Fiches-programme

Une Bretagne phare du monde, pas une loupiote !
La fraude des énergies renouvelables

vendredi 12 février 2010

Grâce au soutien apporté par notre classe politique – tous marchant d’un seul pas à la flûte des financiers – un effort énorme, subventionné massivement par les Etats et donc par les contribuables que nous sommes, s’est mis en route pour augmenter la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie à 23 % d’ici 2020. Le paquet-climat en voie d’application en Bretagne n’est que la déclinaison régionale de cette politique européenne.

Le boom de la bulle verte

Sur le total d’énergie primaire qu’elle consomme (7373 kilotonnes équivalent pétrole en 2008), la Bretagne ne produit que 8 %. Mais pour réduire cette dépendance, on ne nous propose pas un nucléaire plus sûr et performant comme nous le préconisons. Au contraire, l’Etat et les élus régionaux ont décidé d’organiser le développement ultrarapide de technologies du Moyen-Age, telles que moulins à vent, solaire, énergie marémotrice et même le retour aux chaufferies de bois pour l’habitat.

Résultat, les éoliennes connaissent une expansion fulgurante depuis 2006, date à laquelle démarrent les juteuses subventions aux renouvelables. Partant de presque zéro en 2000, en 2008 le parc d’éoliennes en Bretagne représentait, en puissance construite et accordée, 436 éoliennes pour une puissance totale de 691 MW. En 2010, la production devrait atteindre 15 % de la consommation des énergies primaires renouvelables, et 21 % en 2011.

Et Jean-Yves Le Drian, président du Conseil régional, a d’autres projets proprement éléphantesques. Cet homme qui ne craint pas de se montrer avec Arnold Schwarzenegger, le « terminator » de la Californie, déclarait en décembre 2009 que l’objectif régional de 1000 MW en 2010 dans l’éolien terrestre serait atteint et annonçait deux très gros projets d’éolien « off shore », de 500 MW chacun, pour 2015. Poweo est déjà dans les starting-blocks avec un projet de 35 libellules géantes prévues à une distance de 9 à 15 km du Cap d’Erquy, près de la baie de Saint-Brieuc.

Le solaire photovoltaïque (production d’électricité directement à partir de panneaux solaires) et thermique (qui transforme les rayons en chaleur pour le chauffage et l’eau chaude des habitats) connaît une progression tout aussi fulgurante. Presque inexistant en 2006, le photovoltaïque a produit près de 1 GWh en 2008, provenant de 660 contrats de particuliers qui s’équipent chez eux et revendent l’électricité produite à EDF, qui centralise la distribution. Du côté du thermique, 3000 installations couvrant 25 000 m² ont produit environ 10 GWh en 2008.

Deux autres renouvelables valent la peine d’être mentionnées tellement elles symbolisent ce retour en arrière. Beaucoup de Français sont toujours à se chauffer au bois bûche et en Bretagne, cet usage représente 56 % des énergies primaires renouvelables consommées en 2008. Pour faire face aux factures de chauffage, dans la journée, on réduit la température chez soi à 17 °C et le soir on fait l’appoint avec de petits chauffages au bois ! Grâce aux subventions publiques, les chaufferies de bois reviennent en force, atteignant 250 GWh de production en 2008 !

L’hydraulique représente enfin 9 % de la consommation d’énergies primaires renouvelables de la région en 2008. La quasi-totalité de cette source provient de l’énergie marémotrice captée par l’usine de la Rance (558 GWh de production en 2008). Les remarques de Charles de Gaulle inaugurant cette usine le 26 novembre 1966 sont tout à fait intéressantes. Après les éloges habituels sur le travail accompli, il dit à René Pléven : « C’est une magnifique réalisation qui fait honneur à notre pays. Mais je ne crois pas que nous en referons. Cela coûte trop cher. Et puis, il y a maintenant les centrales nucléaires. Enfin, cela permettra de développer le tourisme dans la région ! »

Des renouvelables aux frais du contribuable

Mais qui paie pour cette fuite en avant dans les renouvelables ? C’est le contribuable et le citoyen que nous sommes à qui l’Etat inflige une double peine : 1) nous payons d’abord pour les subventions aux renouvelables qui, sans cela, ne pourraient se développer, sous la forme de la Contribution au service public de l’électricité (CSPE) ; 2) nous payons ensuite l’endettement croissant de l’Etat, résultant d’une économie fondée sur des énergies dont l’effort mis à les produire est plus grand que celui qu’on en retire.

