Brèves

LaRouche et les défis post-électoraux

mardi 16 novembre 2004

Comment la population américaine peut assurer son salut, et celui du monde, après la réélection de George W. Bush - tel fut le thème central abordé par Lyndon LaRouche lors de sa conférence internet du 9 novembre à Washington. (Enregistrement audiovisuel et transcription de la conférence sont disponibles en anglais sur le site larouchepac.com.)

La présentation de LaRouche comportait trois parties. S’ouvrant sur l’interprétation du motet de Bach, Jesu meine Freude, par une chorale du mouvement des jeunes larouchistes (LYM), elle fut suivie des remarques de LaRouche sur le rôle que la musique classique a joué dans les interventions du LYM pendant la campagne présidentielle et, plus généralement, sur son importance dans le développement d’une culture véritablement humaine, dans la mesure où cette musique, notamment celle de Bach, repose précisément sur la qualité de l’être humain qui le différencie de l’animal.

LaRouche a ensuite analysé la tragédie que la réélection de Bush-Cheney risque de devenir si on leur laisse le champ libre. En ce sens, il expliqua le fanatisme forcené et le racisme des « sionistes chrétiens », ainsi que l’irrationalité qui a poussé tant de républicains à voter, contre leurs propres intérêts, en faveur du Président sortant.

Enfin, LaRouche a indiqué l’alternative, insistant sur la campagne que le LYM doit mener aux Etats-Unis, notamment en inspirant et éduquant la population. Cette campagne doit être centrée d’une part sur la question économique, faisant appel à la technologie de l’animation informatique pour illustrer le développement à long terme des processus économiques, et d’autre part, sur la musique et la science pour élever l’esprit des gens. Grâce à ces méthodes positives, conclut LaRouche : « Nous devons mobiliser, d’ici l’inauguration du Président, de telle sorte qu’il y ait une assemblée bi-partisane d’hommes et de femmes de caractère qui soient prêts à intervenir, au Congrès, pour éviter que le pire n’arrive. En ce moment, c’est la seule chance de survie pour les Etats-Unis.

« Une part essentielle de notre travail, du mien en particulier, consiste à montrer clairement qu’il existe des alternatives politiques à la grande dépression mondiale en cours. C’est possible. Si les gens croient qu’il n’y a pas d’alternative, ils vont se décourager et tenteront de s’y adapter plutôt que de chercher à l’empêcher. Nous devons donc convaincre les gens raisonnables, qui sont influents dans leurs communautés, qu’il existe des solutions politiques économiques à nos problèmes. (...)

« Nous devons mettre en avant le côté positif, et le côté « spirituel « , mais dans le VRAI sens du terme, pas dans le sens de remèdes miracles et de charlatans que proposent les fondamentalistes. Le vrai sens, c’est que l’homme est fait à l’image du Créateur, et il faut le respecter à ce titre, il faut développer cette qualité. Ceci doit nous inspirer de la considération pour tous les autres êtres humains. C’est sur cette base que les nations doivent coopérer et que les cultures doivent se développer . »

L’obstruction électorale des républicains

Lors de ce même webcast, LaRouche a accusé les républicains qui ont pratiqué de l’obstruction électorale avant et pendant l’élection présidentielle du 2 novembre de s’être rendus coupables de violation de la loi sur les droits civiques et de la Constitution américaine. Il s’agit, dit-il, « en termes de droit constitutionnel, d’un coup d’Etat à froid contre la Constitution des Etats-Unis ».

Concernant la fraude et les irrégularités commises lors de cette élection, LaRouche a estimé que les républicains ont profité du fait que le Parti démocrate n’avait pas mobilisé en profondeur les 80 % de la population aux faibles revenus, préférant se concentrer sur une petite marge d’« indécis » parmi son électorat habituel, plutôt aisé, alors que pour neutraliser la fraude planifiée par les républicains, il aurait fallu que les démocrates organisent la base en vue de provoquer un raz-de-marée. Seules les forces autour de LaRouche ont mené une telle mobilisation.

Par conséquent, le Parti démocrate s’est fait avoir, ne soupçonnant pas les opérations criminelles que le Parti républicain mettait en place.

