La France prête à saborder son armée sur l’autel de la mondialisation financière ?

mardi 18 décembre 2012, par Christine Bierre

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Introduction

Comme nous avons pu le constater, jamais le moral de l’armée n’a été aussi bas. En cause une conjoncture générale de problèmes majeurs. Problèmes politiques d’abord, et le premier d’entre eux pour un militaire : savoir qui est l’ennemi de la France aujourd’hui. Quelqu’un est-il capable de le définir dans notre pays ? Rôle de la France ensuite dans une OTAN vouée à des guerres coloniales. Devons-nous y poursuivre notre intégration au prix de risquer de perdre non seulement notre autonomie, mais surtout notre âme ? Autre déception majeure pour une France qui avait ambitionné de se trouver à la tête d’une défense européenne, l’absence totale de volonté de défense de nos partenaires, hors le Royaume-Uni.

La défense de la nation a toujours été au centre des préoccupations des républicains authentiques.
Ici l’affiche de 2011 commémorant le centenaire de L’Armée nouvelle de Jean Jaurès, ouvrage clef de la pensée de Jaurès et incontournable élément de notre histoire politique et militaire.

Pénurie sévère de moyens, conséquence des coupes drastiques en hommes et en équipement engagées depuis la décision de la professionnalisation des armées en 1996, et de la réduction brutale des budgets suite à la crise financière et économique de 2007. Cette situation conduit d’ores et déjà l’armée française à l’impossibilité de tenir les contrats qui lui ont été fixés par le Livre blanc de la défense de 2008. Si elle devait perdurer, elle conduirait à des choix existentiels pour notre défense : faut-il choisir entre la force de dissuasion, les armées de projection et les armes conventionnelles ? Faut-il choisir entre notre autonomie et la mutualisation des efforts avec nos partenaires ?

Problèmes sociaux profonds enfin, provoqués par l’ensemble de ces mutations et aggravés par le déraillement du logiciel des paiements de salaires de l’armée, le mal nommé Louvois, qui depuis son entrée en fonction en 2011 met en émoi les personnels en provoquant des retards de paiement des soldes et d’autres frais allant de six mois à un an, pour des milliers des militaires !

Face à tout cela, notre armée est au bord de l’implosion, avec des conséquences graves pour notre défense, mais aussi pour le dernier carré de notre secteur industriel de pointe. Charles de Gaulle a conçu notre défense comme un outil d’excellence mondial, capable d’assurer notre souveraineté nationale face à des superpuissances, grâce à la richesse produite par une économie tirée par un secteur de recherche et des technologies à la pointe du progrès. Saborder notre armée aujourd’hui, comme nous sommes en train de le faire à coup de missions qui ne nous honorent pas et de coupes budgétaires, veut dire mettre en danger aussi ce dernier carré de notre richesse nationale qui se trouve concentré dans le secteur nucléaire, l’aéronautique, l’optique, avec tout ce que cela implique comme perte de puissance au niveau mondial. Les « capacités de l’armée de l’air s’appuient sur une industrie souveraine et à forte plus-value technologique », nous dit le rapport du Sénat. En France, « premier pays aéronautique européen, l’aéronautique militaire représente environ 30 % de ces activités, impliquant 117 sociétés majeures, et 8 milliards de chiffre d’affaires annuel ».

Arrêter ce processus de destruction n’est pas l’affaire des militaires principalement. Il est avant tout celui des politiques. Seule une vraie réforme bancaire – celle que propose Solidarité & Progrès – nous permettra de remettre le contrôle des finances à la collectivité nationale et à la puissance publique, d’organiser au plus vite le retour à une économie industrielle de pointe, pour faire face aux besoins de notre pays et de notre armée.

I. Notre ennemi stratégique, la finance spéculative

Au cœur de la grogne d’un certain nombre de militaires à la retraite et des personnalités politiques qui se pensent comme les héritiers des conceptions républicaines et gaullistes, et notamment de cette idée de l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, et à la mer de Chine, il y a aussi la question de savoir qui est l’ennemi de la France aujourd’hui.

Il est frappant de constater combien au fur et à mesure de notre intégration dans l’OTAN, nous adoptons comme notre ennemi celui de l’OTAN, une organisation depuis toujours sous la domination des politiques d’empire du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Voilà pourquoi les Etats-Unis aujourd’hui ne sont plus gênés par notre présence à leurs côtés, et se montrent même désireux, selon le rapport d’Hubert Védrine sur la France et l’OTAN, de voir la France prendre plus de responsabilités au sein des missions européennes que les Etats-Unis, en plein déménagement vers le Pacifique, ne pourront plus conduire eux-mêmes.

