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Sauvons l’acier, coulons l’Empire britannique !

mardi 20 avril 2010

Voici le texte du tract de Solidarité Progrès – Agora Erasmus, diffusé le jeudi 22 avril 2010 lors de la manifestation en défense de la sidérurgie organisé à Bruxelles par la Fédération européenne des métallurgistes (FEM).


Les trois géants des minerais de fer, les deux anglo-australiens Rio Tinto et BHP Billiton, de pair avec le brésilien Vale, en imposant des contrats avec des sidérurgistes asiatiques sur une base trimestrielle et non plus annuelle, ont réussi par des ententes illicites à faire grimper le prix du minerai de fer de 80 à 130 % !

Affiche de la FEM

Cette explosion des prix menace l’industrie sidérurgique mondiale ainsi que tous les secteurs qui en consomment : l’automobile, la machine-outil et le bâtiment, car la hausse du minerai augmentera le prix de l’acier d’au moins 25%. Cette flambée des prix, qui s’ajoute à la dépression provoquée par la crise bancaire et le prix de plus en plus élevé de l’électricité, du charbon et du coke, risque de balayer le peu qui reste de l’industrie lourde dans le monde.

Les trois cartels miniers, en position dominante, car à eux seuls ils contrôlent 70% de la production mondiale du minerai de fer, saisissent l’occasion pour imposer aux sidérurgistes chinois et japonais des contrats à court terme sur le marché spot de Londres.

Eurofer, l’Association des sidérurgistes européens, dénonce auprès de Bruxelles ces « possibles pratiques anticoncurrentielles et abus de position dominante », évoquant des « indications fortes de coordination illicite de hausse de prix ». Dans un communiqué commun avec Orgalime, l’Association européenne des industries d’ingénierie, Eurofer n’hésite pas à affirmer que ces hausses pourraient mettre en danger « des millions d’emplois ». L’Association européenne des constructeurs automobiles déplore, elle, « la capacité des (trois principaux acteurs) à fixer les prix comme un oligopole » et s’inquiète de son impact sur la compétitivité de l’industrie européenne.

Depuis quarante ans, le marché mondial du minerai de fer obéissait à certains critères de rationalité. Jusqu’ici, en concertation avec les exploitants miniers, les grands sidérurgistes s’accordaient en début d’année et définissaient chaque 1er avril un prix (qui variait exclusivement selon la qualité du minerai et des coûts de transport), valable pour l’année à venir.

Affiche de la FEM

Aujourd’hui, des spéculateurs, des courtiers et des banques alliés à l’Empire britannique accourent pour développer, sur la base d’un prix fluctuant du minerai, une vaste bulle de produits dérivés spéculatifs semblable à celle qui existe déjà sur des biens tels que le pétrole, l’aluminium et le charbon. D’après le Financial Times, le gain qu’en tireront les trois grands cartels sera, rien que pour l’année en cours, d’au moins cinq milliards de dollars. Par ailleurs, on anticipe que le marché des produits financiers dérivés sur le minerai de fer passera de 300 millions de dollars aujourd’hui à 200 milliards de dollars en 2020 !

Voilà un pillage bien libéral qui mettra encore plus à mal l’économie physique. Si jusqu’ici, les pertes financières de l’oligarchie anglo-hollandaise ont été épongées par l’épargne, les retraites et l’immobilier de la population, désormais les citoyens sont forcés de régler la pyramide de dettes résultant des plans de sauvetage bancaire, soumis à une austérité sociale brutale qui les prive de plus en plus de l’essentiel, notamment de soins médicaux décents.

Parle-t-on souvent dans la presse de la planche à billets qui tourne à tout-va ? Parle-t-on des flux financiers provenant du crime, du trafic de drogue et de la fuite des capitaux organisés par les paradis fiscaux de l’Empire britannique, toutes ces activités qui permettent aux banques de ne pas couler ?

A cela ajoutons le pillage de l’économie physique par une spéculation galopante sur le pétrole, l’électricité, le coke, la nourriture et maintenant le minerai de fer. En arrière-plan il existe bien sûr un plan des marionnettistes britanniques visant à dominer le monde « le jour d’après » le krach. La Chine, l’Inde et les pays du Sud doivent être maintenus dans l’arriération afin que les cartels et les mafias puissent garder la haute main sur les affaires.

Marquée à la culotte par l’Empire britannique, la Chine s’engage dans des coopérations sur tous les continents afin de sécuriser ses approvisionnements en matières premières. Tout en étant consciente de sa vulnérabilité économique sur ce plan, elle a accepté de « jouer le jeu » en payant des prix excessifs pour le pétrole et le fer.

Seul le « Plan LaRouche » qui préconise une coopération renforcée entre la Chine, la Russie, l’Inde et les Etats-Unis permettrait de briser la mainmise des cartels. LaRouche estime qu’une telle entente entre pays souverains permettrait d’assurer une « sécurité des ressources » pour tous les pays du monde. En plus, LaRouche défend une approche vernadskienne visant à accroître les ressources disponibles afin de donner un niveau de vie décent à chaque habitant de la planète. C’est de ce point de vue qu’il envisage la mise en valeur des énormes ressources de l’Arctique. Le développement, et non le pillage de ses ressources, est essentiel pour l’humanité.

Il est donc urgent de dénoncer avec force ce hold-up de l’Empire britannique sur les ressources. Accepter son diktat revient à imposer une taxe sur le monde entier. La spéculation financière et les produits dérivés sur les minerais doivent être interdits.

Au-delà de cette question fondamentale, c’est tout le système financier international qui doit être réformé au plus vite. Face à l’effondrement de tout un système, affirme Jacques Cheminade, « la séparation des banques de crédit, de dépôt et d’affaires, comme cela existait à partir de 1945 dans notre pays [et avec la loi Glass-Steagall aux Etats-Unis], et le retour à un principe de banque nationale servant le travail et les infrastructures, est ce qui permettrait de sauver le monde du mælström dans lequel il est en train de sombrer. »


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