2-3 juillet 2011, conférence de l’Institut Schiller, Rüsselsheim

Helga Zepp-LaRouche : Devant la plus grave crise de l’histoire, l’Homme sera-t-il à la hauteur ?

mardi 12 juillet 2011, par Helga Zepp-LaRouche

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Discours introductif d’Helga Zepp-LaRouche, présidente internationale de l’Institut Schiller

Chers amis de Frédéric Schiller et de l’Humanité : avant de commencer mes remarques, j’aimerais qu’on nous lise les vœux adressés à cette conférence par le syndicat américain IAM, pour qu’il n’y ait aucun doute que nous sommes dans une guerre qui peut réellement être gagnée. [Retrouvez le message de l’IAM ici.]

Je pense que chacun d’entre vous est conscient du fait que nous ne sommes peut-être plus qu’à quelques jours d’une catastrophe civilisationnelle, un processus dans lequel l’éruption du chaos dans la zone transatlantique sera d’une telle ampleur que nous ne pourrons y remédier. Si ce processus n’est pas neutralisé et inversé dans les jours prochains, nous serons alors face à un danger sans précédent connu dans l’histoire. On a fait référence au XIVe siècle, mais si vous observez attentivement l’effondrement général déjà en cours, je trouve cet exemple trop faible.

Il existe pourtant une solution. Relativement parlant, elle est plutôt simple car si, aux États-Unis, la population peut être mobilisée de sorte que le Congrès trouve le courage de mettre en œuvre le Glass-Steagall, effaçant les milliers de milliards de dollars de dette de jeu et rétablissant le système de crédit conformément à la Révolution Américaine, alors, il reste un espoir pour l’Europe. (…)

Toutefois, si cela n’est pas fait, des violences telles que celles que nous observons en Grèce pourraient éclater de par le monde.

Pour le moment, l’intention des gouvernements européens et américain est de réagir à la banqueroute du système en la faisant porter par la population au moyen de coupes brutales qui mènent dès à présent à des explosions sociales, car les gens réalisent que leur existence est menacée, que leur espérance de vie diminue et que leur avenir leur a été volé.

Comme mon mari nous en a avertis ces derniers jours, une menace de coup fasciste pèse sur les États-Unis. Il ne s’agit pas là d’informations reçues de sources secrètes. Mais si vous connaissez la nature de la bête à laquelle nous sommes confrontés, si vous savez qui fut responsable de l’incendie du Reichstag en 1933 et comment une situation qui apparaissait alors contrôlable, lorsque Hitler est arrivé au pouvoir, fut aussitôt saisie, après l’incendie du Reichstag, pour lui accorder les pleins pouvoirs, on voit qu’il était déjà trop tard. Rappelez-vous combien ils furent nombreux à se leurrer, affirmant que ce caporal autrichien serait vite écarté dès les prochaines élections, et, à l’exception de deux ou trois personnes en Allemagne, personne n’avait perçu la différence fondamentale entre Hitler et un conservateur classique. Or, le danger est bien là, que les gens ne comprennent pas que l’oligarchie financière, qui a financé et mis Hitler au pouvoir, est maintenant confrontée à la désintégration de son système et qu’elle est donc tout à fait capable de faire exactement la même chose.

Sur la façon d’aboutir à ce genre de coup fasciste, il existe plusieurs options : il peut se produire des troubles sociaux, aboutissant tout simplement à déclarer l’état d’urgence, ou de nouveaux incidents terroristes, sur le modèle de ceux du 11 septembre. Quel qu’en soit le prétexte, cela sera suffisant. C’est un danger bien réel. Rappelez-vous qu’en Europe, nous avions de très bonnes raisons de combattre le Traité de Lisbonne, car il contenait entre autres des dispositions pour les situations d’urgence, incluant la peine de mort pour les émeutiers. Nous sommes très, très proches d’une dictature supranationale. Nous sommes maintenant dans une situation intenable car les gouvernements européens et le gouvernement américain ont choisi l’affrontement avec le peuple. Et le peuple ne se sent plus représenté nulle part. (…)

La crise en Europe

L’Europe est en banqueroute, la banque centrale européenne est, de facto, une « bad bank » (une poubelle d’effets toxiques) rongée par des obligations d’État toxiques provenant des États dits en faillite, et le système bancaire européen est désespérément en faillite. (…)