Quelle est l’évaluation du contexte stratégique qui se dégage de plus en plus d’un certain nombre de rapports officiels ? Si la plupart ne croient pas à un retour, du moins immédiat, aux conflits symétriques entre grandes puissances, et définissent les conflits de l’avenir proche comme étant asymétriques, exposant les pays forts à un combat inégal de guérilla dans les pays du Sud, la crainte réelle est bien celle d’un grand conflit à venir avec la Chine et les autres puissances émergentes asiatiques.

Le rapport de la Commission du Sénat sur le format et l’emploi des forces armées post 2014 cite Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères, pour qui nous sommes à « la fin de la domination occidentale de quatre siècles au profit d’un rééquilibrage planétaire avec les pays émergents sur fond de crise économique et financière ». Le leadership des Etats-Unis est « fragilisé », dit-il, « sa position se relativise notamment par rapport à la Chine », sans qu’ils perdent pour autant leur position dominante. Cette fin programmée de la domination occidentale, avertit ce rapport, « n’est pas sans risque de frictions » car elle suppose un mouvement de rééquilibrage de pouvoirs et de prises de responsabilités.

Dans ce contexte « multipolaire », un monde décrit par un rapport de la Direction des Affaires stratégiques comme étant « oligopolaire », l’Europe pourra-t-elle être un des « pôles régionaux », une des « alliances pragmatiques à échelle variable » qui déterminera le cours de choses ?

Si cette analyse est partiellement correcte, deux choses sont choquantes. D’abord l’absence totale d’autocritique sur les raisons ayant conduit les pays occidentaux là où ils sont, et une tendance à s’aligner « naturellement » avec ces pays occidentaux pourtant en pleine déroute économique, politique et morale, dans la course contre ces pouvoirs émergents. Le rapport note bien que l’une des surprises stratégiques de la période a été la crise financière et économique de 2007, mais ne signale à aucun moment que c’est la fuite dans une économie de casino qui nous conduit à notre perte et que c’est dans la solution de ce problème qui se trouve la sortie de crise aussi pour l’armée.

Choquante aussi la façon dont le débat est posé, du seul point de vue des rapports de force, et non comme l’auraient fait un de Gaulle ou un Franklin Roosevelt, du point de vue plus élevé proposant une collaboration autour de grandes causes communes de l’humanité, seule voie pouvant conduire le monde vers une meilleure destinée. Oligopole, ça veut dire après tout pouvoir brutal d’un tout petit nombre sur la grande masse !

Plutôt que de voir que ce contexte de grave crise ouvre à nouveau le jeu mondial et crée la possibilité d’un débat tout à fait salutaire sur les nécessaires réformes à mener dans la zone transatlantique, ce qui transparaît entre les lignes du rapport du Sénat, et aussi ailleurs, est surtout la crainte de déclassement de la France, de l’Europe, de l’Occident, et le besoin de développer une stratégie de contrôle sur les nouveaux enjeux du pouvoir, là où « nos adversaires veulent lutter : l’espace, avec la menace chinoise, le cyberespace ; (…) les lignes de communication comme par exemple la mer de Chine méridionale, les détroits ou les canaux comme Suez ou Panama (…) les ressources, comme les terres rares…  ».

Le rapport propose de remplacer la notion d’arc de crise, allant de la Mauritanie au Pakistan, définie par le Livre blanc de 2008 comme zone centrale des enjeux stratégiques, par le concept d’« aire d’investissements stratégiques majeurs » qui prolongerait l’arc de crise vers l’Est en passant par les détroits de Malacca jusqu’à la mer de Chine méridionale, et d’y inclure aussi des territoires comme l’Arctique.

Pour l’heure, cependant, le seul « crime » qu’on puisse imputer à ces puissances émergentes, est, contrairement à nous, leur volonté d’assurer leur développement économique ! A nous de recréer les conditions de notre propre avenir, en organisant le nécessaire retour à une régulation financière, à une économie productive et à une pensée longue qui, en collaboration avec ces pays émergents, crée les conditions d’un futur pour les générations à naître.

II. Une armée de dissuasion ou une armée de poche ?

L’appauvrissement continuel de notre économie, provoqué par l’abandon d’une perspective industrielle de pointe et par la fuite en avant dans les services et dans les profits financiers à court terme, conduit aujourd’hui notre armée au bord du précipice.

