Brèves

LaRouche demande des comptes au vice-président Cheney

mardi 17 juin 2003

Le vice-président Dick Cheney aurait été le principal membre du gouvernement américain impliqué dans la diffusion délibérée de mensonges sur le prétendu programme irakien d’armes nucléaires, et cela en vue d’obtenir le soutien des Nations unies, du Congrès et du peuple américain pour faire la guerre à l’Irak. En raison des éléments qui justifient ces soupçons, Lyndon LaRouche demande l’ouverture d’une procédure de destitution à l’encontre de Cheney. Cette controverse porte principalement sur l’utilisation de faux pour faire croire à l’existence d’armes de cette nature. L’appel de LaRouche a eu d’importantes répercussions à Washington, dans l’ensemble des Etats-Unis et sur le plan international.

Le 7 juin, le porte-parole du comité électoral de LaRouche, Debra Hanania-Freeman, a repris les propres termes du candidat présidentiel dans une déclaration exigeant des réponses précises de la part du vice-président : « Ne nous y trompons pas. La nature de ces accusations constitue un solide motif de destitution. (...) Je veux savoir exactement ce que Cheney savait et depuis quand il le savait. Ces accusations, graves et précises, ne permettent aucune dérobade. Déterminer qui savait quoi et quand constitue, en ce moment, une urgence de sécurité nationale ». Cette déclaration est actuellement distribuée sous forme de tract à un million d’exemplaires sur l’ensemble du territoire américain.

La charge qui pèse lourdement sur le vice-président, c’est que, le 16 mars, il déclarait encore à la télévision nationale que l’Irak possédait une capacité nucléaire. Plusieurs membres du Congrès ont fait savoir que cet argument - basé, pensaient-ils, sur des renseignements secrets bien fondés - les a convaincus, ainsi que nombre de leurs collègues réticents, de la nécessité de lancer la guerre.

Examinons les faits. Fin 2001, la CIA a reçu une copie de divers documents à en-tête du gouvernement du Niger, censés démontrer que le régime irakien tentait de se procurer d’importantes quantités de minerai d’uranium (« yellow cake ») destinées, semble-t-il, à la fabrication d’armes nucléaires. Selon différents rapports de presse, en février 2002, Cheney aurait demandé à un ancien ambassadeur américain en poste en Afrique de se rendre au Niger afin de déterminer l’authenticité des documents. L’ambassadeur, dont l’identité n’a pas été rendue publique, a affirmé, après son voyage, qu’il s’agissait de faux et qu’il n’existait donc pas de preuve d’une tentative irakienne d’obtenir du Niger ce yellow cake.

Bien que la nature frauduleuse de ces documents ait été démontrée, on a continué à ressortir ces allégations pendant tout l’automne 2002. De plus, une « fiche » du département d’Etat, datée du 19 décembre 2002, faisait référence aux tentatives de Bagdad d’obtenir de la matière nucléaire et le président Bush les a même mentionnées lors de son discours sur l’état de l’Union, prononcé le 28 janvier 2003.

Un haut responsable du renseignement américain à la retraite a confié à un collaborateur de LaRouche qu’il avait été informé que le bureau du vice-président lui-même avait incité la CIA à fournir les documents nigériens aux inspecteurs en désarmement de l’ONU. On sait que, dans les mois précédant la guerre d’Irak, Cheney était un élément clef du « parti de la guerre » et qu’il prétendait, en particulier, que Saddam Hussein était sur le point d’achever la construction d’une bombe nucléaire.

Le 26 août 2002, le vice-président avait prononcé un discours devant la Convention nationale des anciens combattants (VFW), dans lequel il avait directement fait planer le spectre de la « bombe nucléaire de Saddam ». Le 8 septembre, à la télévision nationale, il a porté des accusations encore plus précises contre Bagdad, l’accusant de chercher à se procurer des matériaux pour fabriquer des armes nucléaires. Le 16 mars 2003 - soit une semaine après que le chef de l’AIEA, Mohamed El Baradei, ait déclaré devant le Conseil de sécurité de l’ONU que les documents nigériens étaient falsifiés - le vice-président a réitéré à la télévision ses accusations, allant même jusqu’à prétendre qu’« il [Saddam] a, effectivement, reconstitué des armes nucléaires ».

