Les Editoriaux de Jacques Cheminade

Incendie chez les voleurs

mardi 12 juillet 2011, par Jacques Cheminade


Les éditoriaux de Jacques Cheminade sont publiés tous les quinze jours dans le journal Nouvelle Solidarité, sur www.solidariteetprogres.org ainsi que sur son site de campagne www.cheminade2012.fr.


L’histoire est bien connue : une bande de voleurs accumule de plus en plus d’objets dans son repaire. Ils multiplient les vols et après leurs méfaits, fument des cigarettes ou des joints auprès de leur butin. Un jour, à force de jeter les mégots de clopes et de bédos sans faire attention, ils mettent le feu au magot. Tout part en fumée ! Cette image rend compte de l’état actuel du système financier et monétaire international. Le vol à grande échelle par la multiplication des dettes sans contrepartie productive, qui ne pourront jamais être remboursées faute de développement réel, rend tout l’argent électronique amassé vulnérable au moindre coup de feu.

En fait, le double système euro/dollar est mort en 2007. Depuis, l’on transmet la dette qui ne pouvait être remboursée par les établissements financiers privés aux Etats prétendument souverains. Ceux-ci se sont ainsi empoisonnés par les couleuvres toxiques qu’ils ont avalées, et tout ce qui a été obtenu par les renflouements successifs des joueurs perdants n’a fait qu’accroître la pyramide de la dette impossible à rembourser.

Les gouvernements ont capitulé en rase campagne face aux fonds d’investissements et aux mégabanques associés à la City et à Wall Street. Ils ont laissé se constituer un Empire mondial de la dette.
Qu’on appelle cela l’Union européenne ou les Etats-Unis d’Amérique ne change rien à la chose : ce sont aujourd’hui, avec leurs monnaies respectives, les deux supplétifs de l’Empire.

L’effondrement est imminent. Toutes les banques et toutes les monnaies sont au bord du gouffre. L’agence de notation Moody’s a semé la panique en disant tout haut ce que les experts pensent tout bas : au moins un tiers des principaux établissements financiers européens ne passeraient pas les tests de résistance auxquels ils ont été soumis bien qu’ils excluent la possibilité d’un défaut important des Etats. Or on est à la veille de ces défauts. Les taux d’emprunt à 10 ans de la Grèce atteignent 17,2 % et ceux à 2 ans 29 % : danger imminent ! Les taux des obligations irlandaises à 10 ans dépassent 10 % et à 2 ans 16 % : même pari sur la faillite ! Pour le Portugal c’est 13,3 % à 10 ans mais 18 % à 2 ans : même inversion ! Surtout, les taux espagnols à 10 ans sont à 5,78 % et les italiens à 5,45 %. Mieux encore, l’écart de taux entre obligations d’Etat françaises et allemandes s’accroît jusqu’à atteindre près de 0,7 %. Les plumes du coq gaulois commencent donc à sentir passer le vent du boulet.

La Banque centrale européenne a dérogé à toutes ses règles en acceptant d’abord des titres douteux notés BBB en 2008, puis des titres irlandais, grecs et portugais notés encore plus bas, et enfin elle a autorisé les banques à lui emprunter de l’argent à taux fixe et sans limite de montant. Elle a ainsi épuisé toutes ses marges de manœuvre et se trouve sous le coup d’actions en justice pour ne pas avoir respecté les traités européens. Ajoutons que des effets spéculatifs, comme les ETF synthétiques peuvent s’effondrer à tout moment, tout comme la pyramide de CDS : ces produits d’assurance acquis par les investisseurs pour se couvrir contre la défaillance des pays verraient leur paiement se déclencher en cas de faillite d’un pays, avec un effet domino incontrôlable.

Mettre en place un système Glass-Steagall global, en Europe et aux Etats-Unis, revêt donc une urgence absolue pour empêcher que l’économie réelle brûle avec les voleurs. L’Europe doit constater sa faillite financière, couper ses branches pourries et investir dans l’avenir, dans de grands projets de technologie avancée, créant des plateformes de développement rétablissant l’espérance des peuples. Il n’est pas d’autre voie politique pour sortir de la décomposition actuelle et mon métier est, avec Lyndon LaRouche, d’en être l’éclaireur.