Plusieurs réformes majeures, le passage à l’armée professionnelle en 1996, son dégraissage via la RGPP et le Livre blanc de 2008 avec sa loi de programmation militaire (LPM) 2009-2014, ont réduit l’armée française, un bijou de la haute technologie et des compétences, à ce que certains appellent avec la langue de bois « la juste suffisance », et d’autres moins diplomatiquement une « armée échantillonaire », voire même « une armée de poche ».

L’année 2012 a vu passer les effectifs d’active de l’armée de terre sous la barre de 100 000. A ce jour, on dispose de 80 régiments totalisant 88 000 hommes. Comme le souligne le rapport du Sénat, nous avons une armée « au format de celle de Louis XIV, le plus petit appareil militaire de l’histoire moderne ». Plus prosaïque, l’amiral Guillaud compare ces effectifs à ceux de la RATP, alors que le général Irastorza ironise sur le fait qu’« il y a plus de canons devant les Invalides que dans l’armée française » !

Donnons d’abord une idée de la contraction brutale subie par l’armée depuis 1996. Depuis la fin de la conscription, l’armée a connu une baisse de 50 %, et dans la seule période 2009-2014, elle a perdu 54 000 personnes. En 10 ans, l’armée de terre est passée de 11 000 à 7000 poids lourds, de 400 à 254 chars, de 250 à 135 canons, de 600 hélicoptères à 330.

Entre 2009-2014, l’armée de l’air a perdu, elle aussi, 25 % de ses effectifs, passant de 66 000 à 50 000. L’aviation de combat a été réduite de 30 % et 6 escadrons de chasse ont été fermés ainsi que 8 bases aériennes en Métropole et 4 en Outremer. (Voir graphique)

Quant à la marine, elle est passée de 70 000 en 1996 à 35 000 effectifs aujourd’hui. 19 bâtiments ont été retirés du service actif entre 2009 et 2012, dont 15 n’ont pas été remplacés et il n’est plus du tout question d’un deuxième porte-avions.

Ces coupes budgétaires ne sont pas près de s’arrêter. Déjà un écart de 4 milliards d’euros est prévu entre 2011 et 2013, et la Défense n’étant pas parmi les 3 ministères devant bénéficier de crédits de croissance, les réductions se poursuivront.

Or, de l’avis général, toute coupe supplémentaire menacerait désormais l’équilibre extrêmement ténu d’une armée de grande qualité, mais parvenue au bout des possibilités de ce critère de « juste suffisant ». Exemple du problème, il n’y a plus qu’un seul régiment de drones, un seul régiment d’artillerie sol-air, un seul régiment lance-roquettes unitaires dans l’armée de terre. Quant à l’armée de l’air, elle n’a plus de moyens de faire taire une batterie anti-aérienne.

En juillet dernier, la Cour des comptes tira la sonnette d’alarme : l’armée française n’est plus en mesure de remplir « les dimensions les plus exigeantes des contrats opérationnels conventionnels, fixées par le Livre blanc de 2008 ». Notons ici que les déclarations de la Cour ne concernent pas les fonctions de la force de dissuasion nucléaire, mais seulement des exigences imposées aux déploiements des opérations extérieures (OPEX).

Le contrat opérationnel de trois armées exige qu’elles puissent se projeter dans un théâtre distant de 8000 km, mais ni l’armée de terre ni la marine ne sont en mesure d’assurer actuellement ces contrats. L’armée de terre devait pouvoir déployer une force de 30 000 hommes avec un préavis de 6 mois pour une durée d’un an. La Cour signale cependant des difficultés à avoir des pièces détachées et des munitions, pouvant fragiliser l’engagement dans la durée, ainsi que les contraintes logistiques de l’outil industriel et le manque de moyens financiers pour constituer des stocks importants en amont de l’engagement, pouvant créer des tensions sur les délais dans la phase de montée en puissance.

La Marine éprouve les mêmes difficultés. Son contrat opérationnel prévoit le déploiement du « groupe aéronaval (…) avec son groupe aérien complet et les frégates d’escorte et les sous-marins nucléaires d’accompagnement » ainsi que celui « d’un ou deux groupes navals, amphibie ou de protection du trafic maritime, avec leur soutien logistique » pour des « missions d’intervention et de présence ». Le tout en gardant une capacité d’intervention pour des missions ponctuelles d’évacuation de ressortissants ou de contre-terrorisme.

Or, pour la Cour, « la simultanéité de tenue des contrats opérationnels pour le groupe aéronaval, le groupe amphibie et le groupe d’action navale n’est plus envisageable à tout moment ».

Seule l’armée de l’air, dont le contrat est de projeter 70 avions de combat, auxquels s’ajoutent les appareils de soutien opérationnel associés ainsi que les « moyens de commandement, de conduite, de détection et de contrôle aérien associés et jusqu’à deux bases majeures simultanément », s’en tire à bon compte.

