Arrêtons la fuite en avant militaire en Libye !

vendredi 8 juillet 2011, par Jacques Cheminade


Déclaration de Jacques Cheminade, pré-candidat à la présidentielle


Paris, le 7 juillet 2011 – Le gouvernement, conformément au nouvel article 35 de notre Constitution, a soumis « à l’autorisation du Parlement » une demande de prolongation de notre action militaire en Libye. L’Assemblée nationale puis le Sénat voteront le 12 juillet et l’on escompte un accord entre la majorité présidentielle et le Parti socialiste. L’on hésite à dire si un tel accord serait un crime, une erreur ou une fuite en avant suicidaire.

Une erreur, alors que nous nous trouvons en limite d’effectifs, de matériels, voire de munitions.

Un crime, car de nombreuses bavures ayant conduit au meurtre de civils se sont produites au cours de bombardements censés les protéger.

Une fuite en avant, car les résolutions de l’ONU n’autorisent aucune livraison d’armes ni la participation à une guerre civile et que, cependant, notre gouvernement a décidé d’outrepasser ce mandat. En effet, nous avons livré des armes légères destinées, dit-on, « à protéger des populations placées dans une situation précaire… et sauvagement réprimées ». Davantage encore, suivant différentes sources citées entre autres par Le Canard enchaîné , nous aurions fourni des missiles antichars Milan, français, par l’intermédiaire du Qatar. Là, il s’agit clairement d’une participation d’autant plus active à une guerre au sol que nous avons envoyé en Cyrénaïque et au-delà des experts du renseignement et des instructeurs militaires.

Les leçons de l’Afghanistan et de l’Irak ne nous suffisent pas. Une guerre sans but clair et sans option de paix offerte à la partie adverse ne se gagne jamais, et une guerre visant à un changement de régime à l’intérieur d’un pays tiers conduit toujours au chaos.

Plus fondamentalement encore, alors que nous ne soutenons pas par des plans de développement économique ou des justes mesures les révolutions républicaines et démocratiques en cours en Tunisie ou en Egypte, comment pourrions-nous prétendre mener en Libye une « juste guerre » ? Comment pourrions-nous prétendre défendre la paix, alors que nous contribuons à répandre au sein et au pourtour du Sahara des armes qui alimenteront les déstabilisations ?

L’on dit que Nicolas Sarkozy a enjoint notre état-major d’obtenir une victoire pour le 14 juillet. Si un tel entêtement infantile, sur un tel fond de choses, était vrai, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ne seraient pas différents de Barack Obama, qui mène « sa » guerre sans consulter le Congrès américain. Car quelle différence y a-t-il, est-on en droit de demander au Parti socialiste, entre ne pas consulter les élus du peuple et les consulter en s’assurant qu’ils sont aux ordres ?

Il faut laisser parler les diplomates et arrêter les armes à feu. Surtout, il faut offrir de grands projets de développement mutuel à toute l’Afrique, et en particulier au Maghreb et au Machrek, permettant d’y assurer un essor des productions vivrières et une vie digne. Notre crédibilité est à ce prix, non à celui des bombes.