Brèves

Interview de LaRouche sur la « grève de masse » qui saisit le monde

mercredi 2 mars 2011, par Lyndon LaRouche

2 mars 2011 (Nouvelle Solidarité) – Alors qu’entre 10 000 et 20 000 personnes protestent depuis hier devant le Parlement de l’Etat de l’Ohio contre les lois anti-syndicales, l’économiste Lyndon LaRouche était ce matin l’invité de Khari Enaharo, célèbre animateur radio de Colombus, Ohio. Nous retranscrivons ici la première partie de l’interview.


Enaharo : Nous vivons une série d’évènements dramatiques : les prix à la pompe qui s’envolent, les prix alimentaires qui augmentent dans le monde entier, les syndicats du public qui organisent des manifestations et des occupations dans le Wisconsin et l’Ohio contre la fin du droit de négociation collective, des émeutes de la faim, les changements de régime en Tunisie et en Egypte, le soulèvement en Libye contre Kadhafi, les révélations du rapport de la Commission d’enquête sur la crise financière.

Lyndon LaRouche est avec nous aujourd’hui. Lyndon LaRouche est un économiste connu de par le monde et est certainement considéré comme un des grands experts économiques et politiques.

M. LaRouche, je viens de mentionner une série d’évènements qui se déroulent simultanément. Je suis de près votre site www.larouchepac.com et vous connais depuis longtemps : est-ce que ce n’est pas l’effondrement général dont vous parlez depuis des années qui est en train de se dérouler ? N’en est-ce pas le commencement ?

LaRouche : Oui, effectivement, c’est ce qui est en cours. On nous rapporte du Caire à Milwaukee, des soulèvements de masse de nature spontanée, c’est-à-dire qu’ils émanent du peuple qui s’était tu jusque-là mais qui ne peut plus supporter l’insupportable. C’est un phénomène mondial, bien qu’il soit en grande partie rapporté dans les médias comme une série de cas isolés. (…) Regardez l’état de révolte dans la population américaine, c’est semblable à ce que l’on voit dans d’autres pays. Prenez le gouverneur [républicain] du Wisconsin, Scott Walker ; il était apparemment très populaire au moment de l’élection, mais on se rend compte aujourd’hui que cette opposition au Parti démocrate c’est du blabla. A l’été 2009, les gens se sont révoltés contre Obama et sa politique de santé (…) C’est sur cette base que les Tea Party ont gonflé. Leur assise populaire était principalement induite par ce rejet de la politique de santé soutenue par les démocrates, mais en réalité ils n’étaient pas aussi bien informés que ça sur la nature du véritable problème, à savoir que les républicains n’étaient pas meilleurs pour autant. Aujourd’hui, même s’il existe des gens bien chez les républicains et les démocrates, c’est la vague d’austérité qui l’emporte avec ce genre de lois que le peuple dénonce.

Nous sommes pris dans une dynamique d’hyperinflation mondiale. Ce n’est pas un pays, mais toute une série de pays de plus en plus nombreux dont l’approvisionnement alimentaire et l’ensemble des conditions de vie se détériorent sans fin. Les peuples se révoltent, c’est aussi simple que ça. C’est un mouvement de « grève de masse » totalement spontané, qui ne se limite en rien à quelques régions du monde. Ca va venir au Mexique, en Amérique du Sud, c’est déjà en Afrique, au Moyen-Orient, ça monte en Europe – on le voit avec la récente victoire irlandaise, relativement parlant. On voit qu’il y a un mouvement mondial de révolte contre ce qui a été fait. (...)

Enaharo : Vous avez fait un travail fantastique en alertant les gens sur l’importance du récent rapport de la Commission d’enquête sur la crise financière (FCIC) . C’est bien la première fois que je vois une de ces « commissions » sortir un rapport qui touche directement à la vérité. Pourquoi l’avez-vous promu et pourquoi a-t-il été enterré ?

LaRouche : Il n’a pas été enterré. Il est discuté partout ; c’est dans la presse qu’il est enterré. Les gens qui en ont connaissance le diffusent largement car ils veulent que les faits établis soient sus. Et ce qui y est dit est absolument vrai. La seule chose que ce rapport ne dit pas, c’est le remède, mais sur les causes de la crise, il a tout bon.

Prenez la situation en Irlande : le gouvernement en place a été totalement puni. C’est global ! Là où les gens ont du courage ou là où ils sont simplement furieux, ils se révoltent, car ils voient que leurs conditions de vie ne sont plus tolérables. (…) face à cela, l’on voit des gouvernements fous avec des politiques folles, ce qui crée les conditions pour une percée.

Enaharo : Attendez là ! Qu’entendez-vous par « percée » ?

LaRouche : Eh bien que comme en Irlande, nous allons soudainement voir sauter des gouvernements apparemment majoritaires. C’est aussi ce que l’on voit dans le Wisconsin ou le New Jersey : ces « nouveaux républicains » ont été portés au pouvoir et tentent d’appliquer une politique fasciste, ils ne vont donc pas rester populaires très longtemps.

Enaharo : Mais, M. LaRouche, pourquoi est-ce que les syndicats et les différentes organisations ne se sont pas levés avant qu’on en arrive là ?

LaRouche : Les connaissant, ça ne me surprend pas. Mais vous savez, on a eu une discussion avec Gerry Adams [le président du parti irlandais Sinn Fein] récemment alors qu’il était en pleine campagne pour cette élection dans laquelle il a joué un rôle clé.

Enaharo : Oui, tout à fait.

LaRouche : Et je suis totalement en accord avec son analyse de la situation parce que c’est exactement ce que je retire de ma connaissance de l’histoire. (…) Il a dit « on est comme vous, la plupart du temps on fait autour de 1% aux élections, mais quand la crise se déclenche, les gens deviennent sérieux et arrêtent de tolérer l’intolérable, et soudainement ils...

Enaharo : Ahhh !

LaRouche : Et c’est exactement ce qu’on voit arriver aujourd’hui. Pendant longtemps on croit que « y’a rien à faire » puis soudainement, un mouvement populaire se lève, comme ce fut le cas avec la Révolution américaine. (…) Dans ce genre de moment les puissants dirigeants syndicaux, les grands ceci et les grands cela, ne comptent plus parce que les gens réalisent qu’on les a pris pour des débiles pendant trop longtemps. Dès lors, tout l’enjeu est de faire en sorte que la population ne fasse pas de bêtises, que ses actions soient constructives et mènent à un succès. Et c’est là que des gens comme nous interviennent. (...)