Curiosity et la géopolitique britannique

mardi 4 septembre 2012, par Benoit Chalifoux

Lors d’un discours prononcé le 25 janvier 1904 devant la Société royale de géographie, le géopoliticien britannique Halford John Mackinder (1861-1947), également directeur de la London School of Economics, déclarait que lorsque les historiens se pencheront, dans un avenir lointain, « sur la série de siècles que nous traversons... ils donneront vraisemblablement à ces 400 dernières années le nom d’époque colombienne [l’époque ouverte par Christophe Colomb et les grands explorateurs] et diront qu’elle s’est achevée peu après l’an 1900 ».

La raison qu’il évoquait était qu’avec l’exploration des pôles au début du siècle, « les contours de la carte du monde ont été déterminés avec une quasi-exactitude » et « la possibilité de nouvelles découvertes spectaculaires » a été réduite à l’extrême.

Il affirmait que suite à une « appropriation politique complète » des masses terrestres, l’humanité sera comme au Moyen-Âge à nouveau confrontés « à un système politique fermé, et cela d’autant plus qu’il aura atteint la dimension du monde » au sein duquel les « éléments les plus faibles de l’organisme politique et économique mondial seront détruits ».

Orbite de transfert entre la Terre et Mars
Ce schéma, montrant la trajectoire suivie pour l’envoi du satellite Mars Reconnaissance Orbiter en 2005, est typique des transferts d’orbite devant être effectués entre les deux planètes avec les technologies cryogéniques, actuelles. Un tel lancement ne peut avoir lieu que tous les 26 mois, et le voyage dure environ 7 mois.
Ici, nous voyons les positions de la Terre (orbite bleue) et de Mars (orbite rouge) lors du lancement le 10 août 2005, puis leurs positions lors de l’arrivée du satellite autour de Mars le 10 mars 2006.
Les points noirs le long du parcours sont les endroits où sont prévues les corrections de trajectoire à faire pour bien réussir la mise en orbite finale.
nasa.gov

Bien sûr, après deux décennies marquées par l’émergence de nouvelles puissances industrielles comme les Etats-Unis, l’Allemagne, la Russie ou le Japon, Mackinder pourra constater avec satisfaction au lendemain de la Première Guerre mondiale que l’Empire britannique peut enfin profiter d’une domination inédite dans l’histoire du monde. En effet, les « éléments les plus faibles » comme la Russie et les empires austro-hongrois et ottomans sont soit tombés aux mains des bolcheviques, soit ont été tout simplement démembrés.

Sept décennies plus tard, suite à la chute du mur de Berlin en novembre 1989, l’Empire britannique s’est à nouveau trouvé confronté à la possibilité d’une grande œuvre de coopération entre la France, l’Allemagne réunifiée et la Russie post-soviétique pour le développement du continent eurasiatique, dont le cœur, situé en Asie centrale, constitue le « pivot du monde », selon la formule consacrée par Mackinder lors de son discours de 1904.

La réémergence au début de ce siècle de la Chine ou de l’Inde comme puissances indépendantes, avec d’importantes ambitions scientifiques notamment dans le domaine spatial, sont également une grande source d’inquiétude pour les impérialistes britanniques aujourd’hui.

Pire encore, l’arrivée du Laboratoire scientifique mobile Curiosity sur le sol martien, produit d’une coopération entre un grand nombre de pays dont les Etats-Unis, la France, la Russie, l’Espagne et l’Allemagne, de même que la réaction enthousiaste des populations du monde entier, rappelant l’arrivée de l’homme sur la Lune en juillet 1969, constituent la pire des menaces.

Mais puisque nous en parlons, revenons au 20 juillet 1969.

