Déclaration de Jacques Cheminade

Il faut encadrer les sondages

mardi 8 mars 2011, par Jacques Cheminade

Paris, le 8 mars 2011 – La rémunération par l’Institut de sondages Harris Interactive du panel ayant révélé que Marine Le Pen se trouverait en tête des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle pose un problème déontologique majeur et connu depuis longtemps. Il est temps de prendre les dispositions qui s’imposent pour éviter que les sondages politiques deviennent, dans tous les sens du terme, une véritable loterie.

Le gouvernement actuel n’en veut pas. Prétextant un « ordre du jour surchargé », il a refusé d’inscrire au programme de l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à encadrer les sondages, votée à l’unanimité par le Sénat. Ce texte visait notamment à interdire la pratique de cadeau-bonus pour fidéliser un panel, ce qui fausse totalement l’échantillon. Introduire de l’argent dans la mesure de la conviction politique revient en effet à de la corruption. Certes, nous vivons dans un climat général où celle-ci règne, mais l’habitude n’a jamais été une bonne raison. Il est révélateur de souligner que c’est Patrick Ollier, l’ami de Kadhafi, qui a indiqué, au nom de Matignon, que l’agenda « était trop chargé jusqu’au mois de juin ». Ici, ce n’est plus le temps des cerises, mais de leurs queues.

Je rappelle que lors de ma campagne présidentielle de 2006-2007, j’avais fait la proposition suivante :

« L’abus des sondages, effectués sur des échantillons insuffisants et dans des conditions scientifiquement contestables, constitue l’un des éléments de manipulation d’électeurs maintenus dans la passivité par les médias dépendants de l’oligarchie financière.

« Le seul moyen d’enrayer cette dérive anti-républicaine de sondeurs-commentateurs-manipulateurs est de confier à un organisme d’Etat indépendant, constitué par des représentants de syndicats, de partis, d’experts et de statisticiens, la charge de systématiquement contrôler les sondages politiques majeurs. L’INSEE serait l’institution la plus appropriée pour assurer ce contrôle. »

Je renouvelle aujourd’hui ma proposition, car je pense que celle de MM. Jean-Pierre Sueur et Hughes Portelli, pour aussi nécessaire qu’elle soit, ne va pas assez loin.


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