Le plan d’aide que le Parlement grec a été obligé d’accepter tuera la Grèce. Le premier plan d’aide de 110 milliards d’euros de l’année passée a déjà conduit à un effondrement de 25% du niveau de vie. Le nouveau plan de renflouement ne fera qu’empirer les choses. Le parlement grec, sous la pression de l’Union européenne et des banques, a adopté ce plan d’austérité par 155 voix contre 145, mais la population ne l’accepte pas. Elle le considère légitimement comme profondément injuste, les gens riches qui ont profité jusqu’ici de la situation ont déjà expatrié leurs capitaux et ce sont les plus pauvres, dont le revenu moyen est de 500 euros par mois, qui sont supposés payer plus de taxes, plus de TVA et subir les coupes budgétaires. (…)

Des manifestations quotidiennes ont lieu sur la place Syntagma d’Athènes et dans de nombreuses autres villes. Mais, depuis le vote du parlement, Papandréou a ordonné à la police de réprimer violemment les protestations avec de véritables brutalités policières. Comme le montrent certains documents vidéo, des provocateurs sont présents pour donner un prétexte aux forces de police pour charger les manifestants et disperser la foule. Il existe des preuves filmées que certains de ces provocateurs se réfugient dernière les lignes de police. (…)

Une politique « faillie » dans la région transatlantique

Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que la politique du gouvernement américain et de l’Union européenne a échoué car, si nous regardons la situation quatre ans après le déclenchement de la crise financière mondiale, elle n’a fait qu’empirer et aucune intervention n’a été envisagée ; et si vous vous souvenez de la conférence internet prophétique donnée par mon mari le 25 juillet 2007, une semaine, ou trois jours, avant l’éruption de la crise financière, lorsqu’il a déclaré « ce système n’a aucune chance, rien ne pourra le sauver », c’est exactement cela ! En août, dans son projet de loi de protection des propriétaires et des banques (HBPA), il proposait une série de mesures pouvant alors être mises en œuvre et qui, si elles l’avaient été, auraient mis fin à cette crise !

Wall Street et Londres, grâce à Bush fils, et maintenant grâce à Obama, ont fait en sorte de stopper le HBPA dans son élan. A la place, les pays du G20 ont aligné les plans de sauvetage l’un après l’autre, honorant les dettes de jeux des spéculateurs et injectant quelque 30000 milliards de dollars dans le système monétaire, ce qui a fortement accru les risques d’inflation et même que cela dégénère en hyperinflation, comme dans l’Allemagne de 1923.

Cela veut dire que les gouvernements ont, durant cette période, converti la dette privée de l’économie casino en dette publique, et maintenant, ils demandent aux contribuables et aux citoyens qui ne sont plus imposables parce que leur niveau de vie s’est effondré, de payer la note. Cela ne signifie rien d’autre qu’assassiner le peuple, en réduisant son espérance de vie, et il ne fait aucun doute que c’est bien l’intention à laquelle nous avons affaire.

Le rapport Angelides, c’est-à-dire le rapport de la Commission d’enquête du Congrès américain sur la crise financière, publié en janvier de cette année, et le rapport Levin-Coburn du Sénat fournissent toutes les informations pour arrêter ça. Pour l’essentiel, ils montrent le comportement désespéré de « l’industrie financière » et l’incapacité totale des politiciens et des autorités de régulation à intervenir. Ils désignent implicitement les raisons de cette situation, l’annulation de la loi Glass-Steagall en 1999 et les dérégulations similaires des trente dernières années.

Voilà maintenant six mois que le rapport Angelides a été publié, deux mois pour le rapport Levin-Coburn, et durant toute cette période, pas un gouvernement européen n’a émis de commentaire sérieux ni pris une quelconque initiative ! Le temps nous est compté et nous devons sortir de ce système, cause de cette situation, car si nous ne le faisons pas, c’est l’humanité qui souffrira de cette tragédie.

La mondialisation contre l’espoir de 89

Le système auquel nous avons affaire et dont nous devons nous débarrasser est ce qu’on appelle généralement la « mondialisation », ou encore l’Empire anglo-américain, ou plutôt l’Empire britannique, si vous entendez par là non pas l’île de Grande-Bretagne, mais ce conglomérat de banques centrales, banques d’investissement, hedge funds, fonds de pensions, compagnies d’assurance et de réassurance et autres cartels : tout cela repose sur l’idée d’attribuer à l’argent une valeur absolue et de lui sacrifier les individus, les économies, les agriculteurs, tous les secteurs de l’économie. Il s’est agi d’une gigantesque redistribution, des pauvres vers les riches.

