Brèves

Allemagne : la campagne du Büso pour la réindustrialisation de la Ruhr

mardi 9 mars 2010

En mai prochain, des élections régionales auront lieu en Rhénanie du nord-Westphalie (NRW), le land le plus peuplé d’Allemagne avec 18 millions d’habitants. Depuis plusieurs mois, notre parti frère en Allemagne, le Büso (Mouvement des droits civiques – Solidarité) dirigé par Helga Zepp-LaRouche, y prépare sa campagne sur le thème de la réindustrialisation. Voici, sous une forme très abrégée, un article qui trace quelques pistes.


De Duisbourg jusqu’à Mars
par Rainer Apel


Si vous saviez à quel point, depuis une décennie, une étrange coalition de libre-échangistes, de fonds spéculatifs et d’écologistes radicaux a mal géré et quasiment gâché la Rhénanie du nord-Westphalie, jadis le cœur de l’Allemagne !

A cette heure tardive, dans les friches industrielles, on n’entend plus que le braillement de quelques chanteurs de rock, dans les sites miniers à l’abandon, on expose des figurines de dinosaures en résine et sur le site où l’on aurait voulu admirer un des premiers surgénérateurs du monde, on vous propose un tour de manège !

Ceux qui rêvaient d’imposer, en 1945, le « plan Morgenthau » pour transformer l’Allemagne en terrain vague bucolique, se frottent aujourd’hui les mains. Seules les parties rhénanes et westphaliennes de NRW ont quelque peu échappé à la débâcle. En tout cas, pour les électeurs, avec un SPD favorable à l’austérité sociale et une chancelière annonçant qu’elle n’exclut plus une alliance « noire-verte » (CDU-Verts), le Büso représente la seule alternative.

Car la NRW possède d’excellents atouts pour jouer un rôle de premier plan dans la reconstruction économique mondiale, aussi bien en tant que producteur de biens industriels qu’en tant que fournisseur d’idées.

A la limite occidentale du land, situé au confluent du Rhin et de la Ruhr, la ville de Duisbourg-Ruhrort, employant 30000 personnes, est le plus grand port intérieur du monde avec un trafic annuel de 50 millions de tonnes de marchandises. Aujourd’hui, au lieu d’être un simple site de transbordement, Duisbourg doit devenir la colonne vertébrale de la réindustrialisation.

La NRW est également un haut lieu d’innovation industrielle. C’est là que dès les années 1970, des concepts révolutionnaires ont été élaborés pour le transport, notamment celui du Transrapid, un train à sustentation électromagnétique (Maglev). Aujourd’hui, c’est à l’Université de Bochum, avec CargoCap, que les recherches sont les plus avancées pour le transport automatisé de marchandises par pipeline souterrain. Ce procédé permettra notamment de relier différents sites d’Opel au port de Duisbourg, échappant aux embouteillages autoroutiers.

D’autres projets foisonnent. A Düsseldorf, le projet PeopleCargoMover, un Maglev latéral, propose le transport de personnes et de conteneurs. A Kamen, Innovative Access Team (IAT) a imaginé une voie Maglev à deux étages, et à Paderborn, le projet RailCab System propose un système de fret ferroviaire automatisé interurbain par wagons individuels. L’examen des avantages et désavantages de tous ces projets permettra certainement de valoriser un énorme potentiel.

Avec le Transrapid, les Allemands pourraient enfin accéder à un transport rapide et efficace. Une mobilité accrue de la force de travail facilitera l’implantation de nouvelles entreprises. L’usine automobile d’Opel à Bochum pourrait être reconvertie en vue de produire ce type de transports en commun. Un investissement conséquent dans ces nouveaux systèmes de transports permettra de faire de la région une vaste chaîne de montage, orientée à l’exportation, de machines-outils, centrales nucléaires de quatrième génération ou encore éléments pour l’exploration spatiale.

Le secteur spatial doit redevenir la locomotive de l’économie mondiale. C’est de ce point de vue qu’on pourra valoriser les atouts du bassin minier de la Ruhr, car une des tâches de l’homme sur la Lune ne consistera-t-elle pas à extraire les vastes quantités d’hélium-3 qui s’y trouvent ? Déjà aujourd’hui, la robotique est largement utilisée dans l’exploitation minière du lignite à Aix-la-Chapelle. Alors, dans les années à venir, pourquoi ne verrait on pas le sigle d’Opel sur les Marsrovers ?

Ce qui manque dramatiquement en NRW, c’est l’énergie. Depuis la fermeture du réacteur à haute température (HTR) de Hamm-Uentrop en 1989 et celle du surgénérateur de Kalkar, le cœur industriel allemand est devenu une « zone dénucléarisée » ! Brûler du charbon, du gaz et du pétrole pour produire de l’électricité est une absurdité, au vu de la vaste palette de produits chimiques, plastiques, etc. qu’on peut en tirer. La NRW devrait importer le HTR développé en Afrique du sud et ouvrir des centres de recherche sur la physique des plasmas pour développer l’énergie de fusion thermonucléaire. A l’instar d’Aix-la-Chapelle, où des milliers d’ingénieurs de tous les pays du monde ont pu acquérir une formation de haut niveau, la formation professionnelle devrait être axée sur ces filières du futur.

La production d’acier, une spécialité régionale, trouverait de nouveaux marchés grâce à cet élan. Avant 2009, Thyssen-Krupp,dont le siège est à Düsseldorf, produisait en Allemagne 90 millions de tonnes d’acier par an, une quantité bien insuffisante dans le cadre d’une réindustrialisation : 100000 nouveaux logements nécessitent 7 millions de tonnes d’acier, 6000 km de voie Maglev 10 million de tonnes, un pont sur le Rhin 10000 tonnes et une centrale nucléaire de 1000 MW 100000 tonnes. A elle seule, la NRW aura besoin de plus d’acier que la totalité actuellement produite en Allemagne !

Evidemment, ce programme « futuriste » ne se réalisera que dans le contexte d’une réorganisation complète de notre système financier moribond, par ailleurs la première priorité de la bataille du Büso.


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