Les Editoriaux de Jacques Cheminade

Vivre après la mort de l’euro

mercredi 5 mai 2010, par Jacques Cheminade


Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que www.cheminade-le-sursaut.org.


Ce 4 mai, le système monétariste de l’euro se désintègre. Est-ce un drame ? Oui si nos dirigeants continuent à aller comme ils vont, prêts à sauver la monnaie unique en sacrifiant les économies et les peuples. Non si cette crise devient une chance de changer de système, en soumettant le financier et le monétaire au travail et à la production, à l’équipement de l’homme et de la nature.

La Grèce n’est pas le cœur du problème, elle n’est que le maillon faible de la chaîne. Le peuple grec n’est pas coupable de la faillite de son Etat. C’est pourtant lui que les marchés financiers et les institutions internationales veulent saigner à blanc pour renflouer les banques créditrices. La politique du chancelier Brüning et de Pierre Laval pendant les années trente se remet ainsi en place, avec la même férocité et la même incompétence.

Il est donc honteux que l’UMP et le Parti socialiste jettent aux orties leurs passés gaulliste et jaurésien pour se faire les collaborateurs d’un plan qui détruit les forces productives et le travail humain. L’Union européenne et le Fonds monétaire international vont prêter 110 milliards d’euros à la Grèce pour qu’elle rembourse les banques françaises, allemandes et anglaises ! Le saccage économique et social du pays aboutira, si la folie prévaut, à une baisse du niveau de vie de 20 à 30 % et, dès cette année, à un recul du Produit national brut de 4%. Les fonctionnaires perdront 2 mois de leur traitement sur 14, les retraites baisseront d’au moins 15% avec un âge de départ augmenté de 14 ans, les salaires seront gelés pendant 3 ans pour tous et le Code du travail démantelé. En même temps, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) passera de 21 à 23% (elle avait déjà été augmentée de 19 à 21% en mars), les taxes sur les alcools, les tabacs et les combustibles seront accrues de 10%, ce qui entraînera une hausse des prix face à une baisse des salaires ! Une catastrophe pour les travailleurs mais aussi pour les entreprises, or aucune mesure de soutien à l’industrie locale n’est prévue et on peut donc s’attendre à une hécatombe de PME-PMI.

Seuls les communistes, MM. Mélenchon et Dupont-Aignan dénoncent le scandale. Ce dernier dit justement : « La France ne doit pas payer pour aider la Grèce…à mourir ». Alors que M. Jérôme Cahuzac, président PS de la commission des Finances de l’Assemblée, ne craint pas d’affirmer que les socialistes agissent pour « défendre la zone euro et notre monnaie commune…défendre la Grèce, un pays ami » et « mettre fin à une spéculation qui n’a que trop duré ». On ne sait s’il s’agit de bêtise, d’aveuglement ou de cynisme. Car défendre un ami en l’étranglant, arrêter la spéculation en l’encourageant et tenter de sauver une monnaie commune qui est un mort vivant revient à creuser sa propre tombe.

Michael Massourakis, chef du département d’analyse économique de la banque Alpha, dans la mouvance de la City, nous décrit une Grèce se vendant aux touristes et « attirant d’innombrables entrepreneurs européens dans les secteurs des services ». Peut-être qu’après avoir acheté un ryad au Maroc certains socialistes espèrent y acquérir une île…

Cependant, ils se font des illusions, car l’ogre financier les mangera malgré toute leur complaisance. Déjà, Paul-Henri du Limbert dit tout haut dans le Figaro ce qu’on pense à Londres : « Surtout, si la France ne s’astreint pas à une plus grande discipline aujourd’hui, qui peut dire qu’un ‘scénario à la grecque’ ne lui pend pas au nez, demain ou après-demain ? »

Déjà les vautours s’en prennent à l’Espagne, se rapprochant de nous. Il est plus que temps de préparer une vie après l’euro.


Notre politique :
LE GLASS-STEAGALL GLOBAL ET LE PRECEDENT FRANCAIS