Cette tendance a existé de tout temps, notamment après la mort de Franklin Roosevelt. Il existait toutefois de nombreuses contraintes dans la période d’après-guerre : les accords de Bretton-Woods, qui n’étaient pas parfaits mais imposaient une certaine régulation, et des chefs d’Etats comme Adenauer, de Gaulle et d’autres, John F. Kennedy aussi, qui gardaient toujours un œil sur le bien commun des peuples et contenaient les puissances financières.

Avec l’effondrement de l’Union soviétique entre 1989 et 1990, il n’y avait plus de barrière à l’idée oligarchique d’empire mondial.

Durant cette période j’ai fait de nombreux discours, disant en substance que si nous faisions l’erreur d’imposer le système d’économie de marché sur les ruines du système communiste, nous assisterions pour longtemps à un processus de pillage menant à une catastrophe bien pire que le défunt système soviétique lui-même, et c’est exactement là où nous en sommes.

Souvenez-vous de 1989 et de ce que signifiait alors la chute du Mur pour l’Allemagne : les Allemands étaient enthousiasmés par cette grande occasion de 1989. Nous aurions alors pu emprunter un tout autre chemin ! Nous n’avions plus d’ennemi, « l’Ouest avait gagné » et nous avions alors une chance de voir s’instaurer une coexistence pacifique mondiale, nous aurions alors pu utiliser les ressources militaires à des fins pacifiques, pour reconstruire et changer la terrible condition des pays en développement.

Nous avions déjà un plan pour cette occasion : premièrement, « le Triangle productif » englobant la région entre Paris, Berlin et Vienne, pour enclencher un saut technologique avec le Transrapid, le train à lévitation magnétique, le réacteur à haute température (HTR) et d’autres technologies avancées, créant ainsi un moteur de développement vers l’Est. Lorsque l’Union soviétique s’est auto-dissoute en 1991, nous avons immédiatement étendu ce programme au « Pont terrestre eurasiatique » pour lequel nous avons milité dans de nombreuses nations, et qui a été retenu en partie par certains pays comme la Chine, la Russie et d’autres.

Nous avions donc un plan pour réagir à l’effondrement du système. Au lieu de cela, Bush père et les néoconservateurs aux États-Unis décidèrent d’adopter la doctrine du « Nouveau siècle américain » fondée sur « la relation spéciale anglo-américaine », ce fameux mécanisme par lequel les Britanniques tentent inlassablement de saper l’esprit de la Révolution américaine. Au lieu de nous orienter vers un ordre pacifique, nous avons alors eu droit au Choc des civilisations d’un Samuel Huntington, dans lequel l’islam et le « conflit Nord-Sud » prenait la place laissée vacante par la Russie. Avec, bien entendu, l’idée de bâtir un empire, fondé sur un autre écrit de Samuel Huntington, Le soldat et l’Etat, où il défend l’idée qu’il faut se débarrasser de l’armée de conscription au profit d’armées de légionnaires, dans la tradition de l’Empire romain, pour se préparer à des guerres impériales avec des agences de sécurité privées, comme cela s’est fait en Irak, en Afghanistan ou en Libye.

Cette politique était en partie motivée par la volonté de détruire géopolitiquement la Russie et les ex-pays du Comecon. Une étude de la CIA de 1991 concluait que les anciens pays de l’Union soviétique disposaient de trop de matières premières et de main d’œuvre qualifiée et qu’ils devaient donc être désindustrialisés afin de prévenir l’émergence de puissants compétiteurs sur les marchés mondiaux. Ce fut le programme de privatisation mis en œuvre par les oligarques russes.

