Helga Zepp-LaRouche et Jacques Cheminade : c’est à nous d’apporter le sens le plus extraordinaire du futur

mercredi 18 juillet 2012


Le 8 juillet, suite à la conférence internet conjointe à Berlin et transmise par internet d’Helga Zepp-LaRouche, présidente international de l’Institut Schiller, et Jacques Cheminade, les deux orateurs ont répondu à une longue série de questions dont voici la conclusion (Extraits).


Stefan Tolksdorf (modérateur) : Plus je vous entends, moins j’ai envie de conclure notre émission car vous êtes deux personnes qui ne font pas de compromis. Cependant, nous avons encore du travail. La question qui demeure est : que peut-on faire ? Que doivent faire les gens, en pratique, pour que les projets que vous avez évoqués deviennent réalité ?

Jacques Cheminade : Je dirais : soyez « anti-pratique », du point de vue de la distinction que font nos ennemis entre ce qui est « pratique » et ce qui ne l’est pas. Rejoignez notre mouvement en y mettant le meilleur de vous-mêmes. Il ne s’agit pas d’adhérer à des idées établies ou à des choses que vous avez absorbées et que vous présenterez dans la même forme. Vous devez développer une pensée qui doit surprendre les gens à qui vous parlez. (…)

Nous sommes dans un monde où les choses semblent tirer vers leur fin, dans le contexte de l’effondrement de la civilisation et du système financier mondial. Imaginez : c’est dans ce monde-là que vous devez apporter le sens le plus extraordinaire du futur et de ce qu’il peut nous apporter. Rappelez-vous ce passage du film La femme sur la Lune (Frau in Mond, 1929) de Fritz Lang, que nous aimons montrer, où l’on entend la voix d’une femme sur la Lune, comme le premier pas de l’exploration du système solaire.

Pensez à cela et pensez en même temps au quotidien, à comment convaincre les personnes que vous rencontrez dans la rue, dans votre entourage, et à qui vous parlez de ces idées. Vous devez les amener à avoir un sens plus élevé de l’humanité.

C’est la meilleure chose que vous puissiez faire, et nos programmes, celui pour l’espace méditerranéen ou celui du « Pont terrestre eurasiatique », désormais intégrés dans le « Pont terrestre mondial », tout cela donne aux gens, de pair avec une politique spatiale, le sens qu’ils sont humains. Et ils peuvent être humains en dépit de tout ce qui les entoure. C’est dans les périodes où la situation semble terrible – et elle l’est réellement – que le meilleur de l’humanité peut sortir en réaction. C’est l’optimisme de Leibniz et des gens qui, comme lui, ont combattu toute leur vie.

Il y a quelques années, j’ai visité le Musée national de la préhistoire des Eyzies-de-Tayac. Ils ont une représentation murale très intéressante montrant les températures terrestres durant les derniers 500 000 ans. Parallèlement, ils montrent les activités humaines à chaque période. C’est généralement dans les moments de très grands défis, lorsque le climat était extrêmement froid, par exemple, que furent accomplis les grands pas de l’humanité.

Aussi, alors que notre système solaire entre dans l’océan galactique et évolue vers une position de danger où l’humanité ne s’est encore jamais retrouvée (bien que cela se soit produit dans l’histoire du système solaire, mais longtemps avant l’apparition de l’homme), nous sommes obligés de penser loin au-delà de nos repères habituels, au-delà de notre façon de regarder les choses, au-delà de nos perceptions sensorielles.

Nous vivons un des moments de l’histoire où, comme Lyndon LaRouche l’a souvent souligné, cet effondrement systémique de l’ordre financier et économique mondial coïncide avec ce moment dans l’histoire de la galaxie où notre planète entre dans une zone dangereuse. C’est dans un tel moment que les êtres humains doivent prouver leur responsabilité envers l’avenir, en se comportant à l’exact opposé de ce que penserait un écologiste ou un matérialiste. L’être humain se définit non pas par ce qui l’environne et sa préoccupation pour cela, mais par sa conscience, c’est-à-dire l’étendue de sa pensée et de son imagination. Ce qu’il peut faire, et ce qu’il doit faire quotidiennement, c’est penser en même temps à son existence en tant qu’individu et à comment aller au-delà de cette existence personnelle pour se mettre au service d’autrui et de l’avenir de l’humanité. Et trouver en cela une joie immensément supérieure à tout plaisir des sens tels qu’ils nous sont présentés dans la société contemporaine. Ne soyez donc pas optimiste dans le sens simplet, mais soyez une lumière d’espérance et alors vous vous sentirez comme quelqu’un qui accomplit le devoir d’être humain et en tire du plaisir.

Helga Zepp-LaRouche : Jacques, ce que tu as dit était vraiment très beau et je n’ai presque rien à y ajouter, juste un petit mot. Nous allons vivre, dans les semaines et mois à venir, les moments les plus importants de notre vie. La plupart des gens pensent que la vie continuera, que les problèmes continueront, comme s’il s’agissait d’un feuilleton télévisé (soap opera). Beaucoup vivent dans ce genre de feuilleton qu’ils croient plus vrai que la vie réelle. En Allemagne, on passe le même feuilleton télévisé depuis trente ans. Beaucoup de jeunes, dès qu’ils rentrent chez eux, allument la télévision et le regardent. Les acteurs ont changé, mais l’histoire perdure depuis des décennies, et les gens projettent cette vision des choses sur l’histoire.

L’histoire n’est pas cela : ce sont des moments de rupture, des changements dramatiques ; des guerres mondiales qui éclatent, des dépressions économiques ou l’hyperinflation qui frappent. Et nous sommes actuellement dans une période de ce type où nous devons saisir les semaines qui viennent pour provoquer un changement. Il y a une date limite, qui est le début du mois de septembre. Si le Glass-Steagall n’est pas adopté d’ici là, avec éventuellement de nouveaux candidats présidentiels aux Etats-Unis, la possibilité de changement se réduira à l’extrême.

Donc, en dépit des plans que vous avez pu faire, je vous demanderai de prendre les deux prochains mois de votre vie pour soutenir à fond les efforts que nous menons afin de faire adopter ce Plan Marshall pour un miracle économique pour l’Europe du sud, l’espace méditerranéen et l’Afrique.

Mobilisons-nous pour obtenir une percée. Concentrons notre esprit et nos efforts. Mobilisez-vous d’une façon dont vous ne vous seriez même pas cru capable, appelez toutes les personnes que vous connaissez, aidez-nous à inonder massivement les universités avec ce programme que nous publierons en anglais, en allemand, en français, en italien et en espagnol. Il sera disponible sur internet. Prenons l’engagement solennel de mettre cette alternative à l’ordre du jour dans les mois à venir. Si nous y parvenons, il restera encore un espoir pour l’Europe.

Nous devons également faire une chose que Confucius et Lessing tenaient comme possible, et je partage leur avis : changer nos émotions par notre simple volonté. Ils disaient : vous pouvez commencer à aimer quand vous voulez et je pense que c’est ce qui est nécessaire pour réussir, car vous avez besoin d’une immense passion pour l’humanité, pour ne plus accepter la souffrance de milliards de gens et le lavage de cerveau (menticide) infligé aux enfants et aux jeunes.

De cela sortira l’amour, et l’amour vous donnera des ailes qui vous feront apparaître comme un « ange guerrier », car vous allez en devenir un. Voilà la qualité requise pour gagner ce combat.