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Toulouse passe à la vitesse supérieure

mardi 6 octobre 2009

Par Jean Jauret, Toulouse

« Il y a, à l’heure actuelle, comme un réveil de religiosité, on rencontre partout des âmes en peine cherchant une foi, à moins que ce ne soient des plumes en peine cherchant un sujet. […] On supplée à la recherche par l’inquiétude ; cela est plus facile et plus distingué. […] C’est une ère d’impuissance raffinée et de débilité prétentieuse qui ne durera pas. » C’est le portrait que Jean Jaurès brosse de « l’élite » de son époque dans sa thèse De la réalité du monde sensible, écrite en 1891. C’est ce même constat d’une « société oligarchique » qu’a dénoncé Jacques Cheminade devant la vingtaine de personnes présentes ce lundi soir à Grenade, près de Toulouse.

 

C’est évidemment le « comment changer les choses ? » qui a motivé les questions des participants. Mais comment répondre à une question qui n’est pas censée être pensée au sein d’un système monétaire ? En réconciliant « le réel et l’idéal » a répondu Jacques Cheminade, citant Jaurès. Un élément clé de cette réconciliation a été évoqué à travers l’écologie. Un participant a ainsi demandé : « Paradoxalement, les seuls à évoquer la notion de générations futures et à penser dans le temps long, ce sont les écologistes. » Or, a souligné Jacques Cheminade, « en voulant revenir à des modes de production d’énergie plus " doux", donc moins efficaces, ils mettent moins d’énergie à disposition de l’humanité ». S’ils combattent à juste titre les nucléocrates, qui ont subtilisé un outil technologique pour faire du profit, dans leur amalgame ils combattent également les pro-nucléaires. Ainsi, ils jouent le jeu des puissances financières. Sauf que le problème, ce n’est pas l’outil (le nucléaire), c’est le système monétaire dans lequel il est exploité.

Anticipant les temps à venir, un participant a regretté qu’il faille « en arriver à une catastrophe pour que la population se ressaisisse ». C’est oublier la victoire en huit heures de Roosevelt sur le monde financier ! (Le 9 mars 1933 à l’aurore, la « Loi bancaire d’urgence » est élaborée aux Etats-Unis, permettant de faire le tri entre les banques en bonne santé, celles qui ont besoin d’aides et celles insolvables. Le vote au Sénat se termine le même jour à 19h52. Roosevelt y appose sa signature à 20h37. L’ensemble du processus, de la première introduction de la loi à la signature finale, a pris huit heures.)

Un pot avait été organisé à la suite de la réunion. Un participant s’est enthousiasmé à la lecture du nouveau tract, prenant rendez-vous pour le lendemain soir afin d’organiser la diffusion. A l’occasion de cette réunion, un autre participant a pris conscience qu’il était nécessaire d’agir politiquement « en dehors des périodes de vote », faute de quoi la notion de « République » laisse le champ libre à celle d’oligarchie.

Grâce aux citoyens rencontrés sur le marché de Grenade à la recherche d’idées politiques qui dépassent les clivages politico-médiatiques, aux internautes qui consultent le site depuis plusieurs mois, aux abonnés à Nouvelle Solidarité et aux militants déjà actifs, la région toulousaine va pouvoir passer à une densité de pensée relativement supérieure.