Déclarations de Jacques Cheminade

Vœux de Jacques Cheminade

samedi 1er janvier 2011, par Jacques Cheminade

Paris, le 1er janvier 2011 — Ce que je dois d’abord vous dire, c’est que 2011 sera réellement un an nouveau. Mes vœux sont que vous en preniez conscience et que vous mobilisiez toutes vos énergies pour faire en sorte qu’il soit meilleur et non pire, car si par malheur il était pire, une étape quasiment irréversible serait franchie dans la destruction du vouloir vivre en commun, non pas à l’échelle d’un seul pays mais du monde, propageant la guerre de tous contre tous.

Aujourd’hui, le système monétaire et financier international dans lequel nous vivons depuis le 15 août 1971 est en voie de désintégration économique, sociale et morale. Les taux d’intérêt de l’ordre de 12%, que l’on voit apparaître au Brésil, en Grèce, dans l’Illinois ou à Saint-Germain-en-Laye préfigurent le déchaînement d’une inflation bientôt destructrice. Les conglomérats financiers dominants ne peuvent plus contrôler ce système avec leurs moyens actuels et auront recours, si rien n’est fait pour renverser la règle du jeu, à ce que les moyens de manipulation de masse et d’action militaire modernes leur permettent de faire. Ils ne peuvent ainsi engendrer un ordre durable mais un chaos généralisé.

Déjà, l’on peut voir les solidarités sociales, dans les villes et les villages, se réduire dans un climat de chacun pour soi. Déjà, les Etats se laissent dépouiller des moyens de faire face à des situations sociales d’urgence. Déjà, en France comme dans d’autres pays européens ou aux Etats-Unis, les collectivités territoriales ne peuvent plus assurer leurs dépenses sociales, et bientôt – si rien n’est changé – elles seront mises sous tutelle financière. Déjà, alors qu’on renfloue à tout va les établissements financiers en émettant de la monnaie de singe, l’on abandonne la défense de la vie humaine. Aux Pays-Bas et maintenant aux Etats-Unis et en Allemagne, les autorités incitent les médecins à mettre un prix à la vie, en réduisant les dépenses publiques pour le traitement des maladies chroniques ou de longue durée, et en autorisant l’abandon des soins « trop coûteux » pour des patients en phase terminale. Souvenons-nous que les nazis commencèrent ainsi, comme cela a été établi à Nuremberg, en admettant que des vies humaines « inutiles » puissent être éliminées, avant de commettre toutes les atrocités de masse que l’on sait. L’on ne pourra donc plus dire demain, en cette année 2011, que l’on ne savait pas, car aujourd’hui on sait ou l’on devrait savoir.

Alors, diront beaucoup d’entre vous, « c’est peut-être terrible, mais qu’y puis-je ? » Laissez-moi vous dire que cet abandon face à des choses inadmissibles est ce qui caractérise un état d’occupation. On se dit que quelque chose me tient et me paralyse, et qu’il n’y a pas de monde extérieur dans lequel ce qui est juste puisse exister de nouveau. Cette même paralysie a été l’état d’une majorité de la France occupée lorsque les nazis construisirent le mur de l’Atlantique. Les entreprises françaises s’enrichissaient et des emplois étaient créés à l’intérieur d’une prison de béton. Un argent rapide, pillé au détriment des services publics et de l’économie, circulait et suscitait les pires convoitises dans une entreprise criminellement folle. Pensons à aujourd’hui et à notre paralysie politique à l’intérieur du système dans lequel nous vivons si nous en acceptons les règles et la fraude permanente qui les accompagne, et que chez nous chaque nouveau scandale révèle.

Alors, comment en sortir, comment se libérer une fois de plus ? En considérant froidement, calmement, le rapport des forces dans le monde, et en prenant conscience d’où se trouve le levier : comme en 1940, et comme de Gaulle l’avait compris dans son appel du 18 juin, au sein de la puissance américaine. Là se livre un combat décisif pour l’humanité entre les forces de Wall Street de la City, représentant les manières de penser et d’opérer de l’Empire britannique, et celles qui combattirent en leur temps pour l’indépendance, représentées aujourd’hui par la manière de penser et d’agir de Lyndon LaRouche et de ses amis, qui s’efforcent d’éveiller dans le peuple américain les ressources d’une nouvelle libération.

« Mais, dira-t-on, mais peu de gens le savent et l’ennemi est trop puissant. » C’est ce que l’on répondait en 1941 lorsque le nom de de Gaulle était mentionné dans une France collaboratrice : réflexe d’occupé, qui croit aux rapports de force, et non à la force des idées inscrites dans l’histoire d’un peuple et réanimée par quelques hommes de caractère.

« Et puis, ajoutera-t-on, mais vous ramenez tout aux Etats-Unis. » Tout ? Non, bien entendu, mais c’est là que se trouve l’enjeu décisif, en levant la double hypothèque d’Obama, qui a trahi son peuple et doit être rapidement écarté, et du renflouement financier, en coupant le robinet des banques d’affaires par une nouvelle loi Glass-Steagall, qui les sépare des banques de dépôt utiles au pays. On appelait cela, à une époque, couper les branches pourries.

« Mais c’est encore et toujours en Amérique ! », répètera-t-on ! Là, il est temps de se réveiller. Entendez les pétards de l’histoire. Pensez-vous que c’est en France, par la libre volonté du peuple français et avec l’argent public équitablement réparti, que Nicolas Sarkozy a été promu ? Et maintenant Dominique Strauss-Kahn ? Leur politique, leurs accointances, leur manière d’être définissent le terrain. Ne leur en laissez pas la maîtrise, en croyant que vous votez en toute transparence et en toute équité. Battez-vous en fonction de l’enjeu principal, sur leur terrain, en soutenant leurs principaux adversaires. C’est ce que nous sommes, non pas parce que MM. Sarkozy et Strauss-Kahn nous déplaisent, mais en raison de ce dont ils sont le reflet.

En même temps, il y a beaucoup de branches pourries à couper en France, en rétablissant, à l’image du Glass-Steagall américain, la séparation entre banques de dépôt et banques d’affaires et en établissant en même temps des règles honnêtes de financement de la vie politique pour éviter les dévoiements actuels, avec les conséquences que je viens de décrire. Et en combattant toutes les mesures qui visent à détruire le travail et la vie humaine.

La patrie, un peu d’internationalisme en éloigne, beaucoup en rapproche, disait Jaurès. Il est temps de le comprendre en étendant l’ampleur et l’ardeur de notre combat, tout en défendant notre pays contre une fausse Europe qui est le relais de conglomérats financiers comme le groupe Inter-Alpha.

L’essentiel est, dans ce combat, de redonner aux hommes une espérance par une perspective de développement mutuel exprimant la créativité humaine qui vise à rendre plus juste et meilleur leur environnement : mise en valeur de l’Eurasie, création d’un poumon de développement au centre de l’Afrique par la remise en eau du Lac Tchad, projet NAWAPA aux Etats-Unis, développer les ressources de la Sibérie, remettre en place une politique d’exploration spatiale remettant en cause nos idées reçues… Il y a beaucoup, beaucoup à faire à partir de 2011, avec des moyens que l’humanité n’a jamais eus auparavant.

Pensez-y, réfléchissez-y, et puis comparez ce vers quoi nous entraînent les forces héritières de l’Empire britannique, les Sarkozy, les Zapatero, les Berlusconi, les Strauss-Kahn, les Obama et les « Républicains » nouvellement élus aux Etats-Unis.

Je sais que, si vous le faites, 2011 répondra à mes vœux en accueillant votre engagement.