L’Union européenne, un empire de facto

En ce qui concerne l’Europe, le plan consistait à faire de l’Union européenne un empire britannique de fait. Naturellement la Grande-Bretagne se garderait bien d’en faire partie, mais la politique de l’UE devait prendre exemple sur l’empire britannique. (…)

Le 28 novembre 1989, le chancelier allemand Helmut Kohl présentait son célèbre plan en dix points pour la confédération des deux États allemands, en attendant la réunification. Le 30 novembre, Alfred Herrhausen, alors directeur de la Deutsche Bank, était assassiné. Il avait conçu des plans de développement pour la Pologne et d’autres pays de l’Est, similaires aux nôtres. Il était l’un des plus proches amis d’Helmut Kohl.

Puis vint le sommet de l’Union européenne, les 8 et 9 décembre de la même année, à Strasbourg, où Mitterrand, Thatcher et Bush demandèrent à Helmut Kohl d’abandonner le deutschemark en échange de la réunification allemande. Kohl avoua plus tard qu’il avait vécu là « les heures les plus sombres » de sa vie.

Nous savons aujourd’hui comment le deutschemark fut écarté afin d’affaiblir l’Allemagne. L’éminence grise de François Mitterrand, Jacques Attali, a révélé dans Verbatim que Mitterrand avait menacé l’Allemagne de guerre s’il ne capitulait pas à l’adoption de l’euro.

En janvier dernier, Jacques Attali a déclaré dans un discours que l’euro et la zone euro avaient été consciemment créés pour ne pas fonctionner, afin que les pays d’Europe se retrouvent contraints et forcés à une unification politique et économique, ce à quoi les pays se sont opposés jusqu’à présent.

Une structure entièrement monétariste s’est mise en place, traité après traité, de Maastricht à Lisbonne. La Commission européenne est devenue une structure supranationale. L’Europe est devenu un « machin » et l’euro ne peut pas et ne pourra jamais fonctionner !

Examinons maintenant les arguments. L’Europe, telle qu’elle a été conçue dans la tête de nos dirigeants, devait être un garant de la paix ! Écoutez ce que disent aujourd’hui les manifestants en Grèce, au Portugal et en Espagne à propos de la chancelière allemande ! Ils arborent des drapeaux de l’Union européenne avec une svastika, ce qui n’est pas ce qu’on peut appeler un symbole de paix !

Le deuxième argument pour les crédules était qu’il fallait une Europe unifiée afin de contrer les puissances émergentes comme la Chine, l’Inde, le Brésil et la Russie. Mais avec la politique européenne écologiste, l’Europe est en train de se suicider économiquement. La récente décision du Parlement allemand de sortir du nucléaire n’a absolument rien à voir avec Fukushima ! Des pays comme la Russie, la Chine, l’Inde et la Corée du Sud sont pleinement engagés dans le développement de l’énergie nucléaire, tirant les leçons de Fukushima pour aller vers un nucléaire plus sûr, voire intrinsèquement sûr comme le réacteur de 4e génération, vers le HTR et la fusion thermonucléaire. Il n’y a que certains pays européens comme l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche ou l’Italie à avoir récemment décidé de se suicider économiquement !

Quarante ans de politique britannique

Cela n’a rien à voir avec Fukushima, mais avec quarante années de politique britannique qui ont débuté avec les ignobles mensonges du Club de Rome. Ils ont popularisé cette thèse absurde de « Halte à la croissance ? », clamant que le monde serait à l’équilibre depuis 1970 et que nous aurions maintenant atteint une limite nécessitant un « développement durable » avec des technologies appropriées !

Ce n’était là ni plus ni moins que des mensonges, ni la planète ni l’univers ne sont tels qu’ils les ont dépeints. Il s’agissait de la politique du Prince Philip et de son fonds mondial pour la nature (WWF), récemment dénoncés par la télévision allemande pour son implication dans des politiques criminelles de promotion des biocarburants dans les pays du tiers-monde.

Le Prince Philip n’a jamais caché son intention de réduire la population mondiale à 1 ou 2 milliards d’individus. Nous suivons cela depuis quarante ans, de nombreux partisans de la dépopulation ont le même raisonnement : « Comment réduire la population ? C’est très simple, prenez les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, famine, mort, guerre et maladies, et c’est ainsi que vous résoudrez le problème. »

Lorsque le Club de Rome a commencé cette politique criminelle, nous avions calculé que ses effets engendreraient des centaines de millions de morts, particulièrement dans les régions du monde en développement. Et nous disions – je l’ai déclaré personnellement lors de la Conférence sur la Population à Bucarest, en 1974 – que « cette politique est cent fois pire que celle d’Hitler ».

