Jacques Cheminade présente son projet de revitalisation du Lac Tchad aux Nigériens

mercredi 15 décembre 2010

Jacques Cheminade, président de Solidarité et Progrès, et Christine Bierre, rédactrice-en-chef de Nouvelle Solidarité, ont été invités à participer à toute une série d’évènements qui ont lieu à Niamey, capitale du Niger, du 30 novembre au 18 décembre 2010, dans le contexte des célébrations du cinquantenaire de l’indépendance du pays.

Au cœur de cette commémoration dont Inoussa Ousseini, Ambassadeur du Niger auprès de l’UNESCO et ancien Ministre de la culture est la cheville ouvrière, un programme particulièrement combatif destiné à redonner un élan et une mission à ce pays pour les cinquante prochaines années, avec tous les jours du matin au soir, des conférences-débats et projections des films sur les thèmes de l’indépendance, du rôle de la culture et du film, ainsi que sur la place l’Afrique dans la mondialisation.

Parmi les principaux événements, évoquons la 5ème édition du Forum Africain du film documentaire qui chaque année prime les meilleurs films documentaires faits par de jeunes cinéastes nigériens dans la tradition de Jean Rouch ; la diffusion de films et documents d’archives sur la marche vers les indépendances en Afrique et sur le colonialisme dont quelques grands classiques comme La Bataille d’Alger, Lumumba, Katanga Business, Hôtel Rwanda et autres. Autre événement important, une foire du livre, avec 20 000 ouvrages apportés à un coût proche de la production, par la maison d’éditions l’Harmattan dont les auteurs africains représentent environ 20% des auteurs édités.

Quel avenir pour le Niger ?

C’est dans le contexte d’un Symposium international devant répondre aux questions fondamentales telles que « L’Afrique dans la mondialisation » et « Quel avenir pour le Niger à l’horizon 2050 » que Jacques Cheminade est intervenu pour défendre son projet de revitalisation du lac Tchad. Son discours que vous pouvez suivre (en audio) ci-dessous fut précédée par une introduction particulièrement incisive d’Inoussa Ousseini s’exprimant au nom de la société civile, ainsi que par un discours sans langue de bois prononcé par Khardiata Lo N’Diaye, représentante au Niger du PNUD (Programme des nations unies pour le développement), sur l’échec des cinquante premières années d’indépendance.

« Je tenais à remercier tout particulièrement, M Jacques Cheminade », a déclaré Inoussa Ousseini qui la veille l’avait déjà présenté au gouvernement, au corps diplomatique et à quelque huit cents personnes assemblées au Palais des congrès pour la cérémonie de remise des prix des films documentaires et la projection de deux d’entre eux. Il s’agit, a-t-il dit, « d’un brillant économiste et homme politique français, qui a été candidat aux élections présidentielles. Mais, plus particulièrement, nous l’avons invité ici parce que c’est quelqu’un qui dans sa jeunesse a été anticolonialiste, militant pour l’indépendance de l’Algérie. »

« Nous l’avons invité au Niger aussi pour lui donner l’occasion de rencontrer un homme qu’il a apprécié mais qu’il ne connaît qu’à travers la lecture. Il s’agit d’un gendarme nigérien qui lors de son passage à l’Ecole de guerre à Paris, a fait un mémoire sur la revitalisation du Lac Tchad. Jacques Cheminade a été émerveillé par ce travail sur lequel il a mené une réflexion et il a produit des dossiers qui ont été présentés et qui ont inspiré les débats de la dernière réunion sur le Lac Tchad à Ndjamena.

« A partir de cette lecture, il a voulu savoir si les militaires au Niger, en particulier les capitaines, étaient comme l’auteur de ce qu’il avait lu. Il a voulu savoir si le Niger était en train de se développer grâce à l’armée et au génie militaire, qui seraient en train de construire des ponts, des projets d’irrigation et autres projets ? »

M. Ousseini a insisté sur l’autorité de Jacques Cheminade en matière économique et financière et tout l’intérêt qu’aurait le Niger à « l’inciter » dans cette voie. « Avec M. Larouche aux Etats-Unis, il ont été les premiers à annoncer depuis 1995, la crise qui allait venir. Il y a deux ans j’étais à une réunion en Allemagne — M. Larouche n’avait pas pu venir, mais sa femme était là — et ils avaient annoncé cette crise. » 

Et Inoussa Ousseini de souligner l’importance de tout ceci pour le Niger où la période de transition arrive à son terme : « bientôt on va avoir des élections au Niger et un nouveau chef d’Etat, et je me disais que ce serait très bon que le futur chef d’Etat du Niger puisse connaître ces travaux sur le Lac Tchad, car nous avons toujours souhaité qu’un chef d’Etat, un homme politique, puisse attacher son nom à une œuvre commune. » « Puisqu’il y a beaucoup de mares qui sont asséchées au Niger en raison du retrait du Lac Tchad, la réalimentation en eau du Lac Tchad pourrait être très intéressante et favorable pour l’économie du Niger. »

Mme Lo a pris la parole en premier pour constater l’échec des 50 premières années d’indépendance. A cette époque les niveaux de développement de l’Afrique et de la Chine étaient comparables, a-t-elle noté. Mais aujourd’hui ces pays asiatiques, la Chine, le Vietnam, ont une voix à l’échelle internationale alors qu’en Afrique trop de bébés continuent de mourir, trop d’enfants n’ont pas de place à l’école, trop d’agriculteurs continuent à dépendre de la pluviométrie. Les économies africaines sont dépendantes des capitaux étrangers et d’exportation de matières premières. L’Afrique, riche en matières premières, avec y compris 40% du potentiel hydroélectrique, a besoin surtout de plus de confiance en soi pour les développer. C’est cette confiance la première des richesses et non les matières premières. Et Mme Lo de poser en conclusion l’exigence que les cinquante prochaines années soient celles où « l’Afrique, ce géant endormi se réveillera ».

L’intervention de Jacques Cheminade est venue à point nommé pour apporter des réponses au défi posé par Mme Lo. Il a montré d’abord comment les politiques de pillage financier d’un nouvel empire monétariste basé à la City de Londres et à Wall Street, étaient à l’origine de la crise financière terrible qui sévit non seulement en Afrique, mais à travers le monde. Il a ensuite montré comment seul un système de crédit productif public, orientant les capitaux vers les très grands projets comme celui de la revitalisation du Lac Tchad, dont il a présenté tous les aspects, feront des 50 prochaines années un succès non seulement pour l’Afrique mais pour toute l’humanité.


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