Empêcher les électeurs de voter ou s’arranger pour ne pas compter certains bulletins de vote constituent évidemment une violation de la loi sur le droit de vote. LaRouche a proposé d’enquêter aussi sur des crimes secondaires commis, par exemple, par le secrétaire d’Etat de l’Ohio Kenneth Blackwell, un Afro-Américain républicain, qui a pratiquement déclaré qu’il était « chargé de l’obstruction électorale ». « Ceci constitue une violation du droit fédéral que je recommande de poursuivre, parce qu’un coup d’Etat a été perpétré contre le peuple américain et la Constitution », dit LaRouche.

Dans plusieurs Etats, les républicains ont mené des opérations d’obstruction électorale, parfois avec l’aide du ministère de la Justice de John Ashcroft. Mais l’Ohio reste l’Etat où les irrégularités ont été les plus flagrantes et les plus massives.

Il reste encore 250 000 à 300 000 bulletins à décompter dans l’Ohio, mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. A cela, il faut ajouter les efforts systématiques pour empêcher ou décourager des électeurs démocrates, en particulier des Afro-Africains, de voter. Quelques exemples :

  • Dans de nombreuses villes, des électeurs démocrates ont reçu un coup de téléphone leur annonçant à tort que l’adresse de leur bureau de vote avait changé ou encore que le taux de participation attendue était si fort que les républicains devaient voter le mardi et les démocrates le mercredi !
  • Dans le comté de Lake, des électeurs nouvellement inscrits ont reçu une lettre d’allure officielle, à en-tête du Bureau des élections, leur informant que s’ils s’étaient inscrits sur les listes électorales par le biais du NAACP, de l’organisation Americans Coming Together, de la campagne de Kerry ou d’une campagne législative locale, cette inscription était peut-être illégale et qu’ils ne seraient pas autorisés à voter avant la prochaine élection. Le shérif local a ouvert une enquête sur ces lettres frauduleuses.
  • En septembre, Blackwell avait modifié la procédure habituelle concernant la remise des bulletins de vote provisoires, décidant que seuls y auraient droit les électeurs se rendant au bureau de vote de leur quartier. (Un bulletin provisoire est remis à ceux qui se présentent sans preuve de leur inscription sur les listes et devra être, le cas échéant, validé par la suite.) Cette modification a eu pour effet de priver du droit de vote des dizaines de milliers d’électeurs qui ont déménagé ou ne connaissaient pas les limites exactes de leur circonscription. Deux juges fédéraux ont déclaré que l’ordre de Blackwell était en violation de la loi sur le vote de 2002, en vertu de laquelle il suffit d’habiter le comté en question pour pouvoir bénéficier d’un bulletin provisoire. Or, à la veille de l’élection, la cour d’appel de Cincinnati a cassé ces deux décisions, rétablissant l’ordre de Blackwell.

    Ce dernier avait aussi tenté de bloquer de nouvelles inscriptions électorales en sommant les fonctionnaires concernés de n’accepter que les inscriptions faites sur du papier cartonné épais. Mais il fut obligé d’abroger cet ordre après de fortes protestations.

Par ailleurs, les républicains avaient annoncé leur intention de contester la validité des 35 000 électeurs démocrates nouvellement inscrits, mais les tribunaux bloquèrent ce projet raciste, visant avant tout les Afro-Américains. Ensuite, les républicains ont décidé de déployer le jour du scrutin 3500 personnes dans des bureaux de vote de quartiers fortement démocrates afin de vérifier l’identité des électeurs en même temps que les fonctionnaires. La Cour fédérale a jugé illégale cette action, mais, là encore, la cour d’appel renversa la décision.

Cependant, devant une telle vague de contestation, les républicains ont cherché d’autres tactiques. On déplorait notamment un manque flagrant de machines à voter dans les quartiers démocrates et afro-américains, si bien que beaucoup d’électeurs ont dû faire la queue pendant trois ou quatre heures, voire sept heures dans certains cas, avant de pouvoir voter. Par contre, dans les banlieues blanches autour de Colombus par exemple, l’attente n’était que de vingt minutes en moyenne.

De nombreux militants demandent un décompte total des voix, et peut-être même un recomptage. Ceci concernerait environ 155 000 bulletins provisoires, un nombre inconnu de votes par correspondance et au moins 92 000 bulletins de vote écartés pour avoir été incorrectement remplis ou, dans le cas des fameuses cartes perforées, si la perforation n’étaient pas usffisamment marquée. Et cela ne concerne que les gens qui se sont effectivement rendus aux urnes. Si l’on prend en compte les divers motifs invoqués pour refuser des inscriptions, le retard dans l’envoi des bulletins par correspondance ou les files d’attente insupportables, la fraude est encore bien plus massive.