Ils ont aligné mensonge sur mensonge. Le mensonge du réchauffement climatique, ou du changement climatique anthropogénique – qui n’est autre que le socle de toute la politique d’énergies renouvelables – et plus récemment, nous avons eu ce rapport à peine croyable en Allemagne, sur lequel s’est appuyé le gouvernement allemand pour décider de sortir du nucléaire. Or, ce conseil scientifique est présidé par Hans Schellnhuber, Commandeur de l’Empire britannique, un sigle qu’il arbore à chacun de ses discours et dans chacune de ses lettres, au lieu d’en avoir honte ! Il s’agit bien d’une politique britannique, et nous l’avons prouvé à de nombreuses reprises.

Ce qu’ils visent est une grande transformation – « un nouveau contrat social pour la grande transformation » - qu’ils ont en vue depuis des années et qui n’a donc rien à voir avec Fukushima : ils veulent « décarboner »tout le secteur mondial de l’énergie, c’est-à-dire non seulement sortir du nucléaire mais également du charbon, du gaz, du pétrole. Si vous faites cela (ce qui n’arrivera pas car il n’y a aucune chance pour que la Russie et la Chine s’alignent sur cette politique), vous réduisez la démographie mondiale à 1 ou 2 milliards d’individus !

En réalité, cela aboutirait à l’extinction de l’espèce humaine. Toute l’histoire de la vie terrestre depuis 500 millions d’années est celle d’une évolution anti-entropique reflétant le développement de l’univers, et la caractéristique de l’évolution des espèces vivantes est l’accroissement net de la densité de flux énergétique.

Un épuisement relatif des ressources est atteint à chaque étape du développement, et toute stagnation se traduit par un effondrement. Une société qui tenterait d’adopter un niveau fixe de densité de flux d’énergie, ce que sont les énergies éoliennes et solaires, créerait les conditions de sa propre disparition. La perpétuation de l’existence de l’humanité nécessite un accroissement de la densité de flux énergétique dans le processus de production et un accroissement de l’intensité capitalistique afin de redéfinir à chaque étape la nature des ressources. Sans accroissement de la densité de fission nucléaire, de fusion thermonucléaire et de réaction matière-antimatière, l’humanité se prépare à rejoindre la cohorte des espèces disparues qui n’ont pas su faire face aux catastrophes naturelles qui les frappaient.

L’abandon des secteurs industriels à haute intensité énergétique par l’Allemagne ne signifie pas seulement que ces industries vont quitter l’Allemagne, mais elles emporteront avec elles de nombreuses activités, du fait des coupures de courant partielles ou totales, de l’effondrement du niveau de vie et de qualification et du raccourcissement de la vie.

Royaume-Uni delenda est !

Nous avons maintenant atteint un point où ça n’est plus acceptable : le cri de ralliement de cette conférence, au moins en ce qui me concerne, est que l’Empire britannique doit être détruit, avec tous les axiomes et les présupposés stupides qui l’accompagnent, c’est-à-dire le monétarisme et l’idée d’un gouvernement oligarchique. C’est bien ce à quoi nous avons affaire en Europe maintenant, une dictature oligarchique. (…)

Nous sommes à la fin d’une époque, ce qui veut dire aussi que nous sommes au début d’une nouvelle ! Et savoir si cette nouvelle époque sera un nouvel âge des ténèbres ou une nouvelle Renaissance repose en grande partie sur l’adoption ou non, par les États-Unis, d’un nouveau Glass-Steagall et sur la capacité de l’Europe à en faire autant. Nous effacerons alors tout simplement les milliers de milliards de dettes de jeu.

Nous pourrons alors émettre du crédit pour la reconstruction. Il existe de nombreux et grands projets en attente. Le NAWAPA pour transformer le continent américain, la liaison ferroviaire sous le détroit de Béring, le Pont terrestre eurasiatique, la remise en eau de grands lacs et mers intérieures asséchés, comme le lac Tchad ou la mer d’Aral. Nous donnerions immédiatement à l’Afrique les moyens de son développement, les infrastructures de base, le reverdissement des déserts et le doublement de la production alimentaire !

