Déclaration de Jacques Cheminade

Vive la Grèce libre !

mardi 1er novembre 2011, par Jacques Cheminade

Paris, le 1er novembre 2011 — En décidant d’organiser un réferendum pour donner la parole au peuple grec sur le régime de protectorat que lui inflige l’Union européenne (UE), Georges Papandréou a causé la panique dans les milieux financiers. Ainsi, lorsque les règles les plus élémentaires de la démocratie républicaine sont appliquées, les conglomérats d’intérêts financiers qui constituent l’empire de la City et de Wall Street crient à l’abomination. C’est une preuve de ce qu’ils sont, au vu et au su de tous. Pour eux, c’est la troïka composée de l’UE, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne qui doit faire la loi. Et si vous protestez, on vous traitera d’irresponsable ou de populiste. Il est clair que cette fausse Europe-là se fait contre l’intérêt des peuples et leur mode d’expression libre et démocratique, comme l’a reconnu, par exemple M. Jean-Claude Juncker en affirmant que les experts - les experts financiers - savent mieux que tout le monde ce qu’il faut faire.

L’arrangement bancal manigancé par le Conseil européen de la semaine dernière se trouve ainsi mis cul par dessus tête en moins de temps qu’il n’en faut pour prononcer le mot yuan.

Je soutiens dans ces conditions le peuple grec contre ce que j’ai appelé lors de ma campagne présidentielle de 2006/2007 le chantage du fascisme financier. Car il s’agit aujourd’hui bien de cela. Les Grecs ont commémoré le 28 octobre le jour du "non", le non qu’ils avaient lancé le 28 octobre 1940 à Benito Mussolini et qui aboutit à la défaite de ses troupes. Hitler dut alors envoyer les siennes pour soumettre la Grèce et retarder de plusieurs semaines son offensive contre l’URSS en 1941, ce qui entraîna sa défaite devant Moscou dans les conditions de l’hiver russe. Nous devons donc beaucoup à la Grèce et comme vient de le déclarer le vieux résistant Manolis Glezos : « Hier on a dit non à l’occupation fasciste, aujourd’hui on dit non au protectorat ».

Il est temps d’arrêter le renflouement des mégabanques et de mettre en oeuvre la séparation des banques d’affaires et des banques de dépôt et de crédit, afin de priver de munitions les spéculateurs. Nicolas Sarkozy a dit le contraire lors de son intervention télévisée de jeudi dernier. Cela le situe dans le camp d’Obama et des adversaires de l’indépendance des Etats-nations. A l’opposé de la Grèce, qui défend son existence en tant que République. Pour elle comme pour nous, les banques d’affaires universelles se trouvant hors d’état de nuire, c’est un système de crédit productif public qui doit être mis en place, réorganisant les économies non dans l’intérêt d’un monétarisme impérial pilleur de substance, mais dans celui de la création de ressources pour le bien commun, qui ne passe jamais par le garrot de l’austérité imposé aux victimes, et la complaisance accordée aux coupables. Des faillites ordonnées doivent être organisées dans ce contexte, protégeant ce qui est nécessaire à la société et éliminant ce qui, depuis plus de quarante ans, en est le parasite destructeur.
Vive la Grèce libre, vive notre propre libération des forces financières !