L’agonie tragique du Programme Apollo

Il ne fait aucun doute que l’arrivée de l’homme sur la Lune le 20 juillet 1969 était une remise en cause fondamentale des thèses de Mackinder sur la fin des grandes explorations, et mettait fin au confinement de l’humanité au sein d’« un système politique fermé », limité à la « dimension du monde ». Ce premier grand succès du Programme Apollo constituait également une menace stratégique au moment même où l’Empire britannique subissait, avec la fin du colonialisme, une importante métamorphose pour devenir la puissance financière globale que nous connaissons aujourd’hui.

Avec la percée du Programme Apollo, le monde s’ouvrait à l’espace interplanétaire, et le rôle central que prenait le financement public pour concrétiser la vision de John F. Kennedy venait contrer les plans britanniques. De plus, l’exploration spatiale menaçait d’étouffer dans l’oeuf une longue guerre en gestation, celle du Vietnam, qui reposait sur une confrontation permanente entre le bloc communiste et les pays occidentaux, conformément à la vision géopolitique de Mackinder.

Le double assassinat, à quelques années d’intervalle, de John et de Robert Kennedy, allait permettre d’éliminer les deux plus grands défenseurs de l’exploration spatiale, et enfoncer les Etats-Unis dans une guerre pouvant consommer une énergie immense, qui aurait pu être consacrée au programme Apollo.

Exploration martienne :
Quatre décennies de patient travail

Depuis la découverte en 1971 de l’immense canyon Valles Marineris par la sonde orbitale Mariner 9, la première à s’être mise en orbite autour de Mars et à cartographier la planète entière, la connaissance de la topographie martienne s’est grandement améliorée grâce à la meilleure résolution de MOLA (Mars Orbiter Laser Altimeter), l’un des instruments montés sur la sonde Mars Global Surveyor (MGS) à la fin des années 90. MGS a également effectué des relevés altimétriques d’une très grande précision pour la totalité de la surface martienne, en plus d’acquérir les données nécessaires à l’élaboration d’une carte complète du champ magnétique de la surface de Mars.

Les différents relevés spectroscopiques ont quant à eux permis de cartographier la présence de certains éléments chimiques comme l’hydrogène, le silicium et le potassium.

Une combinaison de toutes ces données, plus la prise en compte de la topographie ainsi que l’étude de la répartition des volcans et des 43 000 cratères laissés par l’impact d’astéroïdes ont également donné naissance aux premières hypothèses sérieuses sur l’histoire géologique de la planète, comme la présence d’eau sous la surface et les signes d’une tectoniques des plaques, même si on ne sait pas encore de manière certaine si la croûte martienne est encore active. Une réponse viable à cette question nous permettra en retour de mieux comprendre l’histoire de notre propre planète.

La question de la présence possible ou même réelle de la vie dans des périodes reculées reste encore à déterminer, ce que l’atterrissage de rovers comme Curiosity et surtout l’envoi d’autres robots capables de stocker des échantillons du sol martien jusqu’à ce qu’ils soient rapatriés sur Terre nous permettra d’établir avec plus de certitude. C’est ce que devait permettre d’accomplir le programme européen ExoMars, mais la participation américaine a été annulée au cours des dernières semaines. Nous ne connaissons donc pas le sort final de ce programme.

Il y a présentement trois satellites en orbite autour de Mars, mais deux sont arrivés en fin de mission. Le satellite américain Mars Reconnaissance Orbiter (MRO), qui avait été lancé le 12 août 2005, a terminé sa mission officielle le 31 décembre 2010, après avoir transmis vers la Terre plus de 70 000 images de la planète Rouge, dont plus 18 500 en haute résolution, soit plus que toutes les autres missions interplanétaires combinées. Le satellite continue toujours à fonctionner, et devrait continuer à le faire jusqu’en 2015 environ.

Un autre satellite de la NASA, Odyssey, est en orbite depuis février 2002. Même s’il a joué un rôle clé dans la transmission en direct des données concernant l’atterrissage de Curiosity le 6 août dernier, Odyssey est lui aussi en sursis car sa mission officielle s’est terminée le 24 août 2004. On lui donnait alors une espérance de vie supplémentaire de 10 ans environ, soit jusqu’en 2014.