Pour bien comprendre la folie qui a saisi nos gouvernements et les gains fabuleux que certains retirent de la croissance verte, comparons les prix payés par EDF pour les différentes énergies. L’électricité provenant du nucléaire oscille entre 2 et 4 centimes d’euro par kWh. Pourquoi alors Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont-ils décidé d’accorder un prix de subvention de 8 centimes d’euro aux éoliennes, prix que les constructeurs tentent de faire monter à 16 centimes le kWh pour l’éolien « off shore » ? La subvention délirante de 58 centimes accordée au solaire intégré au bâti a même abouti à une spéculation folle fin 2009, obligeant l’Etat à dénoncer tous les contrats passés à partir du mois de novembre. Craignant une réduction de la subvention en 2010, la demande de contrats pour les subventions est passée soudain de 5000 par mois à 3000 par jour ! Garantis par l’Etat pour une durée de 20 ans, ces demandes auraient porté l’ardoise de l’Etat à 56 milliards d’euros d’ici 2020 et augmenté nos factures de 11 % pendant la même période !

Le Moyen-Age camouflé par la modernitude

La clairvoyance du général de Gaulle fait que la France dispose aujourd’hui, avec le nucléaire, d’une énergie abondante et bon marché, indépendamment des aléas géopolitiques. Le nucléaire fourni 70 % de l’électricité que nous consommons, à des prix hors concurrence et pour un rendement énergétique à des années lumière des autres énergies. Rien ne justifiait l’abandon du privilège du nucléaire, rien, si ce n’est la croisade du réchauffement climatique avec tout ce qu’elle a d’idéologique (promotion d’une vision malthusienne réactionnaire chère à l’Empire britannique) et tout ce qu’elle a d’un énorme business – spéculation financière sur les droits aux émissions de CO2 dans des bourses de carbone, et une croissance verte dont les investissements massifs ont dopé les affaires de l’oligarchie au pire moment de la crise. Sous prétexte de créer des emplois non délocalisables, l’Etat finance ainsi des chimères énergétiques et nourrit, avec l’argent du contribuable, la rente publique qui fait vivre une foule de profiteurs et de spéculateurs.

Même dopées à l’électronique, les renouvelables ne pourront pas nous assurer un niveau de vie comparable à celui des meilleures années d’avant crise, pas plus qu’un cavernicole pendu à son iPhone ne serait capable de construire une société de progrès.

Le critère décisif

Chaque source d’énergie a une capacité intrinsèque de fournir un travail qui correspond à sa « densité de flux par unité de surface et par opérateur ».

Le rendement des éoliennes dépend des aléas du climat. Une éolienne de 2 MW de puissance ne fonctionne à plein rendement qu’une partie du temps. Son taux de « charge » n’est que de 15 à 20 % pour les éoliennes terrestres et de 35 % pour une éolienne off shore. Une centrale nucléaire, en revanche, fournit presque toute sa puissance (98 %) jour et nuit.

Pour le solaire, sa capacité de travail est définie par l’ensoleillement. Mesurée en watt par mètre carré à la surface de la terre, cette densité de flux d’origine est dans nos latitudes de 200 à 350 W/m². Même si toute l’énergie solaire captée pouvait être convertie, elle n’alimenterait, pour 1 m² de surface, que deux ampoules de 100 W, et ceci seulement dans la journée ! L’Australie songeait à construire la plus grande centrale solaire photovoltaïque du monde utilisant des collecteurs solaires héliostatiques ultramodernes. Elle aurait coûté 420 millions de dollars pour une capacité totale de 154 MW, avec un taux de charge effectif de 270 GWh annuels. Une centrale d’un GW de puissance effective coûterait environ 13,6 milliards de dollars, contre 2 milliards pour une centrale nucléaire ordinaire. Et nous n’évoquons pas ici le temps de construction ni l’espace occupé.

Autre mesure clé du rendement énergétique des différentes sources, la quantité de combustible nécessaire pour générer la même quantité d’énergie. Le tableau ci-dessous montre qu’avec un grain d’uranium, on peut produire autant d’énergie qu’avec 23,5 tonnes de bois sec !