Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Ce que je peux dire

mardi 22 septembre 2009, par Jacques Cheminade


Par Jacques Cheminade


Voici venus les temps de dire la vérité. Le rôle politique que j’ai assumé me le permet. C’est l’avantage d’être un exclu du système.

Les Français ne peuvent pas voir les racines du mal parce que personne ne les éclaire. Mon métier est de le faire.

La trahison fondamentale du gouvernement Sarkozy s’est manifestée après son discours de Toulon, lorsque Eric Besson a reçu Tony Blair à Paris, les 8 et 9 janvier de cette année. Depuis, au G20 de Londres, on s’est gavé de paroles. Aujourd’hui, au G20 de Pittsburgh, ce ne peut être que pire : l’illusion stupide d’une reprise, une reprise sans emplois, sans consommateurs et sans investissements industriels, sert d’excuse pour paralyser les initiatives et plus que jamais servir les casinos financiers. Wall Street et la City veulent que rien ne change. Obama se soumet, tandis que la France et l’Allemagne s’unissent pour hausser le ton sur les bonus des traders et le réchauffement climatique, courant après des boucs émissaires pour ne pas affronter les vrais responsables.

La vérité est que le système en place détruit la production et l’emploi, ceux des travailleurs de l’automobile comme ceux des producteurs de lait. On parle de régulation mais c’est tout le système qu’il faut changer. Le monétarisme, libéral ou dirigé à la mode de Keynes, a creusé sa propre tombe. Il faut passer à un nouvel ordre de crédit productif public, dans lequel l’Etat sert l’équipement de l’homme et de la nature, le travail et la production, et non les émetteurs de capital fictif. En clair, les salariés, les agriculteurs, les artisans et les PME doivent redevenir les gagnants, et les établissements financiers interdits de salles de jeu et contraints à servir le bien commun et les générations futures.

En changeant de culture : à un univers défini par les possessions et la déification du témoignage des sens, substituer un monde du devenir et de la création. Cela veut dire faire revivre la culture de l’imagination et des idées par delà les formules et les instincts, une culture qu’il faut arracher à la catastrophe du siècle de guerres mondiales entamé à la fin du XIXe. La destruction financière de ces quarante dernières années nous a amenés à un point de non retour : soit nous continuons et nous aurons ce siècle passé en pire, à l’échelle du monde, soit nous changeons et nous pourrons continuer l’histoire de l’exploration humaine.

Pour cela, il faut éradiquer deux illusions. Celle d’un écologisme devenu un obscurantisme irrationnel et celle de la croyance en l’Administration Obama. L’intoxication a atteint chez nous un sommet et les Français ne comprennent rien à ce qui se passe en Amérique. Comme si un gouvernement qui renfloue Wall Street et sert les sociétés d’assurance, le cœur même du capital fictif, pouvait en même temps présenter une réforme de la santé publique dans l’intérêt de l’humanité !

Cessons donc de nous comporter en ânes savants et en imbéciles heureux. L’UMP tente de mettre le peuple en fiches, avec l’agence Isobar, et les oppositions socialistes bêlent après Obama comme autant de moutons de Panurge. Elles ne seront rien tant qu’elles n’auront pas jeté le Mitterrand de l’Entente cordiale avec Margareth Thatcher aux poubelles de l’histoire, et relu Jaurès et Rosa Luxemburg dans le texte. J’ajouterais surtout LaRouche, au risque de bourrer l’urne de leur esprit.