Le troisième satellite encore actif aujourd’hui est Mars Express, opéré par l’Agence spatiale européenne (ESA). Il a été placé en orbite en décembre 2003, mais le contact avec Beagle 2, le rover qui l’accompagnait, a été perdu au moment de l’atterrissage. Aucune estimation sur l’espérance de vie de Mars Express n’a été fournie.

Carte des missions martiennes

Grâce aux données collectées par ces derniers satellites, Curiosity se trouve en mesure d’opérer dans un site qui a été sélectionné avec soin et qui permettra, nous l’espérons, de confirmer une partie de ces hypothèses.
Tout futur programme d’exploration de Mars doit inclure l’envoi de satellites plus puissants, dotés des technologies de dernière génération, et pouvant scruter non seulement la surface martienne mais aussi son environnement spatial (comme le recensement des astéroïdes), puis l’amarsissage d’astromobiles capables de collecter et stocker des échantillons « physiques » pouvant être rapatriés sur Terre pour être soumis à des analyses beaucoup plus poussées. Il faudra enfin envoyer plusieurs équipes d’hommes et de femmes ayant pour tâche de jeter les bases d’une future colonie scientifique.

Les prochaines fenêtres de tir vers la planète, après celle de 2013, n’auront lieu qu’en 2016 et 2018. La mise au point de fusées propulsées par la fusion nucléaire nous permettra par la suite, nous l’espérons, d’être moins dépendants de la position relative de Mars par rapport à la Terre, et par conséquent d’êtres plus flexibles dans le choix des dates.

Le programme Apollo n’a jamais été conçu, comme on essaie souvent de nous le faire croire, comme une simple course aller-retour pour « toucher » la surface de la Lune avant les Russes, mais comme une succession irréversible d’événements devant conduire, à moyenne échéance, à l’établissement d’une base semi-permanente et, à plus longue échéance, à la construction d’une base lunaire permanente. Le tout devait être suivi de l’arrivée sur Mars. La séquence prévue était la suivante :

Saturne V (10 missions de reconnaissance sur la Lune) + (5 missions suppl.) ? base lunaire semi permanente

et sa suite logique, nonobstant les variantes possibles :

Navette + Station spatiale + Fusée à prop. nucléaire construite dans l’espace + base lunaire ? Mars

Mais dès le début de janvier 1969, soit six mois avant le premier alunissage, le président Lyndon Johnson, puis peu après le président Richard Nixon, qui allait lui succéder le 20 janvier 1969, ont proposé de diminuer le budget de la NASA à seulement 3,83 milliards de dollars, contre 5,17 milliards de dollars en 1965. Johnson avançait comme prétexte que l’Amérique était sur le point de gagner la course à la Lune et que l’humanité devait désormais se concentrer sur sa « prospection intérieure », en mettant l’accent sur les sciences sociales. Nixon évoquait, quant à lui, la nécessité d’accroître le financement de la Guerre du Vietnam. Le Congrès votera finalement pour la NASA un budget de 3,7 milliards en novembre 1969, soit une diminution de 28 % par rapport à 1965.

Après le retour forcé d’Apollo 13 en avril 1970, les opposants du programme spatial intensifièrent leur campagne en affirmant qu’il n’était pas sage de mettre en danger la vie des astronautes. La réussite d’Apollo 11 ayant apporté tout le prestige voulu par l’Amérique, la poursuite des alunissages serait vue par les populations comme une routine et risquait, en cas d’accident, d’entacher ou même d’effacer de la mémoire collective tout ce qu’avait accompli le pays en étant le premier à mettre le pied sur le sol lunaire.

Pendant ce temps, chaque jour 300 soldats américains se faisaient tuer au Vietnam, et les Etats-Unis dépensaient en 10 semaines l’équivalent de ce qu’aura finalement coûté tout le programme Apollo entre 1961 et 1975, soit 25 milliards de dollars.

