Les éditoriaux de Jacques Cheminade

Mutation politique

lundi 13 décembre 1999

L’échec spectaculaire du « cycle du millénaire », à Seattle, est le signe d’un tournant, d’une mutation politique à l’échelle mondiale. Il l’est parce qu’il n’est pas le seul.

La même semaine, Lyndon LaRouche a pu s’exprimer, en même temps que George W. Bush et Bill Bradley, à la réunion annuelle du National Black Caucus of State Legislators (l’association des congressistes et sénateurs noirs de tous les Etats américains). Je ne le mentionne pas ici pour faire la propagande de mon ami, mais parce qu’il s’agit d’un fait politique majeur, la fin de la "stratégie d’étouffement » de sa campagne aux primaires présidentielles démocrates. Cela signifie que les solutions à la crise systémique pour lesquelles nous nous battons ensemble -nouveau Bretton Woods, pont terrestre eurasiatique, retour à l’esprit de Franklin Delano Roosevelt - sont en train de devenir l’enjeu déterminant sur la scène publique américaine. Grâce à un élément qui a, depuis les années soixante, toujours été le moteur du changement dans ce pays : les représentants les plus courageux de la communauté noire.

En même temps, l’intervention de Gerhard Schröder pour sauver de la faillite Philipp Holzmann (numéro 2 du BTP allemand) et empêcher la mainmise du britannique Vodafone sur le géant Mannesmann, est un autre signe majeur de mutation. Cet interventionnisme apporte un cinglant démenti, comme le constate Le Monde, à ceux qui croyaient que l’Allemagne avait adopté le modèle anglo-saxon.

Enfin, chez nous, face à la pression syndicale, Eric Giuily a dû abandonner son plan de privatisation de l’AFP, en même temps que Lionel Jospin, à sa manière, retrouve certains accents dirigistes et défend une régulation étatique des marchés.

Certes, ces signes sont encore disparates, et ni Schröder ni Jospin n’ont élaboré le moindre programme de résistance ou tenté de définir l’alternative. On rêve, en France, en se croyant à l’abri, en se disant que tous les indicateurs sont au vert et qu’on pourra retrouver le plein emploi d’ici dix ans, sans changer de système et en se préservant miraculeusement des conséquences d’un krach à Wall Street dont la forte probabilité est cependant partout reconnue.

Disons-le brutalement : qu’on l’aime ou pas, un changerment d’orientation décisif passe, en Europe, par une reconnaissance franche et directe de la candidature LaRouche et l’ouverture d’un grand débat admettant la réalité de la crise systémique et prenant en compte ses idées et les miennes.

Maintenant que Michel Camdessus n’est plus directeur général du FMI et que l’OMC s’est déconsidérée, le masque hypocrite est tombé. Il est temps de se réveiller pour passer aux choses sérieuses.