemps et l’été 1982, nous avons systématiquement détruit l’Ibéro-Amérique. (...)

Nous sommes devenus le parasite du monde. Nous vivons de la substance de la Chine et de l’Asie en général, de l’Amérique ibérique et de l’Afrique. Nous avons encouragé des guerres en Afrique pour promouvoir la réduction démographique de ce continent. Voilà le genre de nation que nous sommes devenus... sous l’influence des utopistes. (...)

Ce qui est décisif dans la guerre n’est pas la capacité de tuer le plus vite possible un maximum d’ennemis. Ce n’est pas comme cela que nous avons gagné la Deuxième Guerre mondiale. Pour gagner la paix, on doit se développer, être rationnel et généreux et posséder une supériorité logistique. Les utopistes pensent tout autrement. Avec Brzezinski, Huntington et d’autres cinglés, on a introduit la politique utopiste consistant à tuer le plus de gens possible.

(Ici, LaRouche s’est référé à un tract de son mouvement sur le « facteur israélien » dans la politique de guerre, rappelant comment les disciples de Vladimir Jabotinsky se sont imposés en Israël, avec Netanyahou, Sharon et Shamir.)*

Lorsqu’ils eurent pris le dessus, Israël devint l’instrument de certains intérêts anglo-américains. Des cercles venant d’Amérique et d’Angleterre ont créé en Israël une force qui représentait l’opposé de tout ce que défendaient Nahum Goldman et Ben Gourion. Ces forces anglo-américaines utilisent Israël dans leur propre intérêt. Israël est comparable aujourd’hui à une grenade qui peut se jeter contre ses voisins, mais si elle fait cela, elle s’autodétruira. Et c’est bien leur intention !

(LaRouche a ensuite engagé une réflexion sur l’économie, le développement infrastructurel et le rôle spécial que doivent jouer les Etats-Unis dans ce contexte, pour conclure :)

Nous, aux Etats-Unis, devons faire revivre notre véritable tradition, le legs qui nous est propre. Nous devons défendre nos véritables intérêts. Je ne suis pas un grand génie, mais il semble que je sois le seul à savoir quoi faire dans cette situation. Je sais comment amener l’Europe et l’Asie à coopérer avec nous. J’essaie d’y faire participer aussi le monde musulman. Je voudrais que la Chine, la Corée, le Japon, la Russie, l’Inde, le Pakistan et le Proche-Orient soient avec nous.

Notre destinée, en tant qu’Etats-Unis, n’est pas d’être un empire, mais, comme l’avait proposé le secrétaire d’Etat, John Quincy Adams, pour les Amériques, notre intérêt consiste à former une communauté d’Etats-nations souverains, unis dans une communauté de principes. Pas d’empires, pas de soumission, mais la coopération. Et je sais comment le réaliser.

* Voir aussi Nouvelle Solidarité du 6 septembre 2002, « Le Likoud, parti du fasciste Vladimir Jabotinsky ».