Cinq mois après l’échec d’Apollo 13, la NASA décida d’annuler les 15e et 19e missions du Programme Apollo et de transformer la fusée Saturne V de la dernière mission, Apollo 20, en un laboratoire spatial, baptisé Skylab, qui allait orbiter autour de la Terre entre 1973 et 1979.

La dernière mission à conduire des hommes sur la Lune sera donc Apollo 18, rebaptisée Apollo 17 en raison de l’annulation d’Apollo 15, et aura lieu du 7 au 19 décembre 1972. Une fusée Saturne IB conduira néanmoins les astronautes américains vers un rendez-vous historique le 15 juillet 1975 avec leurs confrères russes du vaisseau Soyouz 19, démontrant parfaitement la possibilité d’une coopération entre les deux « puissances ennemies » dans la grande aventure de l’exploration spatiale.

Pour faire taire les partisans du programme spatial et améliorer ses chances d’être réélu, Nixon fit annoncer le 5 janvier 1972 par le directeur de la NASA que des navettes spatiales seraient construites en Californie, un Etat clé dans la campagne présidentielle de 1972. Ainsi, après avoir saboté la première séquence de 10 (ou même 15) missions Apollo, Nixon pouvait tromper une partie de la population en donnant le feu vert pour la construction de la navette, qui devait constituer, avec Skylab, les deux premiers éléments de la deuxième séquence, et donner ainsi l’impression que le programme spatial allait toujours de l’avant.

La navette spatiale s’élançait vers l’espace en avril 1981, mais deux ans après le démantèlement de Skylab. Il faudra attendre 1998, soit 17 ans plus tard, pour que débute la construction de la Station spatiale internationale, l’ISS. Soulignons au passage que l’ISS doit rester en orbite jusqu’en 2020, mais que la dernière navette a été lancée en 2011, et que son successeur ne sera jamais construit par la NASA. Il reviendra à des intérêts privés de le faire, ainsi en a décidé le Président américain Barack Obama.

Le coup de massue de Jonhson et Nixon
dans le programme Apollo
Budget de la NASA 19655,17mds $
proposé par Johnson en janvier 1969 3,88 mds $
proposé par Nixon en avril 1969 3,83 mds $
alloué par Congrès en novembre 1969 3,7 mds $
Budget total du programme Apollo 25 mds $
Coût de 10 semaines de guerre au Vietnam en 1970 25 mds $

L’IDS de Larouche : fin de la « guerre froide » et de la « course à l’espace »

Entre-temps, au milieu des années 70, le déploiement par l’OTAN et le Pacte de Varsovie de missiles nucléaires toujours plus près des frontières de l’ennemi signifiait que le temps d’évaluation et de réponse en cas d’alerte était devenu dangereusement faible. Ceci conduisit Lyndon LaRouche à proposer le développement conjoint, par les deux blocs, c’est-à-dire dans un esprit de coopération, de technologies nouvelles capables de mettre fin à ce danger, en rendant obsolètes les armes nucléaires disponibles.

Cela signifiait qu’on allait s’engager dans une utilisation conjointe de l’espace pour « surpasser » la barrière technologique imposée par la terreur nucléaire de l’impérialiste britannique Bertrand Russell. Celui-ci avait en effet insisté pour que l’arme nucléaire reste l’arme absolue, en interdisant dans le traité ABM de 1972 le développement de missiles anti-missiles construits avec des technologies dites « balistiques ».

Les Russes avaient cependant réussi à faire inscrire dans le traité le droit de travailler sur des « principes physiques nouveaux » comme l’utilisation de lasers. Russell, pensant que les Russes n’y arriveraient jamais, ne s’y était pas alors opposé.