Il ne faudrait que quelques mois pour mettre fin aux pires situations de pauvreté et de faim. En l’espace de une à deux années, nous verrions apparaître les débuts d’une économie mondiale prospère. Nous pourrions alors nous consacrer à la recherche fondamentale et à une plus ample connaissance des lois qui régissent notre univers. Plutôt que de sortir du nucléaire, nous affinerions nos connaissances des signes avant-coureurs des tremblements de terre et des éruptions volcaniques afin de mieux les prévenir et mieux organiser l’évacuation des populations.

Au cours des 500 derniers millions d’années, cinq grandes extinctions se sont produites en corrélation avec un cycle géologique de 62 millions d’années, lié à la position de notre système solaire dans la galaxie. A chacune de ces grandes extinctions, ce sont près de 98% de l’ensemble des espèces vivantes à la surface de la Terre qui ont disparu. Et nous entrons maintenant dans une phase de ce cycle où ce genre de chose peut se produire. Cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais si nous voulons nous assurer que nos enfants, nos petits-enfants et leurs petits-enfants soient préparés à ce genre d’éventualité et garantir au mieux la survie réussie de l’espèce humaine, nous ferions mieux de nous en préoccuper dès maintenant.

Cela nécessite un changement radical dans notre façon de penser. A l’Institut Schiller et dans le Mouvement de LaRouche, nous nous plaçons dans la tradition des grands esprits comme a pu l’être Nicolas de Cues, qui, dès le XVe siècle, a découvert qu’il existe une coïncidence entre les lois du microcosme et du macrocosme : le microcosme étant la créativité humaine et le macrocosme l’univers créé. Cues a également insisté sur le fait que notre univers était en développement permanent. Naturellement, en tant que Cardinal, son hypothèse supérieure est que le Créateur a créé un univers créatif et que l’homme, faisant parti de cet univers, est appelé à poursuivre ce processus de création à un niveau supérieur à celui auquel l’univers se développe par lui-même. C’est ce que Nicolas de Cues appelle la vis creativa, qui gouverne l’espèce humaine et l’univers.

Il est maintenant grand temps pour nous de créer autour de cette planète un mouvement de masse d’individus qui souhaitent accorder l’ordre politique et économique aux lois de l’univers.

Le génie est la condition naturelle de l’humanité

Notre grand ami Krafft Ehricke, un pionnier du vol spatial, appelait cela « l’impératif extraterrestre » : « Ce n’est que lorsque l’homme débutera le voyage spatial qu’il commencera à se comporter rationnellement et qu’il prolongera l’évolution de l’homme et de la vie dans l’espace. L’impératif extraterrestre marquera le passage de l’humanité à l’âge adulte. »

Cela ne signifie pas tant le progrès scientifique que le progrès dans l’art classique. Pourquoi l’art classique est-il la seule forme d’art appartenant en propre à l’humanité ? Pourquoi le « goût », la musique, la poésie ou la tragédie, ne peuvent-ils pas être libéraux ? Parce que seul l’art classique, en poésie, en musique, correspond aux processus créatifs : vous avez une idée poétique ou musicale et vous la développez jusqu’à l’épuiser à travers un processus de composition bien-tempérée. Puis vous atteignez un niveau supérieur qui s’exprime sous forme de métaphore ou d’hypothèse.

Nous devons remettre l’idéal humain à l’ordre du jour, celui de mon ami bien aimé et du vôtre, Frédéric Schiller, pour qui la seule manière d’être, pour un homme, est d’être une belle âme, quelqu’un qui accomplit ce qui est nécessaire et trouve sa liberté dans cette nécessité ; il accomplit son devoir avec passion. Ce qui est à l’opposé du kantisme, « je dois être moral et par conséquent, je dois prendre en charge ces pénibles responsabilités… » Seul le génie peut devenir une belle âme selon Schiller, c’est-à-dire quelqu’un qui élargit les lois de l’univers, de l’art, de la musique, de manière légitime.

C’est de cette manière que nous devons changer la société, nous devons nous assurer que chaque être humain développe pleinement son potentiel et devienne un génie, une belle âme ; il n’y a aucune raison que quiconque ne puisse devenir un génie ! C’est la condition naturelle de l’homme. L’Homme est la seule espèce qui ait une capacité de raison créatrice.

Faisons le serment de ne pas permettre à l’humanité de devenir bestiale face à cette crise sans précédent et de laisser à tout jamais derrière nous l’oligarchisme et les empires.