Résistance

mercredi 2 février 2011, par Jacques Cheminade


Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que sur son site de campagne www.cheminade2012.fr.


De retour d’une tournée dans nos départements de l’Est, je suis heureux d’avoir annoncé ma candidature présidentielle le 18 juin 2010. En effet, aujourd’hui comme en 1940, il est redevenu nécessaire d’organiser une Résistance qui transcende les frontières politiques habituelles contre une nouvelle occupation, celle du monde de l’argent et d’une sous-culture de l’accaparement égoïste. Aujourd’hui comme alors, les occupants bénéficient du soutien des élites, collaboratrices autant par lâcheté que par incapacité de concevoir un ordre autre que celui d’habitudes acquises. Cette fois comme alors, la Résistance doit être à la fois nationale et mondiale. Face à une crise de la civilisation, il est des moments où servir la cause de l’humanité est la seule façon d’exprimer sa fidélité à l’idée historique d’une nation comme la nôtre.

Or sur la scène politique française actuelle, vaste foire aux vanités sous l’œil complice des médias, n’apparaît aucune force politique à la hauteur des circonstances.

« Réveillez-vous », nous dit justement Jean-François Kahn dans le Marianne de cette semaine. Or que voit-on ? L’ignorance, l’obsession du pouvoir et le bal des ego. L’attitude de la quasi-totalité de notre classe politique, droite et gauche confondues, vis-à-vis de la dictature policière de Ben Ali est révélatrice. Le cas extrême est bien entendu celui de Michèle Alliot-Marie, qui après avoir proposé l’assistance de notre savoir-faire policier au tyranneau de Tunis, a déclaré au Caire que le pouvoir d’Hosni Moubarak se caractérisait par son « souci de la démocratie et de la tolérance ». Il serait cependant injuste de l’accabler seule. Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn ont tous deux loué à plusieurs reprises et récemment le régime tunisien, tandis que c’est bien l’Internationale socialiste (IS) qui recevait hier encore en son sein les partis de Ben Ali et d’Hosni Moubarak. L’IS a attendu le 17 janvier pour exclure le RCD de Ben Ali, et Martine Aubry vient seulement d’écrire à son président pour s’émouvoir de ces présences ingrates. Quant au fait que Ben Ali fût un rempart contre l’islamisme, qu’il se soit réfugié en Arabie saoudite parle de lui-même.

Autrement, l’attention du Parti socialiste est attirée par la date de ses primaires, chacun spéculant sur le jour et l’heure comme un trader politique, l’UMP se déchire entre partisans de Fillon et de Copé, tous deux espérant que Sarkozy sombre avant 2012 et non 2017, les écologistes organisent un match entre un ex-juge et un Nicolas Hulot à la forte empreinte écologique, et le centre se débat de Morin en Borloo. Fortement promue par les médias, Marine Le Pen présente ses contrefaçons chauvines avec un certain succès, face aux produits des autres qui ont passé leur date de péremption sur le marché libéral qu’hier encore son père encensait. Le Monde est tombé entre les mains d’affairistes partisans d’un Tony Blair à la française et Le Figaro distribuait avant-hier encore Tunisie Plus, la chose de la mafia Trabelsi.

Un honnête candidat comme André Chassaigne est ignoré par les élites parisiennes qui connaissent mieux les palmeraies du Maroc que nos villages et nos banlieues.

Pendant ce temps, Sarkozy s’écrase devant Obama et Cameron, c’est-à-dire Wall Street et la City, l’économie se désintègre et la culture se décompose. Plus que jamais il faut un Glass-Steagall global, mettant les banques casinos hors d’état de nuire, un Nouveau Bretton Woods, pour relancer l’économie mondiale et arrêter la spéculation sur les monnaies, et un programme de grands travaux créateurs de substance économique. Sans cela, le recul social continuera malgré toutes les criailleries des extrêmes, entre mondialisme financier prédateur et national-monétarisme suicidaire.