En reprenant cette idée de « principes physiques nouveaux », LaRouche espérait faire sauter la barrière technologique permanente et sortir le monde de cette perspective scientifique « fermée » que constituait la terreur nucléaire. Certains scientifiques, dont en particulier Edward Teller, ayant partagé cette approche, Lyndon LaRouche et ses collaborateurs d’alors réussirent à faire adopter par le Président Reagan en mars 1983 l’Initiative de défense stratégique. Cependant, le refus du gouvernement de Youri Andropov de se joindre à l’offre du Président américain, qui consistait à développer ce système de manière conjointe, eut de très lourdes conséquences sur la suite des événements.

Du côté américain, la montée en puissance du vice-président George H. Bush dans la deuxième administration Reagan a tué l’IDS. Bush était viscéralement opposé au programme et croyait fermement que le développement de système anti-missiles traditionnels, consistant à utiliser d’énormes balles de fusil pour arrêter d’autres balles de fusil « à tête nucléaire », suffirait à établir l’hégémonie américaine. Peu lui importait que cette stratégie viole l’esprit du traité ABM. Après le démembrement de l’Union soviétique à partir de 1989, le Président Bush ne se sentira guère plus lié par ce traité.

Mais déjà au cours de l’été 83, malgré le refus officiel d’Andropov, une délégation de scientifiques russes participant à une convention internationale à Erice, en Italie, avait réagi favorablement à un message envoyé par le Président Reagan.

Le Président Bill Clinton renouvellera lors d’un sommet à Vancouver en 1993 l’offre originale de Reagan, mais la Russie était alors « dirigée », telle une épave à la dérive, par le Président Boris Eltsine.

Suite à l’arrivée ultérieure de Poutine, ce fut cette fois-ci les Russes qui revinrent à la charge avec une offre similaire, et c’était au tour des Etats-Unis de faire la sourde oreille, sous l’emprise des néo-conservateurs et de George W. Bush.

Face au déploiement, sur l’ordre de George W. Bush puis de Barack Obama, d’un système de défense militaire entièrement basé sur des technologies existantes, et de surcroît motivé par une logique d’affrontement injustifiée à l’égard de la Russie et de la Chine, les Russes firent une nouvelle offre en 2011, associée cette fois-ci à un nouveau concept, celui de Défense stratégique de la Terre. Ce projet consiste à développer, de manière conjointe et en y associant toutes les puissances scientifiques actuelles, un système de défense comportant un double objectif. D’une part, veiller sur les menaces de tirs de missiles par d’éventuel agresseurs sur Terre et au besoin intervenir pour les arrêter. D’autre part et surtout, viser à protéger notre civilisation contre la menace posée par les astéroïdes et autres objets susceptibles d’entrer en collision avec notre planète.

Il est absolument clair que le bouclier mis en place actuellement par les Américains en Europe n’éliminera pas le danger que constituent les missiles nucléaires, bien au contraire. En entraînant les Etats-Unis dans l’illusion d’une supériorité stratégique, non pas par rapport à des missiles iraniens ne constituant aucun réel danger systémique, mais par rapport à la Russie et à la Chine, deux puissances nucléaires, ce bouclier accroît considérablement le risque d’un conflit thermonucléaire.

Curiosity : une chance de survie

L’amarsissage de ce Rover révolutionnaire le 6 août dernier est tout d’abord un heureux réveil, même s’il s’avère brutal pour certains. Il nous offre aussi une seconde et dernière chance de sortir le monde de l’imbroglio stratégique actuel.

C’est tout d’abord un réveil brutal, en particulier pour les journalistes français qui s’étaient massivement moqués du programme spatial de Jacques Cheminade au cours de la campagne présidentielle du printemps dernier. Car l’enthousiasme soudain des populations du monde entier au moment de l’atterrissage de Curiosity confirme l’analyse de Cheminade, pour qui l’étincelle créatrice innée chez l’homme l’amènera toujours à s’intéresser à une grande aventure outrepassant les frontières existantes.

Ensuite, parce qu’un grand nombre d’entre nous ont été étonnés de constater que beaucoup de choses ont été accomplies à notre insu sur Mars par les missions qui s’y sont succédé depuis quarante ans, bien au-delà des quelques bribes que les médias ont bien voulu nous communiquer de temps à autre.