La Cour revient cependant sur les problèmes de ravitaillement en vol, avec des avions (C-135) qui ont près de 50 ans de service, et le transport aérien tactique, les C-160 Transall et C-130 Hercules devant être remplacés par l’A400M Atlas à partir de 2013.

Faut-il choisir entre dissuasion et projections extérieures ?

La contraction budgétaire de nos armées est telle qu’elle menace désormais les choix stratégiques faits par les gouvernements se succédant depuis la première guerre du Golfe en 1990/1991, notamment le choix de doter l’armée de capacités de projection.
Le général de Gaulle a doté la France d’une force de dissuasion nucléaire lui permettant de défendre le territoire national et ses dépendances, mais aussi, par la puissance de son armée, de son industrie, et par la hauteur de ses vues, de faire jouer à notre pays, puissance moyenne, un rôle de premier plan dans les affaires du monde.

Le général de Gaulle saluant la « Grande Muette »
theatrum-belli.com

C’était l’époque où grâce à la volonté de résistance du général de Gaulle, le déploiement de l’OTAN était strictement confiné à la zone de l’Atlantique Nord et où l’on savait que projection rimait avec colonisation. Jamais le Général n’aurait accepté la constitution d’une force de projection où la France aurait été embarquée dans des opérations coloniales montées par l’Empire anglais et ses alliés américains.

Jusqu’à présent, les gouvernements ont pu maintenir les dépenses à la fois dans la force de dissuasion et pour les opérations extérieures et les équipements conventionnels. Poursuivre dans les coupes obligerait l’armée à choisir entre une force de dissuasion représentant 10 % du budget de la défense (4 milliards), 20 % de crédits d’investissements et plus de 20 % de la Recherche et Développement, et les coûts non négligeables de la projection et d’autres programmes de modernisation. Selon un rapport du ministère de la Défense daté du 17 novembre 2011, portant sur les surcoûts des OPEX, les coûts de la projection sont tout de même considérables. En 2011, pas moins de 11 000 hommes ont été mobilisés dans ces déploiements et leur coût moyen s’est élevé à 511 millions d’euros par an en 2000-2001, et à 624 millions d’euros en moyenne entre 2002-2006, soit une hausse de 22 % par rapport à 2000-2001. Pour la période 2007-2011, en retenant l’hypothèse médiane du gouvernement d’un coût de 325 millions d’euros pour l’opération Harmattan, en Libye, le coût annuel moyen des OPEX s’élèverait ainsi à 894 millions d’euros, en hausse de 75 % par rapport aux années 2000 et 2001.

De plus, ces guerres de projection, après une première phase d’élimination de l’adversaire, deviennent des conflits asymétriques, où, disons-le clairement, les populations se mobilisent pour chasser l’occupant. Or, le type de combat qu’engagent les armées occidentales dans ces situations est comparable aux techniques de contre-insurrection développées par David Galula en Algérie : il s’agissait d’aller chercher les opposants, maison par maison, dans des zones soit urbaines, soit rurales. Aujourd’hui, à ce type de guerre (qui est toujours, par sa nature même, une « sale » guerre) s’ajoutent tous les moyens de la haute technologie : drones d’observation pour dénicher les terroristes, drones tueurs pour les abattre, lunettes de ciblage à l’infrarouge du type Félin, permettant de tirer jour et nuit et de dénicher des cibles jusqu’à 400 mètres, programme Scorpion destiné à moderniser l’armée de terre, nouveaux blindés, chars, système de communication centralisé et mettant en réseaux tous les éléments du déploiement, sur mer, terre et air. Tout cela coûte extrêmement cher : Félin, 25 000 euros par combattant, drone SDTI, 1,5 milliard, hélicoptère tigre, 25 millions, etc.

L’armée française reste un des derniers carrés de la haute technologie
Vision thermique, télémètre, pointeur laser, GPS et compas magnétique, intensification de lumière…, les moyens d’observation et de détection dont dispose l’armée de Terre sont de plus en plus performants. Ici des soldats du 1er RI équipés du système Félin (Fantassin à équipements et liaisons intégrés).
Sirpa Terre

Et tout cela pour quel résultat ? Le rapport du Sénat note combien le bilan des guerres en Irak et en Afghanistan montre les limites de cette puissance. La plus forte coalition militaire de tous les temps n’est parvenue qu’à des résultats tactiques ambigus face à quelques milliers d’insurgés, alors même que le différentiel technologique est immense entre les adversaires !

