Brèves

Le syndicaliste des taxis Claudio Giudici à la TV italienne : le Glass-Steagall de LaRouche, vite !

samedi 14 janvier 2012

14 janvier 2011 (Nouvelle Solidarité) – Invité le 11 janvier par l’émission Servizio Pubblico (1,7 million de téléspectateurs) qu’anime l’ancien journaliste de la RAI Michele Santoro, le dirigeant syndical des taxis en Toscane, Claudio Giudici, par ailleurs un membre actif du mouvement larouchiste italien Movisol, a pu évoquer la publication de sa lettre dans les pages du Financial Times. Au passage, il a suggéré que Lyndon LaRouche soit invité à son tour sur le plateau.

Après son intervention, des centaines de commentaires ont été postés sur la page Facebook de l’émission sous le titre : « Claudio Giudici, le président du syndicat Uritaxi pour la Toscane, affirme que les propositions de libéralisation du secteur sont une "arme de distraction de masse" et que le vrai sujet est de séparer les banques commerciales des banques d’affaires. ».

Parmi les commentaires : « Un chauffeur de taxi en sait plus que quelqu’un qui est économiste, professeur, sénateur à vie, Président du Conseil et ami du chef de l’Etat » ; « Je verrai bien ce chauffeur de taxi au poste de ministre des Finances et des réformes et pourquoi pas, comme Premier ministre intérim. Super ! »

Extraits :

Présentateur : Nous avons avec nous ce soir un chauffeur de taxi, mais il est particulier. Qu’a-t-il fait de particulier ? A un moment donné, il s’est rendu compte qu’on parlait des taxis et il se disait : les revoilà. Je ne sais pas ce qui leur fait croire que la réforme des taxis est la priorité de la « modernisation ». Quand on doit faire évoluer un pays, on commence avec les taxis, n’est-ce pas ? Ainsi, il s’est dit : j’écris une lettre… à qui ?

Giudici : Au Financial Times. Je pense que nous sommes tous victimes d’une « opération de distraction de masse », nous, les vendeurs de journaux, les pharmaciens, les responsables des PME, etc., nous sommes tous en ce moment persécutés, mis sur la touche. Ils essayent d’exploiter les instincts les plus bas de la population pour créer une vraie guerre entre les pauvres. En réalité le vrai problème n’est pas abordé. M. Travaglio en a parlé avant : la question des banques. Ceci dit, on a évoqué ce matin le contenu de ma lettre lors de la conférence de presse à Francfort du directeur de la Banque centrale européenne Mario Draghi…

Présentateur : Pourquoi l’avez-vous écrite ? Bien que ce qui compte ce soit que le journal le plus important du monde l’ait publié…

Giudici : Oui, il l’a publié. Ce qui est intéressant, c’est ce que relate Massimo Mucchetti dans son commentaire publié par Corriere della Sera sur le dernier livre de l’ancien Président Carlo Azeglio Ciampi où il dit : la finance nous vole notre avenir. A un moment donné, il évoque le système bancaire entre 1936 et 1993. Or qu’est ce qu’il s’est passé en 1993 ? Nous avons eu la loi Draghi, qui a abrogé le standard Glass-Steagall, c’est-à-dire le principe d’une séparation entre d’une part les banques d’affaires et d’autre part les banques commerciales. Ces dernières sont les banques qui gèrent notre argent et le prêtent aux entreprises et aux familles ; les banques d’affaires sont celles qui spéculent. Aujourd’hui, elles sont toutes confondues ensemble.

Présentateur : Ces noms étranges comme Hedge funds, toutes ces choses : en réalité il s’agit de banques d’affaires…

Giudici : Aujourd’hui, on devrait parler de la réforme du système bancaire ! En réalité c’est une chose que Tremonti…

Présentateur : Par réforme vous voulez dire séparation…

Giudici : Oui, à plusieurs reprises… On doit revenir à la politique de Franklin Roosevelt. Malheureusement, à la place, on promeut Adam Smith !

Présentateur : Vous voulez dire que ceux qui prêtent de l’argent, doivent avoir l’argent ! N’est-ce pas une chose élémentaire ?

