Editoriaux

Désintégration

samedi 28 novembre 2009, par Jacques Cheminade


Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.


L’arrestation de trafiquants de graisse humaine au Pérou émeut nos consciences : un gang enlevait des paysans misérables, les tuait puis extrayait la graisse de leurs corps. C’est loin et dans un pays pauvre, diront les bonnes âmes. Au contraire, il s’agit de la loi du marché poussée à l’extrême, car le produit était revendu pour fabriquer des cosmétiques destinés à embellir d’autres corps mieux pourvus par la fortune. Le type de profit réalisé exprime la culture de la mort qui gagne nos sociétés.

Par rapport à ceux qui règnent aujourd’hui sur l’économie mondialisée et financiarisée, ces trafiquants péruviens ne sont en effet que des artisans du crime. Les opérateurs à grande échelle sont ceux qui émettent des sommes énormes pour renflouer les établissements financiers, les laissant spéculer à court terme plus encore qu’auparavant, sur des marchés encore plus opaques, au détriment de tout le secteur humain de l’économie. Ces émetteurs et trafiquants de capitaux fictifs ont ainsi créé un vampirisme financier qui se nourrit du travail humain et de la vie.

Lorsque nous dénonçons la City de Londres, Wall Street et le conglomérat d’intérêts de l’Empire britannique, il s’agit des auteurs de ce crime organisé de masse. Nous ne nous intéressons pas ici à l’économie en tant que telle mais comme enjeu de vie ou de mort. Le monde segmenté dans lequel nous vivons fait que certains de nos lecteurs ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre ce point. Ils séparent le social, le culturel, le financier, l’économique ou encore d’autres catégories. Ils se trompent ainsi totalement. La crise actuelle est une crise générale, dans tous les domaines. C’est une société qui se désintègre, et qui ne porte pas au sein d’elle-même les ressources pour se reprendre.

Tous les secteurs spéculatifs flambent tout à tour : actions, obligations, or, pétrole, matières premières. Non par nécessité physique, productive, mais comme enjeu de paris sur des prix futurs. Les dernières formes de « paris » atteignent les secteurs vitaux eux-mêmes : paris sur les contrats d’assurance-vie rachetés par Goldman Sachs, titrisés puis revendus, paris sur les droits d’émission de dioxyde de carbone, paris sur le prix des produits alimentaires. En bref, paris sur la vie, sur ce que l’on respire et sur ce que l’on mange. En même temps, les prix de ce qui se consomme et de ce qui équipe l’homme et la nature pour assurer l’avenir baissent, car le chômage augmente, les investissements reculent et les salaires sont alignés sur les plus bas.

Inflation du spéculatif, déflation du réel, baisse des niveaux de consommation et de vie, plus d’un milliard d’êtres humains souffrant de la faim et chez nous des millions s’alimentant de produits à date de péremption dépassée, glanés en fin de marché ou désormais volés : ce sont les manifestations d’une culture de la mort. La conférence de Copenhague, dans ce contexte, est criminelle : elle justifie par un réchauffement climatique, qui est une mystification, une réelle intention de dépeupler le monde.

En même temps, toutes les références sont brouillées à dessein : l’euthanasie et l’eugénisme sont de retour, sous des formes prétendument charitables, et l’homme est décrit comme un prédateur nuisible.

Jeanne d’Arc, sur une affiche d’Eurostar, défile avec un drapeau britannique, et Nicolas Hulot accompagne Copenhague avec sa prophétie catastrophiste écolo.

Qui ne se révolte pas devient complice.