Compte tenu de ces déclarations, et d’autres encore, il n’y a pas de doute que le vice-président américain est tenu de fournir des explications et que le peuple américain ainsi que la communauté internationale sont en droit d’exiger que toute la lumière soit faite.

Le député Waxman met Cheney sur la sellette

Au Congrès, le plus acharné à poursuivre l’enquête sur les armes de destruction massive irakiennes est le démocrate de Californie Henry Waxman, membre de la Commission de réforme du gouvernement. Les 17 mars, 2 juin et 10 juin, il a envoyé à différents membres du gouvernement des lettres d’une franchise inhabituelle, exigeant des éclaircissements en particulier sur la falsification de renseignements et l’utilisation de faux. Le vice-président Dick Cheney est l’une des principales cibles de ses enquêtes. En fait, ces initiatives s’inscrivent dans un effort bipartisan plus large visant à déterminer si des renseignements ont bel et bien été fabriqués et/ou contrefaits dans le but de justifier l’engagement des Etats-Unis dans une guerre à l’étranger et de le « vendre » à la population américaine.

Dans sa lettre du 10 juin à Condoleezza Rice, Waxman met en cause certaines affirmations faites le 8 juin par la conseillère à la Sécurité nationale du Président, dans le cadre de différentes émissions télévisées, affirmations « qui contredisent d’autres faits connus et posent une série d’autres questions ». Elle avait notamment déclaré à Meet The Press que « peut-être que quelqu’un au sein [de la CIA] savait » que les éléments cités par Bush dans son discours du 28 janvier étaient suspects, surtout sur la question de l’uranium nigérien. Waxman lui demande donc d’identifier cette personne ou ces personnes.

Il poursuit : « Lorsque l’on vous a interrogée sur les rapports selon lesquels le vice-président Cheney avait envoyé un ancien ambassadeur au Niger pour enquêter sur les éléments de preuve, vous avez répondu : "Il se peut que le bureau du vice-président ait demandé ce rapport". Au regard de ce commentaire, je vous prie de préciser : (a) si le vice-président Cheney ou son bureau a requis une enquête sur les accusations selon lesquelles l’Irak aurait pu tenter d’obtenir de la matière nucléaire en Afrique et la date à laquelle cette demande a été formulée ; (b) si un ambassadeur américain, ancien ou actuel, en poste dans un pays africain, ou tout autre responsable ou représentant gouvernemental, actuel ou ancien, s’est rendu au Niger, ou a mené une enquête par d’autres moyens concernant les accusations selon lesquelles l’Irak aurait pu tenter d’obtenir de la matière nucléaire du Niger ; et (c) quelles conclusions, si toutefois il y en avait, ont été soumises au vice-président, à son bureau ou à d’autres responsables américains suite à cette enquête, ainsi que la date à laquelle ces conclusions ont été remises. »

Le député Waxman conclut ainsi sa lettre : « Ce que je veux obtenir, c’est la réponse à une question simple : pourquoi le Président a-t-il utilisé des éléments falsifiés dans son discours sur l’état de l’Union ? C’est une question qui a directement trait à la crédibilité des Etats-Unis et elle devrait trouver une réponse prompte et franche, avec production de tous les faits pertinents. »

Dans sa lettre du 2 juin au président Bush, le député de Californie affirmait : « S’expliquer sur les déclarations de votre discours sur l’état de l’Union ne devrait pas nécessiter des mois d’enquête - simplement de la franchise. Alors que la crédibilité des Etats-Unis est mise en cause dans le monde, je vous demande instamment de soulever sans tarder cette question vitale. (...) A ce jour, vous n’avez donné aucune explication de la raison qui vous a poussés, vous-même ou vos plus proches conseillers, à porter à maintes reprises des accusations basées sur des faux. Or toute votre doctrine préventive dépend de la capacité des Etats-Unis de récolter des renseignements exacts et de produire des évaluations honnêtes. Cette affaire pose des questions fondamentales que l’on ne peut ignorer. »