Giudici : Certainement. Je vous invite, M Santoro, si un jour vous en avez l’occasion… Tous ce que je sais moi, d’économie, je l’ai appris d’un économiste américain, Lyndon LaRouche. Si vous pouvez l’interviewer ? Il a été interviewé par Minoli en 2001 et avait entièrement prévu la crise où nous allons. En 2012, [ironique] avec Mario Monti, la prophétie Maya [de la fin du monde] va devenir une réalité ! [Applaudissements]

Présentateur : Selon vous, c’est la dette qui nous a jeté dans la situation actuelle à cause du mélange qui existe entre banques commerciales et banques d’affaires. Car avant, les banques commerciales, elles obéissaient à certaines règles et ne pouvaient prêter que l’argent dont elles disposaient, etc. A la place, on a fabriqué de la dette en construisant des châteaux par les banques d’affaires. Alors quand il s’agit de réparer le monde, on commence par les chauffeurs de taxi, n’est-ce pas ?

Giudici : Les chauffeurs de taxi, les pharmaciens, exactement. Je répète : une opération de distraction de masse…

Présentateur : Que souhaitent-ils que vous deveniez ?

Giudici : (…) Nous sommes les boucs-émissaires (…) Ils nous souhaitent des emplois précaires, c’est évident. Mais à mon avis, il y a une véritable attaque. Parfois ils parlent de…

Présentateur : Quand ils ont publié votre lettre, est-ce qu’ils l’ont publiée en entier ?

Giudici : Ils l’ont publié deux fois, car la première fois ils n’avaient publié que des extraits présentés avant [une lettre de la responsable patronale] Emma Marcegaglia, je tiens à le souligner…

Présentateur : D’abord vous, suivi d’Emma Mercegaglia ?

Giudici : Exact, avec tout mon respect, bien sûr. Et ensuite, ils ont publié toute ma lettre, sauf deux passages…

Présentateur : Lesquels ?

Giudici : Pour moi, deux passages stratégiques. Selon moi, c’est Mario Draghi qui leur a donné de les enlever… [rires] La première, était une référence au Britannia, aux accords signés en 1992 au bord du [yacht de la Reine Elisabeth II] Britannia. On a dit – le Président Cossiga l’a dit – que Mario Draghi était à bord de ce yacht. Et qu’ont-ils décidé à cette occasion ? Ils ont décidé de créer un vaste marché financier en Italie et de lancer la privatisation de tout le secteur industriel et bancaire public. Car ne l’oublions pas : les banques qui dominent aujourd’hui l’Italie étaient avant des bijoux de l’Etat. Elles ont été privatisées ! Elles étaient des banques qui permettaient de maintenir l’Etat providence et donc un système de retraites et un système de santé. Aujourd’hui, tout cela est abandonné.

Présentateur : Et le deuxième passage censuré ?

Giudici : Disons qu’il s’agissait d’une référence épistémologique, c’est-à-dire une référence à la conscience comme un élément de l’ontologie humaine, comme un élément, je dirais, intrinsèquement…

Présentateur : Dites, ceux qui prennent votre taxi… [rires et applaudissements]

Giudici : Je vous ennuie ?

Présentateur : Non, cela nous intéresse mais enfin… [en s’adressant aux autres invités dans le studio]. C’est certainement une thèse intéressante, n’est-ce pas ? C’est une thèse intéressante…

Michele Emiliano [figure politique de premier plan et maire de la ville de Bari] : Certainement, c’est une thèse que peu d’entre nous tentent, avec bien des difficultés, de disséminer dans le pays.

Présentateur [en se tournant de nouveau vers Giudici]  : C’est aussi parce que la presse ne s’intéresse pas trop à ces questions…

Emiliano : Pas uniquement la presse mais aussi mes « amis » manquent d’intérêt. Quand je me permets de faire de telles remarques et de dire du mal, d’un gentleman comme Monti, il ne s’agit pas d’une attaque personnelle. Notre conscience s’éveille lentement et retourne faire de la politique et commence à raisonner sur la qualité politique d’un gouvernement. Et vous tombez sur un mur, car après le « choc Berlusconi », avoir une Premier ministre « normal » suffit déjà amplement à certains.