Dans le contexte de l’offre russe et de la campagne menée par LaRouche pour un système de défense stratégique de la Terre et de Mars (voir ici : Pour une Initiative de défense de la Terre), un nouvel horizon s’ouvre ainsi devant nous :

Premièrement, il s’agit du retour à une « ère scientifique ouverte », avec une cascade de percées et de retombées technologiques fondamentales sur deux ou trois générations, nous permettant de nous évader enfin de la prison de la surconsommation numérique dans laquelle nous sommes présentement enfermés.

L’alternative à un tel dénouement serait terrible, même si l’on ne tient pas compte du danger d’un conflit thermonucléaire ou d’une collision avec un objet d’origine extra-terrestre. Notre ministre du Redressement industriel, Arnaud Montebourg, a décrit cette alternative le 19 août dernier, lors d’une fête populaire : celui-ci entend « conduire la France sur la route de la troisième révolution industrielle », qu’il décrit comme « la rencontre entre les énergies renouvelables et les technologies numériques », afin de « créer des emplois nouveaux », des « produits nouveaux » et « des objets nouveaux ». Cette révolution-là ne pourrait en effet conduire qu’à un monde de ressources insuffisantes pour alimenter et maintenir les populations humaines, et impliquerait donc le choix d’une dépopulation criminelle, même si notre ministre ne mesure pas la portée réelle de ses propos.

John Holdren, principal conseiller scientifique du président Obama, est le principal ennemi de la NASA à la Maison-Blanche
Co-auteur, avec Paul Ehrlich du livre Ecoscience : Population, Resources, Environment en 1977, l’ouvrage reprend la thèse malthusienne du « best seller » La Bombe démographique, publié par Ehrlich et sa femme Anne en 1968, et propose le recours à la stérilisation forcée, par l’introduction éventuelle de stérilisants dans l’eau courante pour réduire la population mondiale.

Deuxièmement, il s’agit de faire tomber les murs du « système politique fermé » de Mackinder et d’étendre les « dimensions du monde » à notre système solaire et au-delà, et troisièmement de continuer sur la lancée de la coopération internationale initiée par la Station spatiale et maintenue avec Curiosity malgré la crise financière récente.

Le pionnier de l’astronautique Krafft Ehricke avait déclaré, dans un discours prononcé en 1974 sur l’héritage d’Apollo : « Serons-nous les nouveaux vikings de l’âge spatial, les premiers à atteindre les rivages d’un nouveau monde pour ensuite l’abandonner ? Ou serons-nous, comme Christophe Colomb, le fer de lance d’une nouvelle ère de croissance ? »

Nous ne pouvons donc pas tolérer, après l’amarsissage de Curiosity, un deuxième sabotage de notre destinée spatiale. Nous devons absolument poursuivre sur cette lancée, dans l’intérêt de l’humanité et des autres formes de vie présentes sur notre planète.

Comme Richard Nixon à son époque, Barack Obama menace la poursuite du programme martien avec des coupes budgétaires s’élevant 40 % dès l’an prochain. L’austérité sans fin imposée ici même en Europe pour sauver un système bancaire en banqueroute aura sans aucun doute des effets analogues sur notre budget spatial. C’est pourquoi nous devons, dans l’immédiat, utiliser le principe de Glass-Steagall comme un laser chirurgical pour diviser les banques en deux parties distinctes, pour ensuite nous libérer du poids d’obligations financières sans valeur tout en protégeant l’épargne populaire. Il restera ensuite à dégager la voie pour la mise en place d’un nouveau système de crédit productif public. Un monde de grands projets conduisant l’humanité sur les chemins du futur ne peut pas en effet dépendre de l’épargne existante à un moment donné, mais doit être impulsé par le crédit public, ce « pari sur l’avenir » dont parlait un Louis Armand.