L’intégration de notre armée dans l’OTAN nous oblige à suivre des normes dans les équipements, notamment des investissements dans la haute technologie qui coûtent excessivement chers. Ces exigences et les sur-spécifications demandées aux producteurs d’armement renchérissent massivement les coûts des armements, et pour suivre, l’armée est obligée de réduire son format. D’où l’accusation d’armée « échantillonaire ».

Mettre fin aux projections

Pour des raisons politiques, nous défendons, avec Jacques Cheminade, l’arrêt pur et simple des opérations de projection. Il nous faut garder uniquement les forces nécessaires pour garantir les accords que nous avons signés souverainement avec nos alliés, ou pour mener des opérations stratégiques pour la nation, du type de celle que nous avons menée au Mali. Ceci nous permettra, y compris en ces temps de crise, de dégager des marges pour concentrer nos efforts dans la modernisation d’un outil destiné à notre seule défense nationale et au rayonnement de notre puissance grâce à notre force de dissuasion nucléaire.

Il nous faut aussi nous préparer aux armes de la prochaine génération : les énergies dirigées (lasers, faisceaux de particules), et notre pays est bien placé en optique pour être dans le peloton de tête de cette course. Ces systèmes se développent sûrement. La ligne officielle veut qu’ils ne soient pas utiles contre des missiles stratégiques, car les boucliers anti-missiles n’étant pas étanches, il suffit de lancer une grande quantité des missiles pour en faire passer un. Mais il arrivera un moment où ces systèmes deviendront de plus en plus performants, et où produire autant de missiles deviendra ruineux. De plus, à terme, les équipements laser deviendront des éléments essentiels dans le dispositif permettant de faire face à la menace d’astéroïdes.

L’armée ne doit plus être la variable d’ajustement de la crise financière

Beaucoup de militaires ont l’impression, à juste titre, que l’armée est devenue la variable d’ajustement des programmes d’austérité en cours, que du fait que chez la Grande Muette, il n’y a pas de syndicats, les politiques en profitent pour imposer des coupes qui seraient refusées partout ailleurs.

En effet, Le Livre blanc de la défense de 2008 a déjà acté une baisse d’effectifs de 54 000 entre 2009 et 2014, et rien que pour l’exercice 2013, sur les 12 298 suppressions d’effectifs de la fonction publique, 7234 toucheront l’armée !

Dans ce contexte de contraction brutale d’effectifs, deux autres problèmes sont devenus particulièrement sensibles. D’abord le logiciel Louvois qui, depuis 2011, est incapable de gérer le paiement des soldes des militaires. Résultat : soldes non versés, ou versés avec 6 mois à un an de retard, frais de déménagement non remboursés, indemnités de campagne non perçues, et une précarisation générale des familles dont certaines n’ont pas hésité à aller jusqu’à manifester. Le ministère reconnaît 10 000 dossiers non traités rien que pour l’armée de terre, mais certains prétendent que le chiffre réel pourrait concerner plus de 100 000 militaires !

Autre dossier sensible, le gel des avancements de 30 % annoncé par le Premier ministre au ministère de la Défense, dans une lettre de cadrage en septembre dernier. Cela revient à plus d’augmentation de salaire du tout pour un tiers des militaires. « Quelle administration accepterait qu’on lui dise : l’an prochain, c’est moins 30 % ? Tout le monde serait dans la rue », déclara à L’Express du 7 novembre l’amiral Guillaud, chef d’état-major des armées.

Notons enfin que 65 % d’entre eux sont embauchés sous contrat à durée déterminée pour une durée moyenne de six à sept ans.

Les propositions phares de Solidarité & Progrès

  • Une armée professionnelle entourée de conscrits. Six mois de conscription, dont un mois de formation militaire élémentaire et le reste, au choix, dans un service civique ou dans la défense opérationnelle du territoire (DOT).
  • Abandon de la projection massive hors zone et recentrage sur la défense du territoire, avec notre force de dissuasion et les moyens les plus avancés de l’époque.
  • Rompre l’accord de Lancaster car « il est imprudent et immoral de se trouver en partenariat avec un gouvernement protecteur de la City de Londres et opérant pour les intérêts de l’Empire britannique ». (Jacques Cheminade)
  • Retrait de l’OTAN si notre voix, républicaine, n’est pas entendue.
  • Arrêter net la privatisation des fonctions militaires.
  • Assurer notre indépendance en étant à l’avant-garde technologique : notamment dans les domaines des armes à énergie dirigée et celui des moyens de renseignement spatiaux, de guidage et d’alerte antimissile.